Cheikh Redouane Bensari
Publié le 30 Avril 2008
Cheikh Ahmed Redouane Bensari (né en 1914 à Tlemcen - décède en 2002, à Casablanca) est un musicien et compositeur algérien.
Biographie et évolution musicale
Il est le fils cadet du Cheikh Hadj Larbi Ben Sari, dont la gloire a l'époque suscitait l'enthousiasme et considération et le respect car il était l'héritier presque sans égal de l'enseignement musical de Cheikh Boudelfa, disait avec une pointe de fierté : Tous mes garçons seront musiciens [1].
Il commence comme son père précocement dans l'étude de la musique, à l'âge de 12 ans, il est capable de jouer tous les instruments et devient un membre de l'orchestre de son père.
A.Koceil, écrivait dans l'édition du 14 janvier 1998 du Quotidien d'Oran : Il fallait voir comment le maitre tirait grande fierté lorsqu'il laissait son fils librement s'exprimer dans un prélude instrumental. Redouane ravissait son auditoire à chacune de ses sorties.
En 1932, Redouane participa aux côté de son père au Congres de la Musique arabe et reçurent un accueil triomphal de la part du public.[2]
Marié très jeune, avec de maigres rentrées financières, il devient à son tour, père de famille et habite une demeure modeste. Il vit des tensions avec son pères qui le mettent dans l'embarras.
En 1958, Redouane émigre pour des raisons inexplicables au Maroc, sans fortune et mène cet exil dans des difficultés particulières. Entouré de quelques amis musiciens, il était souvent sollicité pour des collaborations musicales.
Abdelhakim Meziani témoigne de sa rencontre avec le cheikh en 1990, au Maroc, à l'occasion du Festival de musique andalouse de Fès. A l'occasion d'une soirée intime qui avait regroupé autour de lui le grand ensemble de Tlemcen, la société musicale Al-Andaloussia d'Alger, cheikh Redouane, alors âgé de 76 ans, gratifia d'une représentation mémorable d'une profonde émotion.[3]
Il décède le vendredi 25 juillet 2002, et repose dans sa tombe à Casablanca.
Amine Mesli dans son souci de préserver le patrimoine musical, a enregistré Redouane Bensari. Il élabore dans ce contexte et devant l'abondance des enregistrements de Redouane, un fabuleux travail de synthèse reprenant les différents enregistrements de toutes les périodes musicales du musicien.
Notes et références de l'article
- ↑ Il faut aussi rappeler que le nom de Redouane figure dans les Nouvelles littéraires d'Henri de Montherlant qui, faisant une halte à Tlemcen en 1928, décrit une scène publique où un enfant vêtu de costume traditionnel et d'une coiffe turque entonnait un air émouvant de beauté, au milieu d'un orchestre de vétérans, et devant un public fasciné... «Une soirée à Tlemcen, ville de vieille culture arabe où, dans un café maure, le fils du cheikh Larbi, 14 ans, chantait des chants andalous... Tout Tlemcen était là, les consommateurs coude à coude tant au dehors du café qu'à l'intérieur, le portefaix en haillons à côté des élégants Kouloughlis, et une foule massée dans l'avenue, qui n'avait pu trouver place. Redouane chanta d'abord le Goumri..., titre célèbre dont l'assistance reprenait en chœur le leitmotiv. Puis il chanta les vieilles lamentations sur la perte du royaume de Grenade, les yeux clos sous sa chéchia bleu lavande qui lui touchait les sourcils, sa mandoline sur les genoux. Ce nom de Redouane signifie celui qui ouvre le paradis. Redouane les ouvrait en effet. Le miracle était indéniable... En face de moi, un adolescent avait le visage décomposé par l'émotion, ses larges yeux noyés, hors du temps et de l'espace. Je guettais le moment inévitable où ses pleurs allaient se former. Enfin, ils apparurent, sous les palmes des cils, les sources étincelantes des larmes... J'ai appris plus tard que le garçon qui pleurait était cordonnier...»
- ↑ Ce fut pour le père et le fils, des moments de rencontres très fructueux entre les spécialistes de divers horizons. Ils ont surtout pour objectif de susciter des études comparatives à partir de différents répertoires et des publications d'enregistrements musicaux.