Abdelkrim Dali
Publié le 10 Mars 2008

Abdelkrim Dali (né à Tlemcen en 1914 - décédé à Alger en 1978) est un Chanteur et musicien, chanteur et pédagogue du genre hawzi tlemcénien. Instrumentiste polyvalent, il joue indifféremment le rebab que le oud. Personnalité simple et dotée d'une grande générosité, on retient de cet homme (qui apparaissait souvent comme un homme en burnous majestueux, des lunettes triples-foyers, une chachia probablement rouge et un oud à la main, assis au milieu de son orchestre habillé en costume-cravate noirs) une grande talentuosité, une tessiture vocale d'une grande clarté capable aussi de chanter sans micro. Originaire de Tlemcen, vivant à Alger, il a su allier les deux principaux styles de la musique arabo-andalouse. Il fut « Le seul avec cheikh Sadek Abjaoui, à avoir maîtrisé les répertoires de l’Ecole d’Alger », d'après K. Mejdoub du journal El Watan. Son Saha aidkoum est devenu le deuxième hymne national d’Algérie. Musicien émérite, ce maître du hawzi, à la différence de nombreux cheikhs, fut un passeur inlassable de patrimoine aux jeunes générations.
Biographie et évolution musicale
C'est au sein d'une famille de mélomanes que grandi et évolue le jeune Abdelkrim. Son talent musical est découvert dès son plus jeune âge. Son père était un "halwadji" à la swiqa, cheikh Omar Bakhchi qui s'intéresse à lui et lui apprend les bases de la moussiqua al-âla, à 14 ans il joue du Tar et chante des noubas. Cheikh Hadj Larbi Ben Sari, le cheikh Bendali Yahia considéré à l'époque comme un savant de la musique gharnati. Son goût pour la musique s'est développé au contact de maîtres tels que Abdessalam Bensari. il rejoint Cheikh Omar Bekhchi, son second maître, qui lui inculque les bases et lui permet de devenir chanteur et instrumentiste polyvalent (rebab, luth, kamendja, flûte, etc.). Avec son maître, le jeune musicien accompagne au tar (tambourin) Maâlma Yamna, la célèbre cantatrice d'Alger.A la demande de cette dernière qui animait un mariage, Dali a l'honneur d'improviser un istikhbar de sa belle voix. La grande dame lui prodigue de nombreux conseils, voyant déjà en lui un futur cheikh.
Il apprend à jouer, d'abord la mandoline, puis le violon, le nay, et devient un virtuose du oud et s'intègre plus tard à l'orchestre du Cheikh Hadj Larbi Ben Sari où il interprète les chansons du répertoire d'Oum Kalsoum et de Mohammed Abdel Wahab (qui est également popularisé pour avoir joué dans plusieurs films et composé pour Oum Kalthoum et Warda Al Jazairia).
Il en ira ainsi jusqu'à ce que Redouane, le fils du cheikh Larbi le remplace auprès de son père. C'est lors d'une tournée que Mahieddine découvre ce jeune chanteur talentueux dans l'orchestre qu'il intègre et renforce sa réputation en Algérie.
En 1930, il enregistre un nouba istikhbar Moual avec Nari Haîchat Tentfa et un autre Iraq, avec Kif Amali Ouhilti. Abdelkrim Dali s'investit dans l’association El Andaloussia de Oujda (créée, 1921 par Cheikh Mohamed Bensmaïne (originaire de Tlemcen), dans plusieurs soirées au Maroc et à l’étranger...
Abdelkrim Dali participe à d'innombrables festivals de musique andalouse organisé en Algérie et à l'étranger bien qu'à regret il n'a pas pu assister au Congrès de la musique arabe tenu au Caire en 1932 (où El Hadj Larbi Bensari avait préféré faire participer son fils Redouane).
Puis en 1938, aux côtés de cheikha Tetma qu'il accompagne au violon et au oud.
Il enregistre une vingtaine d'albums chez Algeriaphone, lesquels font l'objet de deux albums présentés par le Club du Disque Arabe, Mahieddine le recrute pour une tournée dans le pays et en France l'année suivante.
En 1950, il enregistre ElKawi, Amersouli, El Hadjam et Nergheb EI Mouid. Ces enregistrements le rendent célèbre auprès de nombreux auditeurs.
Dès la création, en 1940, de Radio Alger, Boudali Safir, qui occupait la fonction de directeur artistique de la station, l'invite pour participer aux concerts de musique arabo-andalouse que donnait cet orchestre.
En 1952, Abdelkrim Dali intègre cet orchestre comme oudiste et s'installe à Alger avec sa famille.
Dès l'indépendance, il compose de chants patriotiques et religieux et participe à toutes les semaines culturelles en Europe et dans le monde arabe pour représenter l'école tlemcénienne de musique arabe.
En août 1964, il est au Festival de la musique classique à Tunis. En 1965, il dispose au conservatoire municipal d'Alger d'une chaire.
En 1971, il intègre l'Institut National de musique en qualité de professeur et forme les choristes de la RTA avant de participer, un an après, à l'Anthologie de la musique andalouse (SNED, 1980). Deux années avant sa mort, en 1976, il effectue le pèlerinage et à son retour, enregistre un long poème historique intitulé Rihla Hidjazia qu'il fait précéder de la chanson-culte Saha Aïdkoum.
Il crée une chorale à la radio diffusion algérienne avec laquelle il enregistre toutes les parties chorales de la musique andalouse.
Deux ans avant sa mort, il fait le pèlerinage à La Mecque et dès son retour et se met à la composition d'un grand poème symphonique sur des modes de la musique andalouse, intitulé Rihla hidjazia. Cette œuvre résume une carrière au service de la musique savante du patrimoine andalous. La radiodiffusion algérienne enregistre ce long poème où le mélomane averti retrouve toute la science, la finesse et la foi profonde de l'artiste.
Abdelkrim Dali meurt foudroyé par une crise cardiaque, le 21 février 1978, à Alger et est inhumé au cimetière de Sidi Yahia. , non loin de la tombe d'Ahmed Wahbi, par un jour de Mawlid Ennabaoui Echarif.
En février 2002, Brahim Hadj Kacem, lui rend hommage à Alger.
En 2008, à l'occasion du 30ème anniversaire de la mort de Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali , les associations "Ettarab El Açil" de Tlemcen et " Ar-ridouniya" de France organisent conjointement à Oran et Tlemcen une cérémonie commémorative en hommage au maître ainsi que l'enregistrement et la retransmission de la soirée musicale prévue dans ce cadre[1]. Cette commémoration du 30e anniversaire de son décès a bénéficié d'une large couverture médiatique, radiophonique notamment. Son œuvre complète a été éditée en CD lors de la manifestation Alger 2007, capitale de la culture arabe. Mais on ne le trouve pas sur les rayonnages des disquaires de Tlemcen. Ne dit-on pas que nul n'est prophète en son pays ?
envoyé par mnervi
Quelques titres
- Ibrahim El Khalil
- Rihla Hidjazia
- Nergheb el mouid
- El hadjam
- el Kaoui
Voir aussi

Notes et références de l'article