Slimane Azem, chantre et fabuliste !
Publié le 16 Janvier 2008
Slimane Azem (né le 19 septembre 1918 à Agouni Gueghran en Grande Kabylie - Décédé le 28 janvier 1983 à Moissac en France) est un poète et chanteur kabyle algérien . Sa carrière musicale débute en France en 1940 et possède plus de 200 chansons à son actif. « Son verbe et sa poésie sont étroitement liés la destinée humaine ». Il est considéré comme un chanteur vénéré par tous les artistes kabyles des générations suivantes.
En 1933, à 14 ans, Slimane rejoint son frère aîné Ouali à Staouali, près d'Alger. Il travail comme saisonnier chez les colons et fait toutes sortes de travaux. La fréquentation des adultes, dans le monde de travail, lui fait découvrir la poésie de Si Muhand U M’hand.
Les ouvriers lisaient des poèmes pour meubler les soirées passées entre hommes, loin des familles restées dans les villages de Kabylie. À cette époque, les deux frères font des ballades des plus ou moins prolongées à Alger; il visitent les rues de la Casbah et y découvrent la musique qui se donne dans les cafés. Dans l'un des cafés de la rue de la Lyre, le tenancier, un musicien juif du nom de Sassi, se produit souvent. N'ayant pas les moyens d'entrer dans le café, où il faut consommer moyennant argent, les frères Azem se contentent d'écouter et de regarder depuis le trottoir. Slimane apprécie ce que fait le petit orchestre populaire qui accompagne Sassi. Parfois, en lieu et place d'artistes, c'est le photographe qui susurre des chansons en vogue pour attirer le passant. Comme son grand frère, Slimane a déjà appris à jouer de la flûte au village. Mais la découverte de nouveaux instruments de musique l'émerveillait.
En janvier 1936, son frère Ouali émigre en France et s'installe à Longwy (Meurthe et Moselle) et Slimane reste seul à Alger. Il travaille d'abord à la pêcherie de la marine « chez un gargotier italien ou maltais » pendant deux ou trois mois. Ensuite il s'installe à Médéa où il est employé comme jardinier dans un petit village. L'année suivante, Slimane reçoit de son frère l'argent pour les frais de son voyage et rejoint celui-ci à Longwy le 2 janvier 1937. Il est aussi tôt embauché dans la section « train-fil » chez Lachère où Ouali travaille déjà. Les deux frères Azem vécurent alors dans l'indivision en terre d'émigration; le frère aîné garde et gère les finances communes. Une partie de leurs deux salaires est mise à la caisse d'épargne ou envoyée aux parents restés avec les frères et sœurs au village. Pendant que le grand frère prend des cours de soir de promotion sociale pour étudier l'électricité, Slimane fait des courses et prépare la popote commune dans la chambre. Avec son argent de poche, Slimane fréquente la salle de cinéma de la ville deux à trois fois par semaine. Mais il a une grande envie d'apprendre la musique. Il demande un peu d'argent de la bourse indivise et, avec l'accord du grand frère, il achète une mandoline. Tout en surveillant la marmite sur le feu, il passe une grande partie de ses soirées à gratter les cordes de sa mandoline, desquelles il parvient, tant bien que mal, à reproduire quelques airs déjà entendus et retenus de mémoire. Mais nous ne savons pas lesquels.
Dans le courant de cette année 1937, comme son frère, Slimane adhère au Parti du peuple algérien le parti nationaliste algérien, dont il devient un membre actif. À l'occasion du défilé des travailleurs de Longwy, le premier mai 1938, Slimane sort dans la rue parmi la foule de ses compatriotes, coiffé du fès, la fameuse chéchia « stambouli », qui marque son appartenance à ce mouvement.
Le 22 février 1939, Slimane est convoqué comme milicien À la caserne, où il est affecté (aux environs d'Issoudun, dans l'Indre), il faut occuper les soirées des jeunes tirailleurs algériens qui y sont rassemblés. Comme Slimane chantait déjà dans l'intimité en s'accompagnant de son instrument, on lui demande de se produire. Au début, il le fait avec certaine retenue; il disait: « j'étais timide ». Mais quand il eut l'audace de jouer, « il a été félicité par tout le monde », raconte son frère. Et, ces encouragements l'ont poussé à continuer dans cette voie. Mais le jeune Slimane, n'aime pas la vie militaire. Ce qu'il déteste le plus, c'est : « Exécution d'abord, réclamation après! ». Alors, il fait tout pour être réformé. Il avale du bouchon de liège et, au bout de quelques mois, il est définitivement réformé. On est au début de 1940. C'est une époque où les Kabyles parlent beaucoup de politique, nous dit Slimane Azem. D'Issoudun, il remonte à Paris où son frère Ouali le fait entrer dans la compagnie du métro parisien. Il est alors affecté dans l'équipe de son frère, et devient aide-électricien. Après quelques mois, il quitte la RATP et eqt recruté dans une usine de rafia à Issy-les-Moulineaux. Après cette expérience, des amis de Maatka lui conseillent de faire colportage. Il se met alors à vendre dans des valises des étoffes et des vêtements. Au bout de deux ou trois mois, il arrête ce commerce peu lucratif. Tout en travaillant à Paris, il va, en tant que musicien amateur répétant les chansons des autres, exercer son art dans les cafés parmi ses compatriotes ouvriers. De temps en temps, avec son petit orchestre composé d'amateurs comme lui, il se rendait dans le nord de la France faire des tournées des travailleurs émigrés. En 1942, six mois après son frère, Slimane est réquisitionné par les Allemands. Il est envoyé en Allemagne, dans la région de Cologne, où se trouve déjà Ouali. Logé dans des baraquements en bois, il est affecté au service du Travail Obligatoire. Là encore, il vit dans l'indivision avec avec son frère et fait face aux affres du travail obligatoire sous la garde des soldats allemands.
