Le chant Qawwali, chant sacré soufi du Pakistan

Publié le 24 Mai 2008

Le chant Qawwali est un chant sacré soufi du Pakistan, révélé au grand public occidental par Nusrat Ali Fateh Khan. Il s'agit de la tradition du chant mystique soufi la plus pure qui est généralement exécuté dans les sanctuaires soufis au Pakistan et en Inde. Parmi les autres qawwals célèbres on peut citer les frères Sabri, Aziz Mian, Rizwan-Muazzam, Abida Parveen.

Le qawwali est une forme musicale syncrétique de l'islam hétérodoxe (on nomme ainsi les doctrines non orthodoxes des soufis, un groupe d'ascètes et de mystiques) en Asie du Sud. Le terme, qui est dérivé de l'arabe qaul (dire, credo, parole) désigne à la fois un genre musical de l'Inde et du Pakistan et sa manifestation.
 Les longs poèmes de la tradition qawwali parlent du vin, métaphore de la foi, leurs longs sanglots d'amour sont ceux de la passion divine.
On retrouve ce genre musical tant en Inde qu'au Pakistan qui exprime une dévotion islamique soufi. Il trouve son origine dans l'Inde du XIVe siècle, son fondateur est censé être Amir Khusrau Dehlavi.
Un ensemble traditionnel de qawwali est généralement composé de neuf hommes: deux chanteurs principaux qui jouent de l'harmonium, cinq chanteurs de refrains qui battent la mesure avec leurs mains, un joueur de tablâs et un joueur de tambour dholak. Les chansons durent généralement une quinzaine de minutes.
La chanson connait une montée du tempo et du pathos, chaque chanteur essayant de se surpasser en terme d'arabesques vocales. Quelques chanteurs exécutent de longues périodes d'improvisations sur le sargam, dialoguant souvent avec un apprenti chanteur. Les chansons finissent habituellement de façon abrupte.
Le qawwali est généralement exécuté dans les sanctuaires soufis au Pakistan et en Inde. Le genre a gagné une renommée internationale par l'intermédiaire de son défunt maître pakistanais, Nusrat Fateh Ali Khan. Parmi les autres qawwals célèbres on peut citer les frères Sabri, Aziz Mian, Rizwan-Muazzam, Abida Parveen.
Quelques musiciens de rock ont introduit dans certaines de leurs compositions des sonorités qawwalî : Jeff Buckley (dans certaines versions de Dream brother), qui a invité Nusrat Fateh Ali Khan, ce dernier d'ailleurs très proche de Peter Gabriel.
Lors du Festival de Musiques Sacrées de Fès, l'Ensemble Qawwali de Mehr Ali et Sher Ali n'a besoin d'aucun artifice pour prendre possession de l'enceinte imposante de Bab El Makina. Habitués à se produire dans le grouillement humain qui se presse aux sanctuaires des Saints soufis lors de leur célébration au Pakistan, les dix chanteurs de cette formation imposent la passion de leur musique dès le premier hymne à Ali qui lance leur concert. Lent, mesuré, ce début en l'honneur du beau-frère du Prophète révèle déjà l'originalité du groupe, qui se confirme tout au long d'un concert baigné de magie.

Mehr Ali et Sher Ali s'appuie essentiellement sur le jeu des timbres. Entre les voix des chanteurs battant des mains et celles des deux frères, se tissent de délicats frottements, de très savants entremêlements de grains qui portent l'art du chant en chœur à un degré de raffinement rare. Inexorablement, le tourbillon velouté de leurs voix transporte l'auditeur envoûté vers l'illumination.


Sources

Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musiques du monde

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