La Rachidia

Publié le 25 Juillet 2008

La Rachidia (المدرسة الرشيدية), ou Association de l'Institut Al-Rachidi de musique, est un institut de musique tunisienne qui voit le jour en 1934 grâce à une élite de mélomanes dirigés par Mustapha Sfar (Cheikh El Médina de Tunis).

En 1929 était fondé un Haut Institut de la musique arabe dans lequel la musique instrumentale trouvait place aux côtés de la musique vocale. Le nouveau style eut un tel succès qu'un groupe de musiciens d'Algérie et de Tunisie jugea nécessaire, en 1934, de fonder la Rachidiyya, un groupe qui se consacrait à en combattre l'influence et à ranimer les vieilles traditions de l'orchestre ma'luf de ses partitions nuba.  C'est la première institution musicale en Tunisie et une des plus vieilles institutions de musique arabe. La création de la Rachidia en 1934 fut le fruit de la volonté d'une élite de mélomanes et à leur tête, Mustapha Sfar (1898-1941), musicologue, lettré, et grand commis et cheikh de la ville de Tunis. 

L'appellation "Rachidia" fait référence à Mohamed Rachid Bey (1710-1759), troisième prince régnant husseinite, qui fut un amateur de musique éclairé. Réfugié en Algérie lors du grand conflit guerrier entre les Husseiniyas et les Bachiyas (1736-1756). Fin lettré et grand amateur de musique, il s’intéressa durant les vingt années de son exil à étudier le chant andalou et se divertit par la composition de la musique et de la poésie ; l’agencement du malouf et la fixation de l’alternance de ses composantes ainsi que l’inoculation d’éléments grecs et turcs, dont les bachrafs, lui sont attribués (Waraqat, H. H. Abdul-Wahhab).

Notons à ce propos qu’à cette époque il était d’usage de donner aux associations civiles le nom d’une notabilité de la dynastie régnante, sorte de «bénédiction» préalable pour éviter la censure et obtenir l’autorisation du Résident général de France. Car en dépit de l’appellation empruntée à cet aïeul, il n’existe aucun lien entre la Rachidiyya et le régime beylical, d’ailleurs étranger à toute action édificatrice dans le pays ; l’institution musicale prit naissance dans un contexte de pure verve nationaliste stimulée par l’acuité des conflits politico-religieux, aucune personnalité officielle du Palais ou de la famille royale n’en faisait partie.

Au contraire, les beys continuaient à consommer l’art consacré par l’ensemble des citoyens sans souci particulier d’actualité ou de qualité, séances d’opium et cérémonies de transes Issawiya comprises. Le congrès eucharistique de 1930, tenu à Carthage, qui donna lieu à une réédition folklorique des croisades serait à l’origine de la fougue nationaliste qui s’en suivit. Après l’entreprise de francisation, il prôna la christianisation du pays profondément musulman.

Mustapha Sfar, avec la collaboration étroite de Mohamed Triki et Khémaies Tarnene, voulait faire revivre la musique andalouse dans les règles de l'art. L'institution a fonctionné comme une école dont la tâche principale était de répertorier le Malouf.

La Rachidia, en régénérant le patrimoine musical, a aménagé des structures de conservation de cette richesse, a garanti la transcription des œuvres et en a assuré la survie.

A partir de 1940, "l'effet Rachidia" a inspiré de nombreux créateurs. La Chanson "Foundou", devint dominante. La réalité musicale de la Tunisie en fut transformée.

Étymologie

Le nom de La Rachidia est choisi en référence à Rachid Bey, troisième souverain husseinite, qui fut initié à la musique par sa mère, une aristocrate italienne[1]. Il s'intéresse donc particulièrement à la musique et à la chanson venues d'Andalousie et œuvre à enrichir la musique tunisienne par celle venant de Turquie (notamment au niveau des règles et des rythmes). Ce souverain met en place une école de musique au palais beylical qui est conservée sous le règne de ses successeurs.

