Dahmane El Harrachi

Publié le 11 Décembre 2007

 


Portrait de Dahmane El Harrachi par Mustapha Boutadjine, graphisme-collage, Paris 2002. 

 

Abderrahmane Amrani  - mieux connu sous son nom de scène Dahmane El Harrachi (دحمان الحراشي)-, (né le 7 juillet 1925, à El-Biar - décédé le 31 août 1980) est un musicien, chanteur, parolier et compositeur algérien de musique chaâbi. Il obtint un succès mondial à travers le célèbre Ya Rayah (le Voyageur), une chanson qui a notamment été reprise par une multitudes d'artistes dont le chanteur Rachid Taha.

Le parcours artistique du chanteur est empruntée de sa propre expérience de la vie en traduisant dans ses chansons toutes les déclinaisons de l'Immigritude. Ya Rayah a fait le tour du monde et a été traduite en plusieurs langues tout en gardant la même mélodie.

Dans son oeuvre qui compte environ 500 chansons, il a su résumer le cours de la destinée de toute une génération en exil. en touchant à tous les thèmes qui touchent à la société algérienne. Il a chanté l'amour, l'amitié, l'espoir, les rapports humains, la famille, et toutes les vicissitudes de la vie humaine.

Avec El Harrachi, c'est la mélodie qui prime avec néanmoins une légère coloration occidentale. L'exemple de la chanson ya rayah est très édifiant à ce propos, bien que composée dans le mode musical Sahli , il a su lui donner un cachet universel. 

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Les rêves inachevés d'un homme jaloux de sa liberté

Biographie

Né dans le quartier de La Fontaine Fraîche situé en banlieue algéroise, d'origine chaouiedu village de Djellal par son père qui était le muezzin de la Grande Mosquée d'Alger, le chaâbi de Dahmane est puisé du vécu de la société à l’image du poète Kaddour El Alami qui avait fondé la zaouia soufi Alamiyyin à Meknès qui est devenue la zaouia du Melhoun la plus répandue. Les chansons les plus connues sont: "El Farradjia" (connu aussi sous le nom de "Ya Krim") et la connue en Algérie sous le nom "El meknassiaappelée au Maroc, "dar sidi Qadour", un chef d'œuvre impérissable du melhoun.

Déjà enfant, il se plaisait à jouer avec virtuosité au banjo. Son doigté musical suscita l'admiration de ses aînés.

Adolescent, il exerce divers métiers dont la cordonnerie et pendant sept ans, celui de receveur de tramway. C'est au cours de cette période qu'il entame ses débuts musicaux, intégrant une troupe d'amateurs qui tourne dans toute l'Algérie. Il a donné au banjo et au mandole une harmonie, un phrasé, des accentuations propres à lui et qui le distinguent des autres.

Sa voix rocailleuse est chantée avec justesse se prête très bien à son répertoire brossant les thèmes de la nostalgie du pays dans la diaspora, les souffrances de l’exil, l’amour de la patrie et la passion pour sa ville natale.

Dahmane El Harrachi émigre en 1949 en France qui lui inspire un grand nombre de ses chansons nostalgiques de son répertoire comme Bahdja beidha mat’houl (ce qui signifie en Français : Bahdjja la blanche qui ne se fâne jamais). 

Il a enregistré son premier 45 tours, intitulé - Bahdja Beida ma t'houl - en 1956 chez Pathé Marconi et la sortie de sa chanson Kifache nensa bilad el khir (comment pourrai-je oublier le pays de l'abondance) a coincidé avec l'élaboration de la plate-forme de la Soummam. A cette époque cruciale de la colonisation, il n'était pas aisé de composer une oeuvre de cette envergure.

Dahmane el Harrachi s'est très vite forgé son propre style et du coup, modernisé le chaâbi algérois. Sa voix rocailleuse savait accrocher et émouvoir l'âme du public. C'est aussi grâce à ses paroles sans ambages et sa musique mélodieuse que ses chansons ont conquis les coeurs. C'est l'un des plus grands interprètes de chanson sociale au monde.

Il y a chez lui, l'absence de cette propension hypocrite à prétendre puiser dans le "trésor des ancêtres ", celui des vieux poètes maghrébins.

Il a été découvert sur le tard par la nouvelle génération, El-Harachi a eu droit à sa première grande scène lors du Festival de la Musique maghrébine qu'il s'est tenu à la fin des années 70 à la Villette.

Quelques mois avant sa mort accidentelle, la télévision algérienne lui avait consacré un film intitulé Saha Dahmane, réalisé par Salim Benkadi, qui le révèle davantage au public. A travers cette production qui retrace les pérégrinations d’un émigré venu passer des vacances au bled pour y retrouver ses amis et les siens.

Il décède le 31 août 1980, dans un tragique accident de la route, laissant près de trois cents chansons qui ne sont pas enregistrées.

