L’ahidous au rythme du bendir
Publié le 29 Avril 2008
"Celui qui ignore la poésie ne connaît pas la route de l'intelligence qui conduit à la sagesse par les degrés de la science et de l'art."
L'ahidous sont des chants poétiques accompagné de danses traditionnelles ancestrales pratiquées par les tribus berbères du Moyen-Atlas au Maroc - les Zayanes -, dans laquelle hommes et femmes, coude à coude, forment des rondes souples et ondulantes, accompagnées de chants (en Langues berbères izli, izlan) rythmés aux rythme du bendir martelant la terre en souvenir des anciens rites de fécondité.
L'ahidous est connu pour être le divertissement par excellence des Amazighs du Maroc central et leur moyen d'expression le plus complet et le plus vivant. On le danse à l'occasion des moindres fêtes et même, l'été, après la moisson, presque tous les soirs dans les villages.
Les danseurs se mettent en cercle, en demi-cercle, ou sur deux rangs se faisant face, hommes seuls, femmes seules, ou, hommes et femmes alternés, étroitement serrés, épaule contre épaule, ils forment bloc. La danse est rythmée au tambourin et par des battements de mains. Les mouvements sont collectifs ; c'est un piétinement, un tremblement qui se propage, entrecoupé d'ondulations larges, coups de vent sur les blés. Par leur aisance et leur ensemble, ils témoignent d'un sens du rythme remarquable. Toutefois, tous faisant presque toujours le même geste en même temps, c'est surtout un ensemble de juxtaposition que l'ahidous présente.
En ce sens, il est très caractéristique de la mentalité des Amazighs. L'ahwach dansé par les Chleuhs de l'Atlas occidental est déjà fort différent.
Le thème poétique
Un thème poétique est proposé, une phrase est lancée ; là-dessus, le thème musical se brode, le rythme aussitôt s'en empare, lui donne une forme, une contexture rigide que la danse va rendre plastique. Les chants sont, en somme, des vers isolés qu'on appelle "tit", un choc, une attaque, un coup de bendir, que module d'abord le raïss et que tous répètent ensuite un grand nombre de fois. Chacun d'eux est à lui seul un poème; en voici des exemples:
- "Un ami qu'on ne voit pas, - l'envoyer chercher, - ce n'est pas un péché."
- "L'espoir est plus vigoureux que les mules de Syrie. - On n'est jamais fatigué pour aller chez un ami."
- "L'amour qu'on ne peut assouvir est plus désolant que la période des pluies."
- "Je voudrais récolter une moisson de beautés que rapporteraient chez moi les laboureurs sur les mulets."
- "Toi qui te figures avoir des amis, au sein de la prospérité, - garde bien ta fortune si tu veux garder tes amis."
- "Une main ouverte vaut mieux que plusieurs mains fermées."
- "L'amitié se maintient dans la confiance ; - elle périt dans le mensonge.
"Amoureux, que chacun aille avec ce qu'il aime."
- "N'est-ce pas, les gens, qu'il faut soupirer quand on est en peine ?"
Un Festival dédié à l'art de l'Ahidous est organisé depuis plusieurs années en août en partenariat avec la Commune rurale de Aïn Leuh et l’Association Taymat des Arts de l’Atlas. Il entend revaloriser ce patrimoine culturel et artistique national, à travers la présentation de diverses troupes venues des quatre coins du Maroc.
L’Ahidous est une forme d'art de spectacle du Maroc très répandu notamment au Maroc central et dans le sud-est. L’Ahidous présente plusieurs variantes du Tafilalet (sud-est) jusqu’à Tifelt (nord-ouest). Il accompagne tous les événements festifs de ces régions qu'ils soient communautaires ou familiaux. Dans l'Ahidous, la femme occupe souvent un rôle central. Il est constitué de trois éléments essentiels : le chant lui-même dit izlan (pluriel de izli) se rapportant à la poésie locale ou d'une improvisation, le rythme musical principalement réalisé par des tambourins et les battements des mains, et les danse rassemblant hommes et femmes. On y distingue un "ahidous askwat" où participe un grand nombre de personnes et qui se déploie dans les grandes occasions de la tribu, et "ahidous amezian" qui est plutôt familial. Le rythme de la musique est accompagnée par Les mouvements corporels des participants qui constituent un cercle ou un demi cercle, épaule contre épaule, balançant les bustes d’avant en arrière et en battant les pieds aux rythmes du tambourin dit tallunt.