 

Histoire

Deux ans après le congrès de la musique arabe organisé en mars 1932 au Caire, La Rachidia voit le jour en réaction à l'envahissement des espaces publics (cafés) par les disques orientaux, à l'apparition de chansons tunisiennes en français (défense de l'identité nationale en période de colonisation) et aux effets d'une chanson alors considérée comme « de bas étage »[1]. Dans une première étape, l'institution vise donc la sauvegarde du patrimoine musical tunisien dont le malouf et ses variantes. Dans une seconde étape, elle vise la documentation d'un patrimoine considérable : les premiers essais d'adaptation de notation musicale sont exécutés par Mohamed Triki[1].

Les premières années suscitent l'enthousiasme des paroliers et des musiciens. Ces derniers, réunis au sein d'une cellule (khaliya), donnent leur premier concert au Théâtre municipal de Tunis. La Rachidia recrute ses premiers éléments féminins : Chafia Rochdi, Saliha et Fathia Khaïri. Cette phase de développement se poursuit après l'indépendance avec la création par Khemaïs Tarnane d'un conservatoire pour l'apprentissage du malouf qui donne un second souffle à l'institution avec l'apparition des figures de Tahar Gharsa, Mohamed Saâda, Abdelhamid Ben Aljia, Ridha Kalaï, Naâma ou encore Oulaya[1]. À partir des années 1950, l'enseignement y est introduit avec la même mission de sauvegarde du patrimoine et d'encouragement de la créativité et de l'innovation chez les jeunes musiciens de tous horizons.

Avec le lancement de l'orchestre de la radio-télévision tunisienne, on assiste à une désertion de l'orchestre de La Rachidia. Après le décès de Tarnane en 1964, Tahar Gharsa est nommé responsable de l'ensemble vocal jusqu'en 1978. Par ailleurs, une décision présidentielle est prise en 1991 pour renforcer le budget de l'institution et la réhabiliter par la relance de la troupe première, l'actualisation du patrimoine musical national, la réintroduction de l'enseignement et l'encouragement des créateurs dans toutes les branches de la musique, une mission dont est chargé Ben Aljia avec l'aide de Tahar Gharsa. Le fils de ce dernier, Zied Gharsa assure la direction de l'ensemble musical à partir de 2003[1] et remplace Ben Aljia à la tête de l'orchestre en juillet 2006.

 

Activités

Le comité artistique assure la charge de la collecte du patrimoine et de la révision des nouvelles compositions. Le deuxième comité, composé de poètes et d'auteurs, se penche sur l'étude des textes des chansons.

La Rachidia anime des concerts tous les mois à l'Institut supérieur de musique qui en est le siège. En 2005, l'ouverture du Festival international de Carthage est consacré à célébrer les 70 ans de cette institution.


Références

  1. abcde  (fr) Adel Latrech, « L'auteur de l'efflorescence de la Rachidia », La Presse de Tunisie, 1er février 2008


Source puisées sur Wikipedia - aucune vérification quand au contenu de la source et s'il s'agit d'un plagiat ou non. La vérififiabilité s'exercera ultérieurement par mes soins.