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Kamel El Harrachi a repris le nom de son père afin de perpétuer sa mémoire en 1991. Les observateurs disent que la ressemblance est troublante, mise à part peut-être la voix, plus douce chez le fils.

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Ya Rayah

Yâ rayaḥ win msafir truḥ, taɛya wa twali 
Ô toi qui t'en vas, où pars-tu ? Tu finiras par revenir 

Šḥal nadmu la-ɛbad al-ḡaflin qabl-ak u qab-li 
Combien de gens naïfs l'ont regretté avant toi et moi 

Šḥal šaft al-buldân al-ɛamrin wa l-barr al-ḫali 
Combien de pays surpleuplés et de régions désertes as-tu vu ? 


Šḥal dhiyaat wqat ? šḥal tzid mazal u tḫali ? 
Combien de temps as-tu gaspillé ? Combien vas-tu en perdre encore et que laisseras-tu ? 


Yâ l-ḡayib fi blad an-nas šḥal taɛya ma tajri 
Ô toi qui t'absentes, tu ne cesses de courir dans le pays des autres 


Tzid waɛd al-qudra wala zman wa anta ma tadri 
Le destin et le temps suivent leur course mais toi tu l'ignores 

[Refrain] 

Ɛalaš qalb-ak ḥazin wa ɛalaš ḥakda ki zawali 
Pourquoi ton coeur est-il si triste ? Pourquoi restes-tu planté là comme un malheureux ? 


Matdum ašadda wila tzid taɛlam u tabnî 
Les difficultés ne durent pas (1), et toi tu ne construiras, ni n'apprendras rien de plus, ainsi 


Ma ydumu l-ayyam wala ydum saḡr-ak u saḡr-i 
Les jours ne durent pas, tout comme ta jeunesse et la mienne 


Yâ ḥalilu maskin li ḡab saɛd-u ki zahri 
Ô le malheureux dont la chance est passée, comme la mienne 


[Refrain] 

Yâ msafir naɛat l-ik usɛayti ad-diha al-bakri 
Ô toi qui voyage, je te donne un conseil à suivre tantôt

 

