Blaoui Houari

Publié le 4 Février 2008

Blaoui El Houari (né en 1926 à Sidi El Hasni, Oran - ) est un chanteur et un compositeur de musique bédouine, musique de la tradition orale et est appelée communément « sahraoui » ou « bédaoui ». Il fut un pilier de la chanson oranaise devenant une légende vivante et en faisant chanter toute l’Algérie avec le "asri-gharbi", style qui annonçait les prémices du raï électrique des années 1980.

Il est également l'auteur de tubes à succès tels "h'mama" ou  encore "Bya Dhaq El Mour", "Ya Khay Ki Rani" et d'autres chansons du patrimoine.

Le succès viendra par la suite notamment avec la chanson "Ismaâ "qui passera pendant plusieurs décennies à la radio. Touché par la disparition du chahid Ahmed Zabana, guillotiné par les Français à la prison de Serkadji, il lui rend hommage en chantant Ya dbeili ana âla Zabana.

 

Biographie et évolution musicale

Son nom El Houari provient de l'arabe, Ouahrân (Wahran) emprunté à l'arabe et signifiant « des deux lions » Ouahr au singulier.
 
Son apprentissage musical, il le fera grâce à son père Mohamed Tazi mélomane et joueur de Kouitra ainsi que son frère Kouider Blaoui qui lui fera découvrir et aimer les sonorités du banjo et de la mandoline. Il quitte l'école vers l'âge de 13 ans pour aider son père qui tenait un café situé à l'angle du Bain de l'Horloge. Il s'occupera de l'entretien du Phonographe et de la diffusion des 78 tours produits par les grandes vedettes algériennes et égyptiennes. Avide d'apprendre la musique, il se met à l'écoute des musiciens regroupés autour de Cheikh Bouzembir. Petit à petit et sous l'influence de musiciens oranais, il va s'imprégner de la musique moderne; genre qui était prisé par les Wled El Agba (désignant des personnes originaires d'un quartier riche d'Oran) et qui écoutaient du Paso doble, Tino Rossi ou encore Rina Ketty...[1]

Il passera également par le scoutisme algérien qui est aussi l'une des principales écoles de formation politique nationaliste et l'un des principaux mouvement de socialisation par lesquels beaucoup d'artistes comme Ahmed Wahby sont passé et qui fourni maints chants éducatifs destinés à la jeunesse; des chants modernes, inspirés par la musique du Caire et marqués par un fort contenu arabo-nationaliste[2].

En 1942, lors du débarquement Américain à Oran, Blaoui El Houari fut engagé comme pointeur aux docks. Mobilisé sur les fronts de Tunisie, du Rhin et du Danube lors du second conflit mondial, Ahmed Wahby profite d'une permission qui lui est octroyée la même année pour se produire à l'Opéra d'Oran, avec l'orchestre qu'il dirige.

Les nouvelles générations de raïmen se sont inspirés de sa musique et ont repris ses chansons.

Les disciples du cheikh déplorent que Blaoui El Houari n'ait pas connu  une réelle reconnaissance pendant sa carrière artistique.

En novembre 2007, il annonce lors d'une rencontre avec la presse la publication de ses mémoires, dans lesquels seront "consignés" sa vie et son parcours artistique.

Abdellatif M'rah lui consacre un film documentaire intitulé «Parlez-moi ... de Blaoui El Houari»[3]. Survient une polémique Blaoui El Houari n'a ni été consulté, ni interviewé et encore moins eu une copie du film ni avant ni après sa diffusion publique. Tout simplement, il n'a jamais donné son approbation pour la réalisation de ce film financé par les caisses de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe», avec une enveloppe de 200 millions de centimes. De nombreuses informations contenues dans le film sont déclarées par l'artiste comme étant fausses[4]. «J'ai tenu à dire mon opinion sur ce film documentaire pour que tout le monde sache mon désaccord là-dessus. Ce produit ne me représente pas. Il n'y a rien de méchant dans ce que je dis. Aussi, je tiens à préciser que je ne veux pas, par mon avis, créer la polémique ou attenter à la réputation de qui que ce soit. Je suis vivant, on aurait pu venir me demander mon avis. Je ne suis pas encore mort»[5].

Blaoui El Houari est mis à l'honneur par l'Institut du Monde Arabe dans le cadre de El Djazaïr, l'Année de l'Algérie en France, où des artistes sont venus lui rendre hommage à leurs maîtres[6].

Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musiques algériennes

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