Rédigé par Musique arabes

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A
<br /> La Rachidia retrouve son bureau limogé<br /> La Presse | Publié le 17.03.2011<br /> <br /> Les dessous d’un imbroglio<br /> L’Association de l'Institut Ar’Rachidi de musique, connue sous le nom de la Rachidia, a une grande responsabilité sur les épaules, celle de la sauvegarde du patrimoine musical traditionnel<br /> tunisien, son développement et sa diffusion. Bref, sa pérennité. Les plus grands sont passés par cette école : Hédi Triki, Oulaïa, Saliha, Naâma et j’en passe. Ils ont contribué à sa gloire et elle<br /> a fait leur rayonnement. Avec le déclin qu’a connu la musique tunisienne et son industrie quasi inexistante, qui durent depuis plusieurs années déjà, des interrogations émergent souvent à propos du<br /> rôle que peut jouer la Rachidia pour changer cette donne et mettre notre musique au goût du jour. Seulement, pour pouvoir assurer cette tâche qui n’est pas des moindres, il faudrait encore qu’on la<br /> laisse faire.<br /> <br /> Le 14 janvier a apporté son lot de surprises pour la Rachidia aussi. Elle vient, en effet, d’être «reprise» par son bureau exécutif «légal», écarté sous les ordres du palais il y a quelque mois, en<br /> pleines préparations du 75e anniversaire de l’institution, et ce, en faveur d’un bureau «imposé» par le copinage, sans aucune légitimité. L’on se rend de plus en plus compte de la machine<br /> machiavélique qui était en place et qui gouvernait le pays, mais de là à parachuter un des «tuteurs» de notre identité culturelle, selon les humeurs de personnes totalement incompétentes, il y<br /> avait une ligne rouge qu’on a franchise, comme si de rien n’était. Quand on pense que l’on n’a pas hésité à faire du patrimoine archéologique un business ou des pièces de décor d’intérieur pour<br /> villas balnéaires, on s’étonne moins, mais on s’indigne plus.<br /> <br /> Mystère et compagnie<br /> Bref, pour retourner au cas de la Rachidia, Me Mohamed Hamouda, le président du comité directeur, nous explique ce qui s’est passé : «Au cours de notre mandat de trois ans, qui prend fin cet été,<br /> nous avons pris la décision de célébrer le 75e anniversaire de la Rachidia en bonne et due forme. Au bout de deux réunions de réflexion auxquelles ont participé les amis de l’association et des<br /> intervenants de la vie musicale, nous avons projeté une manifestation à trois volets : académique avec une série de conférences à Dar Hassine, festif sur les places publiques de la Médina et<br /> classique avec des concerts de la troupe de la Rachidia et de troupes maghrébines. Au bout de sept mois de préparation et à quelques semaines de l’événement, le ministre de la Culture de l’époque<br /> a, sur ordre du président de la République, ordonné la suspension des manifestations. Il a été chargé de nous transmettre le mécontentement du palais. Or, selon la loi des associations, seul le<br /> ministère de l’Intérieur était habilité à le faire. La situation est donc devenue illégale. De même pour le bureau qu’ils ont installé». Mystère ! Pas d’explication qui vaille. Tout porterait à<br /> croire que des mains invisibles, dont l’activité de ce bureau n’arrangeait pas les intérêts, sont derrière cette action. Me Mohamed Hamouda affirme, en effet, que le bureau a reçu, peu avant son<br /> «renversement», une inspection financière, sans doute pour l’intimider. Quand le bureau illégal a été nommé, les membres légitimes ont décidé, ensemble, de ne pas démissionner et de ne pas<br /> dissoudre leur bureau. Ils n’ont peut-être pas eu tort de le faire, puisqu’après le 14 janvier, plus personne du bureau illégal ne s’est montré, à commencer par sa directrice, une amie proche de<br /> Leïla Ben Ali. «Ils ont tout laissé, continue l’avocat, et nous avons découvert qu’ils étaient déjà en désaccord. Plusieurs lettres de démission ont été en effet trouvées et la Rachidia passait par<br /> une période creuse». Pire encore, le ministère de l’Intérieur n’a aucune trace de ce bureau qui devait, dans une procédure légale, se déclarer auprès de lui. L’ancien bureau a, de ce fait, repris<br /> les choses en main, en considérant ce qui s’est passé comme une parenthèse dans l’histoire de la Rachidia. Sa structure de départ a été maintenue sauf pour le président (Mohesen Boulihya) qui a<br /> démissionné pour des raisons de santé et qui a été remplacé par Me Mohamed Hamouda.