Le Zajal, musique de Cour galante

Publié le 12 Mai 2008

La forme poétique la plus typique des poètes arabo-andalous a été la mouachah (chants racontant les épopées) ou le zéjal ou zajal ou encore zagal (Arabe: زجل) , créée par Mucaddam Ben Mufa el Cabri, un aveugle de la province de Cordoue qui vécut au temps de l'émir Abdallah et de Abderraman II, à la fin du IXe et au début du Xe siècle. En arabe le mot zajal désigne une joute oratoire ; un art toujours populaire dans la société rurale.

Cette forme poétique fut très populaire pendant tout le Moyen-Âge. Dans les cours provençales, premier reflet de l'esprit des cours galantes et raffinées à la manière andalouse qui se manifeste dans l'Europe chrétienne, les troubadours, sillonant d'un pays à l'autre, connaissaient très bien la moussiqua al-âla ainsi que l'utilisation des instruments de musique.

La composition de poèmes en arabe dialectal n'est pas récente dans le monde arabe. Nous connaissons la poésie d'Ibn Quzman, auteur des zajal, qui vécut en Andalousie au XIIème siècle. Si le zéjal médiéval est écrit dans le registre dialectal, il est absorbé par la métrique classique. Nous avons aussi la poésie, connue par le nom de malhoun, de Sidi Abderrahman El Majdoub, qui vécut au XVIe siècle.

Les instruments les plus usités dans la musique arabe étaient l'oud (عود), ancêtre du luth européen employé parfois comme basse mélodique ou rythmique dans les ensembles instrumentaux, et le nay, une flûte de roseau. Les instruments à percussion les plus courants sont des tambours en forme de sabliers (comme la darbouka دربكة et des tambourins avec ou sans clochettes (daff ou târ). Les noms et les formes des instruments varient en fonction de leur région d'origine. Des instruments à anche double, de différentes tailles, tels que le mijwiz au Liban et le mizmar en Égypte, sont utilisés lors de célébrations en plein air. Le rebab arabe, violon à pointe joué verticalement, peut être historiquement apparenté au violon européen, lui-même adopté dans de nombreuses régions arabes, notamment dans les orchestres arabo-andalous. Parmi les autres instruments classiques figure le Qānun(قانون‎) - adopté dans l'Europe médiévale sous le nom de canon), cithare à soixante-douze cordes métalliques.

La forme du Zajal apparaît déjà chez certains des plus anciens comme Guillaume de Poitiers. Au nord de la France nous trouvons une multitude de ballades et de rondeaux écrits en forme de zéjel, certains datant du XIle et la majorité du XIIIe siècle. Le célèbre rondeau "La Belle Aëliz", dans le "Jeu de Robin et de Marion" d'Adam de la Halle, est un zéjel de la forme Ia plus pure.

Malgré la chute de Grenade et celle de la dynastie des Banû al-Ahmar, en 1492, les us et coutumes des musulmans, et plus particulièrement leur tradition musicale de al-Andalous, perdureront. Les morisques, ministriles et zambreros sont toujours sollicités par les chrétiens pour participer à la vie musicale à l'occasion de fêtes sacrées et profanes.

Le grand Guillaume de Machaut nous a donné maintes preuves de sa connaissance très approfondie de la musique et des instruments de musiques arabes.

En Italie, la forme du zéjel apparaît pour la première fois dans l'éloge de Fra Jacopone da Todi, disciple de St François d'Assise. De nombreux frottola, forme poético-musicale florissante en Italie au début de la Renaissance. C'était le style prédominant des chansons populaires italiennes composées entre 1470 et 1530. Ce fut le style le plus important avant l'apparition du madrigal.
 

Contributions

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Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musique arabo-andalouse

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<br /> Les poètes Ahmed Lemsyeh et Mourad Kadiri à Madrid pour participer à une rencontre sur "le Zajal Marocain"<br /> <br /> Organisée à l'initiative de la Fondation "Casa Arabe" (La Maison Arabe), la rencontre, sous forme de table-ronde suivie de débats, sera animée par Mercedes Aragon Huerta, professeur à l'Université<br /> de Cadiz et Francisco Moscoso, professeur des études arabes et islamiques à l'Université autonome de Madrid, qui a traduit à l'Espagnol les recueils "L'oiseau de Dieu" (Pàjaro de Dios), de Mourad<br /> Kadiri et "Hal Wa Ahwal" (Estado y Estados) et "Ghzel Lebnat" de Ahmed Lemsyeh.<br /> <br /> Le recueil de Mourad Kadiri, "L'oiseau de Dieu", est paru aux éditions Espagnoles "Alcal". Celui de Ahmed Lemsyeh "Hal Wa Ahwal" a été publié par le service des Publications de l'Université de<br /> Cadiz.<br /> <br /> Les deux poètes Marocains devront animer, par ailleurs, deux soirées poétiques mercredi et jeudi prochain respectivement à Madrid et à Grenade, en compagnie de leur traducteur Francisco<br /> Moscoso.<br /> <br /> Les organisateurs de la rencontre décrivent les poètes Ahmed Lemsyeh et Mourad Kadiri comme les "représentants de la première et la deuxième génération des poètes populaires qui, depuis les années<br /> 1980, écrivent en arabe dialectal marocain et ont opté pour une poésie libre et contemporaine qui se démarque de la Qasida classique ou du Melhoun qui ont une si large tradition au Maroc".<br /> <br /> Né en 1965 à Salé, Mourad Kadiri, est membre de l'Union des écrivains du Maroc, de la Maison de la poésie au Maroc et du groupe "Poètes du Monde". Il est l'auteur de trois recueils "Lettres du<br /> palmier de la main" (Hourouf Al Kaff-1995), "Filage de filles" (Ghzel Lebnat-2005) et "L'Oiseau de Dieu" (2007).<br /> <br /> Son compatriote Ahmed Lemsyeh, né en 1950 à Sidi Smail (région de Doukkala-Abda), a occupé plusieurs fonctions dans des institutions culturelles marocaines et arabes et collabore avec diverses<br /> revues spécialisées ainsi qu'avec des journaux. Il est considéré comme l'un des rénovateurs de la poésie moderne marocaine et utilise aussi bien l'arabe classique que le dialecte marocain dans ses<br /> créations.<br /> <br /> Il a commencé son itinéraire poétique en 1976 avec le recueil "Riyah: al-lati sata'ti " (les vents qui viendront). Viendront ensuite une douzaine d'autres recueils dont certains ont été traduits en<br /> Espagnol comme (Hal wa-ahwal) (2003).<br /> <br /> Créée en 2006, la fondation "Casa Arabe", dont le siège se trouve dans la capitale Espagnole, oeuvre pour la consolidation des relations et de la connaissance mutuelle entre l'Espagne et le monde<br /> arabe et musulman.<br /> <br /> 21/05/2011 15:44.<br /> <br /> <br />
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