Pérou - Les pouvoirs des rondes paysannes lorsqu'elles rendent la justice.
Publié le 16 Juin 2021
Les Rondas Campesinas (« rondes paysannes ») désignent des organisations de défense apparues dans les années 1960 dans les régions rurales du nord du Pérou. Ces patrouilles communautaires constituent aussi une alternative de justice, voire des organisations paramilitaires durant le conflit armé péruvien des années 1980-1990. Ses membres sont appelés « ronderos ». Leurs principales fonctions est de patrouiller les sentiers, les routes, les pâturages et les champs ; l'objectif principal de ces groupes et mettre fin aux vols causés par le vol du bétail et les petits larcins.
/image%2F1043068%2F20210616%2Fob_25c8c0_rondas-campesininas.jpg)
Définition
La dénomination de Rondas Campesinas désigne trois organisations distinctes :
- la ronde paysanne autonome en tant qu'organe politique de la communauté ;
- la communauté paysanne légalement reconnue, qui dispose parfois aussi d'un cercle paysan qui la soutient et complète ses fonctions avec l'administration de la justice1 ;
- les comités d'autodéfense (Comités de Autodefensa)2, créés à l'initiative des forces armées dans sa stratégie de lutte contre-subversive contre le Sentier lumineux et le MRTA, étant ainsi parfois considérés comme des organisations paramilitaires.
Si les rondes paysannes sont surtout formées d’hommes, il existe aussi des rondes de femmes3.
Les Rondas Campesinas, en tant qu'organes de justice des communautés paysannes, ont pour base légale la Constitution du Pérou, en son article 149, qui stipule : Les autorités des communautés paysannes et indigènes, avec le soutien des Rondas Campesinas, fonctions dans son champ d'application territoriale conformément au droit constitutionnel, à condition qu'elles ne violent pas les droits fondamentaux de la personne4.
/image%2F1043068%2F20210616%2Fob_1dece6_e427b-destacado1.jpg)
Historique
Dans les années 1960, les vols de bétail sont très fréquents dans la région de Cajamarca, conduisant les paysans à rester éveillés la nuit pour surveiller les cheptel. Avec la disparition des haciendas (exploitations agricoles de grande dimension) en 1969, les autorités deviennent absentes des campagnes, ce qui favorise l’émergence de vagues de banditisme et conduit les paysans à organiser leur protection et à maintenir la sécurité des habitants de la campagne. Ces missions perdurent par la suite5. Les patrouilleurs sont stationnés à différents points stratégiques du territoire communal et surveillent à tour de rôle la zone pour tout mouvement suspect. Ils ont le droit d'interroger les personnes qui passent par cet endroit, de les interroger et de les conduire à la "Casa rondera" en cas de non-obtention d'une réponse satisfaisante. La maison rondera est le lieu où les ronderos passent la nuit et se réunissent, ils ne perçoivent aucun salaire.6.
Durant le conflit armé péruvien, les Rondas Campesinas combattent le Sentier lumineux dans le nord du pays, ainsi que le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA). Les organisations jouent un rôle significatif dans la défaite de ces deux mouvements, en les privant d'accès aux villages ruraux et dès lors de soutien logistique. À la fin du conflit, une majorité de combattants réintègrent leur communauté sans se mettre au service d'autres acteurs impliqués dans des activités illicites.
Pendant la crise sanitaire du Covid-19 dans les hautes terres des régions de Piura, Lambayeque et Cajamarca les rondas se mobilisent pour empêcher l'afflux de personnes qui pourraient être porteuses du virus. Les patrouilles collaborent dans la mesure du possible avec la police et les responsables de la santé, mais une grande partie de leur travail se font de manière autonome7.
L'un des ronderos de Cajamarca est Pedro Castillo, l'enseignant d'une école rurale qui est né et vit dans cette région, qui a gagné les élections générales péruviennes de 20218.
/image%2F1043068%2F20210616%2Fob_ff2544_rondero.jpg)
Notes et références
- (es) Valentin Chillihuani Ttito, « Las rondas campesinas del Perú una alternativa de justicia en las zonas rurales alto andinas, el caso de Ocongate un distrito rural del departamento del cusco 1992-2011 », Horizonte de la Ciencia, vol. 10, no 18, (ISSN 2413-936X, DOI 10.26490/uncp.horizonteciencia.2020.18.429, lire en ligne [archive], consulté le 16 juin 2021)
- Emmanuelle Piccoli, « Las rondas campesinas y su reconocimiento estatal, dificultades y contradicciones de un encuentro: un enfoque antropológico sobre el caso de Cajamarca, Perú », Nueva antropología, vol. 22, no 71, , p. 93–113 (ISSN 0185-0636, lire en ligne [archive], consulté le 16 juin 2021)
- « Federacion de Rondas Campesinas Femeninas de Cajamarca Pequeños Creditos Campesinos » [archive], sur gdrc.org (consulté le 16 juin 2021).
- Eudocia Belserima Novoa Rabanal, « Las facultades de las rondas campesinas cuando administran justicia, caso de Porcón bajo » [archive], sur alicia.concytec.gob.pe, (consulté le 16 juin 2021)
- Emmanuelle Piccoli, « Las rondas campesinas y su reconocimiento estatal, dificultades y contradicciones de un encuentro: un enfoque antropológico sobre el caso de Cajamarca, Perú », Nueva antropología, vol. 22, no 71, , p. 93–113 (ISSN 0185-0636, lire en ligne [archive], consulté le 16 juin 2021)
- (es) « Las rondas campesinas, garantes de la justicia ambiental frente a las políticas extractivistas en Perú » [archive], sur ArchivoRevista Ideele (consulté le 16 juin 2021)
- (en-GB) May 9 et 2020 | Health, « The rondas campesinas: the role of civil society in controlling Cofid-19 » [archive], sur Peru Support Group, (consulté le 16 juin 2021)
- « Rondas campesinas, las patrullas comunitarias de Perú que integra Castillo » [archive], sur France 24, (consulté le 16 juin 2021)
Bibliographie
- (en) Orin Starn, Nightwatch: The Politics of Protest in the Andes, Duke University Press, 1999 (ISBN 0-8223-2321-4).