<br /> <br /> La priorité à la relance<br /> Le plus urgent pour ce bureau est de rétablir la légalité de l’association, de relancer l’enseignement et de préparer la tenue de l’assemblée générale élective qui aura lieu cet été. 300 élèves ont<br /> d’ores et déjà repris les bancs de l’école à la Rachidia et la réouverture du club de Malouf est imminente. Autre priorité, la consolidation des acquis de l’institution et sa modernisation. Le site<br /> internet en sera le principal véhicule, en parallèle avec le projet de numérisation du patrimoine musical, le tout en gardant un bon contact avec le ministère de la Culture. Me Hamouda nous parle<br /> également de l’ouverture sur les artistes confirmés de la scène musicale tunisienne, ainsi que du nécessaire passage de témoin aux jeunes. «La Rachidia est en perpétuel devenir, grâce à sa jeunesse<br /> qui en est l’âme», affirme-t-il. Sur le long terme, des efforts devront être fournis pour dynamiser la musique traditionnelle tunisienne. «Pour les spectacles, ce n’est pas le moment», explique le<br /> président du comité directeur. Il faudra aussi sensibiliser les sociétés privées quant à l’importance de financer les institutions culturelles en plus des événements culturels. En ce qui concerne<br /> l’indépendance de l’association, notre avocat est convaincu que la loi des associations est susceptible de la préserver. Il ajoute que cela dépend des personnes, «car l’indépendance est en fin de<br /> compte un état d’esprit». A méditer !<br /> Ce serait occulter la réalité que de ne pas évoquer le phénomène et l’effet Zied Gharsa, le directeur artistique depuis environ cinq ans, sur les événements que la Rachidia a connus avant et après<br /> le 14 janvier. Me Hamouda a élégamment évité d’en parler, mais nous savons que M. «Malouf» était en désaccord avec ce bureau, pour des raisons de pouvoirs étendus, ce qui a au moins contribué au<br /> «limogeage» de ce bureau. Est-il dans l’intention de ce dernier lui rendre la pareille ? Sûr, l’on est loin de l’épilogue de l’affaire…<br /> <br /> Voici par ailleurs la liste et les responsabilités de ce bureau :<br /> M.Mohamed Salah Mehdi : président d’honneur<br /> M.Mohamed Hamouda : président<br /> M.Moadh Djellouli : vice-Président<br /> Mme Radhia Riza : vice-Président<br /> Monsieur Mohamed Hédi El Mouhli : secrétaire général<br /> M.Mohamed Ben Othmane : secrétaire général adjoint<br /> Mme Monia Ben Tahar : trésorière<br /> M.Mohamed Ridha Mejri: trésorier adjoint<br /> MM.Mokhtar Mestayser, Lotfi Cherif, Mohamed Oueslati et Zouhaier Jdid : membres<br /> <br /> Narjès TORCHANI<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Ben Algia dans la pensée<br /> <br /> La Rachidia inaugure sa saison (2010-2011) ce soir, à la Bonbonnière, avec un hommage à l’un de ses plus grands maîtres historiques, feu Abdelhamid Ben Algia. Noble pensée et juste reconnaissance :<br /> Abdelhamid Ben Algia fut un militant de la musique tunisienne et un père protecteur pour le malouf. Son action au sein de l’auguste institut s’échelonna sur trois longues décennies au cours<br /> desquelles, aux côtés du cheïkh Khemaïess Tarnane puis du regretté Tahar Gharsa, il contribua au maintien et à la diffusion de notre riche patrimoine andalou, y apportant, en particulier, son<br /> immense savoir des divers répertoires anciens (noubas, achghals et foundous) et sa touche exceptionnelle d’interprète, héritier des écoles pionnières du chant classique.