Saliha

Publié le 12 Avril 2008

 

Saliha, pour l'état-civil Salouha Ben Ibrahim Ben Abdelhafidh[1], née ée en 1914 à Nebeur (gouvernorat du Kef) et décédée le 26 novembre 1958 à Tunis, est unechanteuse tunisienne. Artiste passionnée et authentique, elle demeure à travers ses chansons attachée à son terroir et à ses origines campagnardes[2]. Grande révélation de la Rachidia, par ses qualités vocales inégalées, sa sensibilité et son interprétation de tous les genres de la musique traditionnelle arabe avec maîtrise et raffinement, elle était aussi dotée d'une voix prenante, profonde, au timbre mi-religieux et mi-profane.


Biographie

La recherche d’un travail oblige son père Ibrahim, originaire de Souk Ahras en Algérie, et sa mère à quitter leur région pour Mateur[1] avant de gagner Tunis[3]. Saliha sa sœur aînée Eljia sont alors placées comme filles au pair dans une famille de la bourgeoisie[2]. La mort subite de ses deux jeunes frères et le divorce de ses parents sont des épreuves difficiles pour elle. Alors que sa sœur aînée suit son père, Saliha préfère rester avec sa mère[1]. Lorsqu’on la marie très jeune, elle pense se reconstruire et se stabiliser en fondant une famille mais son couple vole en éclats malgré trois maternités dont une seule fille survivra[3][2].


C'est alors qu'elle rencontre Béji Sardahi, oudiste et directeur d'un orchestre réunissant notamment Ibrahim Salah au Qānun et Kaddour Srarfi au violon (père d'Amina). Il l’intégre dans sa troupe musicale sous le pseudonyme de Soukeina Hanem[2] et lui compose quelques chansons en tunisien. C'est en 1938 qu'elle apparaît pour la première fois sur scène[1]. À l'occasion de l'inauguration de Radio Tunis, elle chante au Théâtre municipal de Tunis lors d'un concert retransmis en direct sur les ondes de la radio. Puis, elle croise le chemin de Mustapha Sfar, fondateur de La Rachidia, qui lui fait intégrer l’institution[1]marquée alors par la présence de Chafia Rochdi[2]. Il est alors convenu qu'elle touche une rémunération mensuelle et bénéficie d'un logement dont le loyer est pris en charge par La Rachidia. En contrepartie, elle s'engage à ne chanter qu'au profit de La Rachidia.


Les musiciens Khemaïs Tarnane, Mohamed Trikiet Salah El Mahdi la prennent alors sous leurs ailes et lui composent une série de chansons dont les paroles sont écrites par d'illustres poètes appartenant à Taht Essour. Dès le départ, ces chansons sont des succès tels qu'Abdelhamid Ben Aljia déclare : « Saliha et La Rachidia ne font plus qu'un »[3].


La télévision nationale servit d'excellente caisse de résonnance pour nos chanteurs et musiciens, jusque-là à peine connus par leur voix mélodieuse : Ali Riahi, Mohamed Jamoussi, Hédi Jouini, Sadok Thraya, Mohamed Ahmed, Hédi Mokrani, Hédi Kallel, Raoul Journo, Youssef Témimi, Hassiba Rochdy, Fethia Khaïri, Oulaya, Naâma, Zouhaïra Salem, Soulef, Mustapha Charfi, Ahmed Hamza, Hédi Semlali et le virtuose Ridha Kalaï.


Malheureusement, la grande cantatrice Saliha ne connut guère la télévision et ce sera au tour de sa fille Choubeïla Rached de réparer cette frustration.

Encensée par la critique[2], elle affronte dans le même temps une succession d'échecs affectifs.


Elle déserte finalement La Rachidia pour entreprendre un nouvel itinéraire artistique plus conforme à ses aspirations. Toutefois, dans sa quête mouvementée, elle reste indifférente aux conseils de ses médecins lui demandant de garder le lit.


Fin 1957, elle chante au Kef en compagnie de Ridha Kalaï. En descendant de la scène, elle s'effondre et doit se faire opérer. Elle reste clouée au lit durant trois mois mais, malgré une convalescence inachevée, décide de revenir à la chanson en dépit de l'avis contraire de ses médecins[3].




Usée par la maladie et après des années de gloire, Saliha se produit pour la dernière fois en public le 10 novembre 1958 au Théâtre municipal de Tunis, lors d'un concert qui regroupe des chanteurs des pays du Maghreb. Épuisée et éprouvée par une grave maladie incurable, elle ne peut se tenir debout et s'appuie sur une chaise. Quinze jours plus tard, après une deuxième opération[3], elle s'éteint le 26 novembre à l'âge de 44 ans dans une clinique de Tunis.

Sa mort est un évènement national : son cortège funèbre, après avoir quitté le domicile de sa fille, la chanteuse Choubeila Rached, se rend entourée d'une foule de près de 20.000 personnes[3] au cimetière de Sidi Yahia situé dans le quartier d'El Omrane.







La Poste Tunisienne a émis le 21 décembre 1998 un timbre poste à son effigie dans le cadre d'une série philatélique comprenant aussi Ali Riahi et Kaddour Srarfi.


Voir aussi

 

Références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 Tahar Melligi, « Saliha. La plus grande chanteuse de tous les temps », La Presse de Tunisie, 25 juin 2007
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 Hamadi Abassi, « Mridh fanî taâl biya dâya. Saliha », Saisons tunisiennes, 23 décembre 2007
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 Ali Ouertani, « Une étoile hors du temps », La Presse de Tunisie, 28 novembre 2006
Liens internet
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Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musiques tunisiennes

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