Focus sur la musique turkmène

Publié le 9 Janvier 2008

Les Turkmènes sont d'origine türke et sont des cavaliers sédentarisés depuis le XIXème siècle. La musique turkmène est une musique proche notamment de celle pratiquée par les Kirghize, les kazakh, le Azéris et celle des Turcs d'Asie centrale.
La poésie héroïque, de longs textes en prose entremêlés de chants versifiés, s'est développée chez des peuples vivant sur un large territoire allant de la mer Caspienne à la mer du Japon. Les nomades éleveurs des steppes du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Turkménistan, d'origine turco-mongole ou türke, ont des langues voisines et partagent des coutumes et une culture musicale : des bardes interprètent de longues épopées, souvent accompagnés d'une vièle ou d'un luth à long manche : la dombra chez les Kazakhs et le dutâr à deux cordes chez les Turkmènes, le komuz à trois cordes chez les Kirghizes. L'accompagnement musical ne reprend pas la mélodie mais la soutient par la succession de figures mélodiques courtes, relativement peu variées. La fonction magique de la musique est conservée malgré l'islamisation : chez les Kazakhs, Kirghizes, Ouzbeks et Tadjiks, le terme bakhshy désigne encore le chaman qui guérit par des invocations et des chants, accompagné au tambour sur cadre. (source)

D'essence pastorale, elle est rurale et jouée par des bardes nomades ; elle est très proche de la musique kirghize et kazakhe. On y retrouve en effet le rôle éminent donné au bakhshi, un troubadour guérisseur, qui est parfois simple chanteur (accompagné au dutar), et parfois véritable chamane. Malgré la soviétisation et l'islamisation passées, cette musique ne semble guère avoir été affectée et a conservé ses traits originaux. On en retrouve aussi l'influence dans la musique iranienne folklorique. 

Le mukamlar, (plur. : mukam) est un répertoire instrumental savant dédié au luth dutar ou à la flûte tüÿdük. Le détail en varie selon les interprètes.

On compte généralement neuf pièces maîtresses : Goñurbaş mukamy, Gökdepe mukamy, Erkeklik mukamy, Aÿralyk mukamy et Mukamlarbaşy pour le dutar ; Hüwdi mukamy, Lotular mukamy, Gelin mukamy, Toy mukamy pour le tuyduk.

Ce répertoire est proche de celui exécuté par les Kazakhs aux luths dombra et dutar. Bien que similaire dans sa structure aux autres formes savantes voisines (mugham, muqâm, maqôm, etc.), le mukamlar possède des caractéristiques qui lui sont propres. On en retrouve toutefois des échos ainsi le Mukamlar bashy et Meshrep sont aussi dans le muqâm des Ouïghours.

Les bakhshy (du mongol bagsh « maître ») forment l'élément majeur de la musique turkmène. Leurs chants accompgnés au dutar ou aughaychak s'inspirent des quatrains qoshunk du poète Magtumguly Feraghy (xviiie siècle). Les bakhshy destanshy colportent également lesdestan et l'épopée Görogly (« fils de la tombe »), composée de plus de deux cents chants dont nul ne connaît plus le répertoire entier. Lesbakhshy tirmechy chantent eux des chants de courtoisie ou de patriotisme

Les musiciens professionnels sont aussi appelés sazanda (de saz, « instrument ») ; ils jouent divers répertoires régionaux pouvant durer des heures : mukamlar, saltiklar, kirklar et navoi.

 

Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musiques turques

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