<br /> <br /> Abdelhamid Ben Algia ne bâtit pas sa carrière sur la composition musicale et son «corollaire» de toujours, la chanson de variétés. On ne lui connaît que très peu de créations personnelles. Ce<br /> n’était en vérité qu’apparence. Dans toute la profession, et tout au long d’un parcours au long souffle, ses pairs, ses élèves et ses disciples, tant à l’Ertt où il dirigea la troupe principale,<br /> qu’à la Rachidia, reconnaissaient en lui l’enseignant et l’érudit, de même que (chose rarement mise en évidence) le «retoucheur» de génie, grâce aux conseils duquel se parachevèrent les meilleurs<br /> succès des années 60-90.<br /> On ne sait peut-être pas encore quel fut le poids réel de Abdelhamid Ben Algia dans la musique traditionnelle. Sa formation, d’abord, s’effectua dans les cercles élus du chant des zaouias. Là il<br /> découvrit et maîtrisa, tôt, les nuances ardues de nos toubous typiques. Auprès du cheikh Banaouess, ensuite, il accumula des connaissances poussées et approfondies des «salassels» de la Tariquà<br /> (savantes comme populaires) ainsi que de l’essentiel du répertoire turco-andalou. Autodidacte assidu, il se forgea, enfin, une culture musicale complète, étudiant le contrepoint, l’harmonie et la<br /> polyphonie, et se familiarisant avec les chefs-d’œuvre de la musique classique occidentale.<br /> Un maître dans toute son envergure, Si Abdelahmid est, sous des «dehors» sévères, bourrus, un artiste d’une sensibilité et d’un raffinement à nuls autres pareils. Un homme juste, qui plus est,<br /> irréductible défenseur des mérites et des talents. Il vécut mal, comme beaucoup d’entre nous, l’avènement de la chanson commerciale et du star-system arabe, mais il n’y céda jamais. Il fut toujours<br /> aux côtés des meilleurs, des vrais artistes, et combattit jusqu’à la fin de sa vie ceux qu’ils appelait, (sans en démordre), «les charlatans du métier».<br /> <br /> Il eût signé sans hésiter<br /> Ziad Gharsa, qui a pris sa relève à la direction artistique de la Rachidia, a concocté ce soir, en son souvenir, un programme qu’il eût signé sans hésitation aucune. Une ouverture sur le mode<br /> «Dhil», majestieux maquam Tounsi, qu’il affectionait tant, et dont il savait si bien communiquer la teneur et l’ampleur, deux suites (sika tunisienne et H’ssine) et quelques joyaux de la chanson<br /> rachidienne de l’âge d’or qui seront interprétés par la chorale et par une jeune soliste chanteuse pour laquelle il prédisait un grand avenir, Rihab Esseghaïer.<br /> <br /> Belle palette et un concert inaugural qui promet plaisir et émotion : que demander de plus à la musique?<br /> <br /> Khaled TEBOURBI<br /> <br /> <br />
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K
<br /> En 1934 Mustapha Sfar, entreprit un court périple à Constantine pour assister à un congrès islamique et constata l’intérêt que portaient les Algériens au chant andalou (gharnati) et la dynamique<br /> avec laquelle des associations locales dont la Mutribiya d’Alger menaient une activité remarquable pour l’émancipation des arts traditionnels. A son retour, il jugea que le contexte général était<br /> propice pour que ses compatriotes en fassent de même et créent leur propre société. Avant-gardisme<br /> <br /> Avec le recul chronologique qui se doit, nous pouvons avancer, sans erreur grossière, que la Rachidiyya fut en son temps à l’avant-garde de la vie artistique à bien des égards. 1. Par opposition<br /> aux musiciens de rue dits artistes populaires qui sillonnaient la ville tels des mendiants, les fondateurs ont voulu donner une image plus noble et plus cultivée de l’artiste tunisien et encourager<br /> la population, principalement citadine, à pratiquer la musique sans hésitation malgré la mauvaise réputation de certaines artistes femmes ; ainsi ont-ils fait appel à des érudits connus autant pour<br /> leur savoir que pour leur droiture afin d’encadrer des célébrités dont les provenances n’étaient pas «tolérables». Le journaliste Salah Ridha Lahmar appellera d’ailleurs à l’épuration du milieu<br /> artistique de la «women connection» qui ne cessait d’alimenter le milieu par des «artistes de bazar» portant préjudice à l’action civilisatrice de l’art (Leila, 1938).