Cheikha Tetma

Publié le 20 Janvier 2008

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Cheikha Tetma (née Fatma Thabet Deraz en 1891 à Tlemcen - 1962) fut une brillante interprète algérienne du genre hawfi et Hawzi, genres musicaux  qui s'inspirent de la poésie populaire algérienne et de la musique arabo-andalouseSurnommée d'abord Zalta Fatma ou encore Cheikha Tetma, elle n'a jamais eu besoin de microphone pour faire entendre et se faire applaudir pour sa belle voix flexible et prenante. Elle demeure une figure de proue du hawzi et à raison, elle a été produite par de grandes maisons d’édition musicale de l’époque : Pathé (1917-1918), Polyphon (1928-1932) et Odéon (de 1934 à la fin de sa carrière).

Biographie et parcours musical

Quand Tetma naquit en 1891, ses parents étaient séparés, elle grandi alors au sein de la famille de sa mère : Aouicha Bensari, une famille particulièrement mélomane.

Premier enseignement à la mosquée Djamaâ Sid El Djabbar où elle apprend des valeurs religieuses et littéraire, ce qui fera d’elle, une femme instruite, sachant lire, ce qui n’était pas le cas de la majorité des femmes de son époque. 

Elle doit son enseignement musical principalement aux frères Mohamed et Ghouti Dib, qu’elle côtoya grâce à Cheikh Moulay Driss Medeghri, chez qui se réunissaient certains maîtres de l’époque.

Elle commence sa carrière musicale très jeune en interprétant le hawfi qui est une sorte de romance, de berceuse que les femmes de sa ville natale dans la vie courante et les soirées familiales...

Dés 1929, à Alger, elle enregistra un grand nombre de disques microsillons qui établiront sa renommée sur tout le territoire algérien etau delà puisqu'elle sera invitée à participer à de nombreuses festivités au Maroc.



Cheikha Tetma avait intégré l'orchestre composé de Omar El-Bekhchi, de Abdelkrim Dali  qu'il accompagne au violon et au oud en 1938 et du pianiste de Dillali Zerrouki[1], père de Bachir Zerrouki

Du hawfi, elle passera au Hawzi, interprétant les œuvres des célèbres maîtres Ben Msayyeb, El-Yacoubi, Mohamed et Boumediène Bensahla, Bentriki et Ahmed Zengli.

Plus tard, Cheikha Tetma pratique la musique arabo-andalouse.

Elle participa à une tentative d'harmonisation andalouse initiée par un orchestre symphonique européen du Conservatoire municipal d'Oran.

« Chayeun Eûcht Laboud Tendem » (de Cheikh Sidi Lakhdar Ben Khelouf) fût son dernier enregistrement à la maison de disques Odéon.

 


Sur la photo ci-dessus, cheikha Tetma et A.Dali en scène. 


Durant la lutte pour l'indépendance, elle cessa toute activité artistique. Elle mourut le 22 avril 1962, entourée de la considération d'un public innombrable qui lui fit un enterrement grandiose.

Titres connus parmi tant d'autres

  •  Nar hwakoum lahab (feu ravageur)
  •  Ana el ghrib (moi l’étranger)
  •  Limen nechki ? ( auprès de qui me plaindrais-je ?)
  •  Emchi ya rassoul ‘and el habib (va ô messager chez le bien-aimé)
  •  Laqeytouha fi tawafi tes’a (je l’ai rencontrée en promenade)
  •  ‘Alamen takoun had ezziyara ( pour qui est cette visite ?)
  •  Malakni el hawa (l’amour m’a conquise)
  •  Lemmen nechki biqorh jmar ghzali (auprès de qui vais-je me plaindre de mes douleurs ?)


Notes 

  1. Ce dernier lui était fidèle; il a participé, en effets avec elle à toutes les cérémonies qu'elle animait à travers tout le pays, mais aussi au Maroc et en France, et il exécutait avec un brio incomparable les Istikhbar dans les modes Zidan, Mawwâl, sika et autres sahli et âarêq.


Bibliographie

  • Allal Bekhaï, Cheikha Tetma, la diva rebelle du hawzi, Le Quotidien d'Oran du 9 mars 2011
  • Achour Cheurfi, Dictionnaire des musiciens et interprètes algériens, Ed. ANEP, Alger 1997


Voir aussi


Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musiques algériennes

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