Paris Gay

Publié le 11 Février 2012

"De plus en plus, saphisme et pédérasterie s'étalent avec une cynique impudeur dans les lieux publics et pénètrent dans les demeures austères et sévèrement gardées des bourgeois d'hier." - Georges Anqueth, dans Satan conduit le bal, 1925


Paris comptait quelques pionniers célèbres comme Marcel Proust, Gide, Jean Cocteau, ainsi qu'une foule de mauvais garçons et d'homosexuels anonymes qui tous les ans, à la Mi-Carême, se rendaient au bal de Magic City. Cette période de Carnaval de Paris, appelée aussi fête des blanchisseuses, est, avec la Promenade du Bœuf Gras, une des deux grandes fêtes du Carnaval de Paris. La fête de la Mi-Carême paraît être une spécificité d'origine française, au point qu'au Brésil on appelle micareta une fête carnavalesque se déroulant en dehors de la période traditionnelle du Carnaval. La plupart des bars et des boîtes de nuit dans lesquels les gays se rencontraient étaient situés à Montmartre, Montparnasse ou sur les Champs-Elysées. Les lesbiennes se retrouvaient en garçonne au Sphinx, au Monocle, situé boulevard Edgar Quinet, ou au Fétiche à Montmartre.

William_Butler_Yeats-_Marc_Allegret-_Andre_Gide_by_Lady_O.jpg

Paris dans les années 1920

Le bal de Magic City : rue Cognacq-Jay
20-MagicCity.jpg
Ce bal fut la manifestation la plus célèbre de l'entre deux guerre dans cette ville, et ce jusqu'en 1939.

L'entre deux guerre va être à Paris une sorte d'âge d'or pour les homosexuels. Après quatre ans de guerre, le besoin de s'étourdir est dans tous les esprits. Paris va ainsi connaître les Années folles, qui pour les homosexuels resteront synonymes d’une relative liberté et de réjouissances débridées, comme le fameux bal de Magic-City. Pour la première fois, ils ne sont plus réduits à ne fréquenter que les pissotières ou les bordels à garçons pour se rencontrer. Le Paris Gay des années 1920 et 30 va se concentrer à Montmartre. Cafés, bars, restaurants, cabarets, cafés concerts, bals, dancing, cinémas, salons littéraires, music-hall, ce ne sont pas les lieux qui vont manquer, et il y en aura pour tous les publics : prolétaires, bourgeois, aristocrates, intellectuels, voyous, travestis, efféminés, forts des halles...

A la mi-carême, se rassemblaient des homosexuels venus du Tout-Paris, de province et de l'étranger également.

Dans la célèbre chanson le trou de mon quai, petite chanson métropolitaine, alors interprétée en 1928 par Dranem, l'histoire relate un homme pris de passion pour les travaux effectués en bas de chez lui par de beaux ouvriers. Cette chanson a été écrite par Paul Briollet et Jules Combe, et composée par Désiré Berniaux. Cette chanson fait des allusions à l'homosexualité.

05-511913.jpg

Description : Couples d'hommes déguisés dansant. Prise de vue réalisée à Paris, 75007 Auteur : Brassaï (dit), Halasz Gyula (1899-1984)

Suzy Solidor

Suzy Solidor, de son vrai nom Suzanne Louise Marie Marion, est une chanteuse, actrice et romancière française, née le 18 décembre 1900 à Saint-Servan-sur-Mer et morte le 30 mars 1983 à Cagnes-sur-Mer. Figure emblématique des années 1930, symbole de la garçonne des « Années folles », elle a contribué à populariser auprès du grand public le milieu homosexuel parisien, célébrant dans plusieurs de ces chansons les amours lesbiennes (OuvreObsession, etc.). 

Les Invertis

L'histoire du Paris gay. C'est également le sujet du nouveau documentaire de Thierry Benamari et Antoine Capliez, le duo de Plus rose ma ville. Une balade de 26 minutes. Ce film documentaire survole rapidement la période située avant le XXe siècle pour évoquer l'évolution de l'homosexualité dans la Capitale des années 1920 à nos jours. Pour Les Invertis, les réalisateurs conte l'histoire et l'évolution des quartiers gay parisiens. De l’Opéra à la Rue Sainte-Anne, de la drague dans les toilettes publiques aux bars ouvertement homos, on remonte dans le temps.

Contributions

 

Bibliographie

  • Gilles BARBEDETTE et Michel CARASSOU, Paris Gay 1925, presse de la Renaissance, 1981
  • Didier ERIBON, Dictionnaire des Cultures Gays et Lesbiennes, Larousse, 2003
  • Florence TAMAGNE, Revue d'Histoire moderne et contemporaine, Ecrire l'histoire des homosexualités en Europe : XIXe - XXe siècles. tome 4, Editions Belin, 2006
  • Jean-Louis CHARDANS, British group of sexological research, History and antology of homosexuality, histoire et anthologie de l'homosexualité, Centre d'Etudes et de Documentations Pédagogiques Paris, 1970
  • Pierre DELCOURT, Le Vice à Paris, Edition A. Piaget, Paris 1887.
  • Le Crapouillot, Les homosexuels, N° 30

Liens internet

 

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #culture gay, #Gay

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
J'aime cette époque, je me lance dans une série d'illustrations sur les chansons de Dranem : http://drawingwithmyfrienddick.blogspot.fr/2017/05/surprise-le-trou-de-mon-quai.html
Répondre
L
<br /> « Je me reproche, par exemple, de<br /> n’avoir pas parlé des vespasiennes. Avant guerre et même longtemps après, il y avait des vespasiennes, c’est-à-dire des urinoirs, partout dans Paris. Des biplaces, des en longueur, des<br /> rondes...<br /> <br /> Pour les jeunes de ma génération,<br /> c’était très bien. On était habitués, dès qu’on avait une envie, d’en trouver une très proche. Maintenant, pour pisser tranquillement, il faut aller consommer dans un bistrot.<br /> <br /> Et c’était un lieu important pour<br /> les homosexuels. Il y avait la célèbre vespasienne du boulevard Raspail, pas loin de chez Gallimard, qui était très gay, comme on ne disait pas encore à l’époque, et très littéraire. Quand<br /> j’étais adolescent, il y avait parfois une main indiscrète... Je n’étais pas très content. »<br /> <br /> Edgar Morin raconte un siècle de<br /> Paris > http://bit.ly/162Dhtv<br />
Répondre