Après quelques années de travail obligatoire imposé par l'Allemagne nazie, il prend un café en gérance à Paris et s'y produit les weekends. Il entame alors une immersion précoce dans les tourments de l'exil. Sa première chanson, A Mûh a Mûh, consacrée à l'émigration, paraît dès le début des années 40 : elle servira de prélude à un répertoire riche et varié réparti sur près d'un demi-siècle. Il chantera également contre l'occupation française dans Effegh A ya jrad tamurt iw (criquets, sortez de mon pays). Mais ses chansons traitent aussi des problèmes de ses compatriotes.
Après l'indépendance de l'Algérie, Azem fut très critique à l'égard du régime algérien, et sera en conséquence interdit de diffusion sur les ondes algériennes entre 1967 et 1988.
En 1995, Matoub Lounès reprend le titre Effegh A ya jrad tamurt iw, dirigé cette fois contre le pouvoir algérien.
Il décède le 28 janvier 1983 à Moissac en France, où l'artiste est inhumé, le pouvoir ayant interdit le rapatriement du corps en Algérie. Le chanteur Rabah Asma a repris plusieurs de ses titres.

Carrière musicale
Chansons célèbres
- A Muh A Muh traite des conditions de vie des immigrés.
- Effegh a ya jrad tamurt iw (Sauterelles quittez mon pays) dénonce les conditions de la colonisation.
- Ghef taqbaylit yuli was (Le Jour se lève sur la langue kabyle) est un hommage au Printemps berbère.
- La carte de résidence, chante les difficultés de l'immigration et de la délivrance de ladite carte.
- Algérie mon beau pays, chant nostalgique
Discographie complète
- Ma teddudh anruh (amuh amuh première version 1948)
- Attas i sevregh (avec Bahia Farah)
- Nek ak ed cem (avec Bahia Farah)
- Nec delmir ( en kabyle et en arabe)
- Akagugi di fagh lexvar
- Amec a nilli susta (en arabe et en kabyle)
- Debza oudmagh (avec Mohamed Hilmi)
- Lalla Margaza
- Ezhar ddi China
- Ennagh A yaabudh version 1
- Seliw af envi
- Ayuliw uthuv
- Ellah Ghalev
- Arrabi Almouddabar version 1
- Atha Elqum
- Tikhras i laavdd addihhddar (avec Mohamed Hilmi)
- Iddrimen Iddrimen
- Dounith thesghuru
- Urideqar
- Rebi Cetch Damaiouen
- Ayuliw ilik delhar
- Ezman ixarwadh
- Ahviv buliw iruh
- Afrukh Ifileles
- Effegh ay ajrad tamurt-iw
- Daghriv davarani
- Ezux del mechmel
- Idhahred wagur
- Nedhlab rabbi add aghyafou
- Berkayi Thisith nechjav
- Netsruhu netsughal
- Ikfa laman
- Inas i leflani version 1 (perdue)
- A yatmuthiw version 1 (perdue)
- Therroui Theberroui
- Azger yaaqel eggmas
- Lahvav lwaqta
- Zman elghatti
- Akmikhdaa rebbi a dunith
- Baba ghayu
- Amuh Amuh (version 2 1967)
- Amkerker bumddun
- Thaqsitt bumkerker
- Inas i leflani (version 2 1967)
- 19 Mars
- A tamurt-iw azizen ( sur 2 rythmes)
- A Thigejdit
- Aha lala lala
- Annagh ay aabudh (vers2 1967)
- Argaz T Mattouth
- Arrebbi almuddebar ( Version 2 1967 ou 68)
- Ayamodhin
- Ayuliw henniyi
- Chfigh etsough
- Uc Aayigh
- A naker lahsan
- Wah rebbi Wah
- Muhand u kaci
- Iya ouiyac Ahmed
- Elqarn Erbatach
- Elfoull Di Vaouen
- Tlata Yoqjan
- Diminou
- Atsnaddi add echtcigh
- A Madame encore à boire
- Amenttas
- Aouin ilan del fahem ( disque d’or 1970)
- Elwaqth aghedar
- Gumagh Ademcthigh
- Ilukan di ulach lukan
- Uliw baqi isxamim
- Wiyak al fahem
- A nkhemem
- A taguitart-iw
- A ya t-murt-iw (version 2 avec guitare seulement)
- Asefru
- Bu n Adem
- Da Meziane
- Ddunit
- Ezhar iaawjen
- Lejdud n zik
- Nukni id nukni
- Si moh u mhand yenna-d
- Si zik
- Tabrat
- Takvailit
- Thaqsitt en Mouh
- Taqsit el w huc
- Thaqsitt en Muh
- wa ivenu wa itshudu
- Ya mohand 01
- Yir lekhvar nelmut
- Zic ghilagh dda qessar
- La résidence
Voir aussi
- Musique algérienne