<br /> 2. C’était l’époque des chanteurs vedettes et des divas de mœurs suspectes obéissant à des conditions de travail particulières ; ils se produisaient partout, sans souci de lieu ou de public : dans<br /> les salles de théâtre, les demeures privées (fêtes de circoncision et de mariage), les music-halls, les cafés-chantant, les cafés maures et même dans des endroits ambigus ou encore dans des<br /> tavernes de basse gamme (mikhanas).<br /> <br /> La Rachidiyya fera très attention aux lieux où elle se produit ; ses concerts moutarahat seront donnés régulièrement au théâtre municipal, à son club de la rue du Pacha mis à sa disposition par son<br /> propriétaire Mohamed Lasram, puis à son siège de la rue ed-Driba où elle élira définitivement domicile. La radio publique aura le mérite de diffuser en direct les auditions hebdomadaires de la<br /> troupe jusqu’à la fin des années cinquante.<br /> 3. C’était également l’euphorie du théâtre lyrique qui s’était déjà emparée de l’Orient, notamment l’Egypte, et dont la «mode» a été aussitôt transmise par les troupes visiteuses. L’éclatement de<br /> la musique, la multiplication des salles et la prépondérance du répertoire à majorité égyptien, originel ou à défaut recomposé par des résidents égyptiens, ne seraient pas étrangers à ce<br /> phénomène.<br /> <br /> 4. C’était enfin le climat de superficialité indécente qui régnait sur cette société de l’entre-deux-guerres en mal d’évolution et que les chanteurs israélites ont longtemps entretenu au nom de la<br /> particularité tunisienne qu’ils prétendaient sauvegarder. La presse dénigrera d’ailleurs leurs chansons anodines que la radio égyptienne avait l’habitude de diffuser au nom de la musique tunisienne<br /> et dont les interprètes «n’avaient de tunisien que la résidence» (al-Masrah, 1937). C’est éventuellement pour cette raison que l’on ne retrouve pas dans les registres de la Rachidiyya des noms<br /> d’interprètes israélites pourtant célèbres ; seuls Albert Botbol et Khaylou, violonistes qualifiés disait-on, ainsi que Yossef Gannouna cithariste, figurent parmi les instrumentistes non musulmans<br /> ayant participé aux premiers concerts et ne tarderont pas à être remplacés.<br /> Mohamed Triki, chef d’orchestre en 1939, fera appel à des instrumentistes étrangers et les intégrera dans l’orchestre tels l’Italien Bonura (violoncelle), l’Espagnol Alexandre (contrebasse) et un<br /> joueur de flûte traversière, probablement français ; le peintre Hatem El Mekki (1918-2003) qui collaborait avec la revue ar-Radiou was-sinima rendra compte de cet événement dans un style<br /> cocasse.<br /> <br /> La Rachidiya devait ainsi combattre les origines du mal et s’opposer à la médiocrité sur plusieurs fronts : par la formation d’une troupe homogène et la constitution d’un corpus de compositions de<br /> bonne facture, outre le concours d’interprètes tunisiens célèbres en dépit de leurs prestations quelquefois «irrégulières». Mais la plus importante réalisation sera sans doute l’institution d’un<br /> enseignement musical original qui saura concilier la méthode «alla franca» et les besoins de l’ethos de la «tunisianité». Plusieurs générations de musiciens et de compositeurs fréquenteront ses<br /> classes tels Kaddour Srarfi, Salah al-Mahdi, Abdelhamid Belaljiyya, Tahar Gharsa et Mohamed Saada.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> TUNIS, 16 oct. 2010 (TAP) - Un nouveau bureau directeur de l'association de l'institut de la Rachidia de musique tunisienne a été élu, lors de la l'Assemblée générale extraordinaire de<br /> l'association, tenue le 08 octobre 2010.<br /> <br /> Les responsabilités au sein de ce bureau ont été réparties comme suit:<br /> <br /> • Mme Nabila Ben Hassine: Présidente<br /> • Mme Yosr Ben H'mida Ben Mustapha: Présidente adjointe<br /> • M. Hatem Derbal: Secrétaire général<br /> • M. Riadh Ben Om Hani: Secrétaire général adjoint<br /> • M. Belhassen Bel Haj Yahiya: Trésorier Membres:<br /> • MM. Moncef Sellami, Ridha Kammoun, Mohamed Messaoud Driss, Khaled Tebourbi, Anis Meddeb, Khalil Wenzerfi et Ridha Khouini<br /> <br /> <br />
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