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Voir aussi

Liens internet

Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musiques algériennes

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S
<br /> Les années 80, ont vu l'émergence d'un jeune chanteur chaâbi qu'on appelait Abdelkader EL HARRACHI et qui promettait beaucoup. Sa voix,son jeu de mandole et ses textes le rapprochés beaucoup de<br /> Dahmane EL HARRACHI. La sortie de sa première cassette a fait un tabac mais curieusement personne n'a ensuite entendu parler de lui. Les rêves de beaucoup de jeunes chanteurs talentueux comme<br /> lui,ont été brisés. Les imitateurs de Dahmane EL HARRACHI d'aujourd'hui ne m'intéressent nullement. Ce qui me chagrine encore plus c'est bien leur façon de charcuter les textes de Dahmane.<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Mais l'évènement, c'est demain ! J'aurai du prendre mes disposition pour me rendre à Paris ! J'espère pouvoir encore avoir cette occasion ! Je connais Majidziri, qui chante le répertoire de Dahmane<br /> el Harrachi. Le connaissez-vous ?<br /> <br /> <br />
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S
<br /> L'article signé H. REBOUH, provient de l'article (biographie de Dahmane EL HARRACHI) que j'ai publié dans WIKIPEDIA.<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Merci Salah <br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> Hommage posthume à Paris au chanteur Dahmane El Harrachi<br /> Retour sur artiste exceptionnel<br /> <br /> <br /> Le théâtre de la ville de Paris s'apprête à rendre le 09 mars prochain, un hommage posthume au chanteur Dahmane El Harrachi. Ce rendez-vous lyrique qui est initié par son rejeton Kamel ne répond<br /> pas à une quelconque célébration, mais plutôt à une tentative de redonner vie sur scène aux laborieuses chansons du regretté Dahmane El harrachi, mort tragiquement le 31 août 1980 sur la corniche<br /> algéroise. Une quinzaine de musiciens et chanteurs dont fait partie Kamel, monteront à cette occasion sur la scène du théâtre de la ville pour un concert "exceptionnel" diront les organisateurs. Le<br /> choix de la ville de Paris semble sans doute justifié par le fait que le défunt Dahmane a longtemps vécu dans cette contrée et qu'il a littéralement occupé les cafés maghrébins dans les années 60<br /> et jusqu'en 70 ; les scènes algéroises il les connaitra beaucoup plus tard, vers les années 70 lors d'un mémorable concert animé à l'ex- Majestic, l'actuel Atlas de Bab el Oued. Selon le critique<br /> musical, spécialisé dans les musiques du monde, Rabah Mezouane, le défunt chanteur a "véritablement marqué son époque par des titres devenus des standards ou des classiques et est tenu pour une des<br /> figures les plus emblématiques de la chanson de l'exil". "O, toi l'émigré, tu ne cesses de courir dans le pays des autres", chantait Dahmane dans "Ya rayah", reprise ensuite par Rachid Taha, et<br /> aujourd'hui par Kamel. De son vrai nom, Abderrahmane Amrani, le chanteur est né le 7 juillet 1926, à El-Biar sur les hauteurs d'Alger mais a grandi dans le quartier populeux d'El -Harrach qui lui a<br /> valu son nom d'artiste. Musicien, auteur-compositeur et interprète de musique châabie, Dahmane El Harrachi est le seul chanteur à avoir mis en texte toute l'expérience de sa vie au lieu de<br /> s'inspirer comme l'ont fait les artistes de sa génération du patrimoine musical qui est commun à certaines contrées maghrébines. D'origine chaouie du village Djellal dans la Wilaya de Khenchela,<br /> son père s'installe à Alger en 1920 et y devint muezzin à la grande mosquée tandis que dès son jeune âge Dahmane El Harrachi s'initiait au banjo, un instrument qu'il affectionne avec brio. Même si<br /> son style se détache de tout ce qui se faisait à l'époque et bien avant, le défunt chanteur était influencé par un des ténors de cet art, Khélifa Belkacem. Ses apprentissages, il les commencera en<br /> imitant dès l'âge de 16 ans et avec brio ce chanteur qui à l'époque l'impressionnait par sa voix. Avant de se consacrer à la chanson, Dahmane El Harrachi a fait beaucoup de petits boulots pour<br /> gagner sa vie ; il était receveur de tramway, puis cordonnier et chanteur en herbe à ses heures perdues.<br /> <br /> un chanteur de la vie<br /> Nombreux étaient ses proches qui s'arrachaitent ses services dans les années 40, et des noms comme Hadj Menouar, Cheïkh Bourahla , Cheïkh Larbi El Annabi , Abdelkader Ouchala lui ont enseigné<br /> indirectement l'art du métier. 22 ans à peine, Dahmane El Harrachi s'envolera en France et s'installe à Lille, puis à Marseille et enfin Paris, ville qu'il ne quittera pratiquement plus. Pendant<br /> des années, il hanta les cafés maghrébins aux quatre coins de la France avec son banjo qui l'accompagna toujours. C'est de cette manière qu'il commença à être connu. Il signera son premier opus<br /> chez Pathé Marconi 10 ans plus tard, soit en 1956. Comme tous les chanteurs issus de l'émigration, Dahmanae El harrachi excellera dans ce thème et sa première chanson sera " Bahdja bidha ma t'houl<br /> " ( Alger la blanche ne perdra jamais de son éclat) et son amour pour l'Algérie le poussa à composer la chanson qui a pour titre " kifech nennsa biled el khir " (comment pourrai-je oublier le pays<br /> de l'abondance), c'était l'époque difficile de la guerre de libération. D'une virtuosité naturelle et spontanée,son répertoire constitué d'environ 500 chansons dont il est l'auteur, est une somme<br /> de poésies nourries d'une sensibilité sincère et profonde. C'est l'un des plus grands interprètes de la chanson sociale au monde. Ses paroles sans ambages et ses mélodies envoûtantes l'ont fait<br /> apprécier du grand public. Il excellait dans la composition de textes lyriques et pour donner plus de contenance à ses messages dotés d'une grande sagesse, il faisait très souvent appel au procédé<br /> métaphorique. Sa voix rocailleuse et chantée avec justesse se prête très bien à son répertoire brossant les thèmes de la nostalgie du pays , les souffrances de l'exil, la passion pour sa ville<br /> natale, l'amitié, la famille, les déboires amoureux, les vicissitudes de la vie, la droiture, la rigueur morale tout en fustigeant la malhonnêteté, l'hypocrisie, l'ingratitude et la mauvaise foi.<br /> Il y a chez lui, l'absence de cette propension fallacieuse à prétendre puiser dans le répertoire des anciens poètes maghrébins du melhoun, qu'on appelle communément " patrimoine ". Pour lui, le<br /> chanteur doit être le témoin de son temps, c'est pourquoi, il avait toujours refusé ce passéisme sur l'autel duquel certains persistent à sacrifier la réalité immédiate. C'est un artiste original<br /> qui a modernisé le chaâbi. Il a même donné au banjo et au mandole un phrasé, une harmonie et des accentuations qui lui sont propres et qui le distinguent des autres chanteurs de chaâbi. Il a fait<br /> toute sa carrière artistique en France. Découvert sur le tard par la nouvelle génération, Dahmane El Harrachi a eu droit à sa première vraie scène lors du Festival de la Musique maghrébine qui<br /> s'est tenu au début des années 70 à La Villette.<br /> Rebouh H.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> J'aimerais vous envoyez quatre chansons de Dahmane EL HARRACHI, si vous vouliez bien m'envoyer votre adresse e-mail.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Salam Salah, mon mail est le suivant mario.scolas@gmail.com<br /> <br /> <br /> <br />