Aïcha Kendicha comme source d'inspiration de la culture orale
Publié le 13 Décembre 2008
Il s'agirait selon la légende répandue dans tout le Maroc d'une comtesse portugaise qui ne portait pas le voile est qui a des variantes selon la tradition orale.
Elle est indéniablement une femme immortelle largement métissée car elle à la fois chleuh, portugaise ("Aicha la comtessa") et même soudanaise...Elle est un jinn féminin qui possède le corps d’une femme et les pieds d’un chameau.
Ce mythe se rapproche de l'épisode de l'Odyssée d'Homère lorsque les sirènes qui attiraient Ulysse et ses compagnons et dont un stratagème adroit lui permet d’entendre le chant sans succomber faces aux créatures séduisantes et redoutables. Aïcha Kandicha est l’un des génies les plus populaires au Maroc, avec le Ghoul, sorte d’ogre dont on ne se lasse pas de raconter les histoires pour faire peur aux enfants.
Ces démons sont des créatures dont l’existence remonte au temps de l’Arabie préislamique et forment une des armatures principales de la mythologie populaire au Maghreb.
Aïcha Kandicha est une figure de la mythologie marocaine et ouest algérienne. Elle est souvent présentée sous les traits d'une très belle sorcière, qui reste à l'écart du monde et qu'il ne faut pas déranger sous peine de s'en attirer les foudres. On raconte ainsi souvent aux enfants : "attention, sinon Aïcha Kandicha va venir te chercher !" et c'est un mythe encore très vivant dans la culture contemporaine de cette région...
Cette créature est connue également sous diverses appellations comme Lalla Aïcha, Aïcha Soudaniyya, Aïcha l'gnaouia, est décrite selon les légendes comme une femme fascinante et terrifiante et apparait près des lieux humides, qu'elle n'aime pas les hommes ou qu'elle mange les petits enfants qui font des bétises.
Vétue avec de belles étoffes, pour cacher des seins pendants et des pieds de chamelle (ou de chèvre, ou encore de mule). A remarquer que tous les djinns, dans l'esprit populaire marocains, sont affublés de pieds de mouton. Aïcha les cache soigneusement. Elle est souvent décrite pour attaquer les voyageurs égarés.
Inlassable séductrice, malheur à celui qui couchera avec elle sans avoir découvert son identité ou s'être protégé en plantant un couteau dans la terre, elle détourne quantité d'hommes qui sont ainsi voués au célibat ou, s'ils sont mariés, voient leur vie conjugale frappée par la mésentente, l'impuissance, la maladie, la stérilité...Elle est parfois associée par plusieurs chercheurs à Astarté ou encore à qandicha et qedecha, prostituée sacrée du Proche-Orient antique.
La légende fais passer des choses du style : c'est moi ...je vais hanter tes rêves et étouffer tes souffles ...je vais te suivre comme ton ombre , tu m'entendras chuchoter dans tes oreilles et avec moi tu verras toutes les couleurs ...je ne te quitterai jamais jusqu'à te trouver une place à Berrechid !
Symbole de la résistance amazigh contre l'envahisseur portugais
Des forumistes se disputent même l'origine ethnique de Aicha Kendicha qui était une jeune berbère très belle qui vivait avec sa tribu à Jorf Sfar, à quelques kilomètres d'El Jadida. Après le débarquement de l'envahisseur portugais qui a massacré toute la tribu et l'ont violée. Véritable symbole de la résistance, elle se réfugie alors dans les pleines environnantes et organise une milice pour combattre les envahisseurs. Pour empêcher que plus de volontaires ne s'engagent sous ses ordres, les portugais ont fait d'elle un monstre qui fait peur. On dira tout et son contraire à son propos...Mais ce qui la distinguait encore plus des autres femmes, c'est son rôle de chef d'une guérillas amazigh, lutant contre l'occupant du Maroc à l’époque, elle menait des attaques contre des intérêts et les positions du colonisateur avec succès et après elle se retirait dans les montagnes avec ses guérillas, pour l'occupant c'était impossible de mettre la main dessus, elle avait de plus en plus de succès, elle recevait beaucoup de soutient de la population et les gens s'engagèrent par dizaines dans sa guérillas séduits par son charme et son courage.
L’occupant, tout ce qu'il avait trouvé pour la vaincre, c’était la guerre psychologique, il avait cherché à casser sa réputation en inventant des histoires pour faire peur à la population…et ça a bien marché… le mythe de la femme djinns existe toujours…Aicha kandicha était à la base d'une des premières guérillas dans l'histoire, une guérillas qui avait plus de valeur et d'honneur que celles de nos jours.
Abdou Achouba réalise un documentaire terrifiant sur le sujet. Il est disponible à la médiathèque de l'Institut du Monde Arabe de Paris.
La légende est entendue à travers tout le Maroc. Pendant le moussem des possédés à Meknès, certains la vénèrent pendant le processus pour être libéré de la folie.
La derdeba, un rite ancestral pratiqué notamment par les gnawa qui se pratique la nuit (Lila), visant à transformer une possession morbide en une possession contrôlée. Au cours de la cérémonie, on invoque divers esprits liés à des couleurs, des saints vénérés par les confréries soufies marocaines, des entités féminines parmi lesquelles elle occupe une place de choix dans les confréries marocaines, non seulement chez les Gnawa mais aussi chez les Hamadcha pratiquent l'automutilation rituelle pour guérir de la possession par les djinns
Elle occupe une place d’honneur auprès du fondateur de la confrérie. A la fin de la derdeba, les Gnawa exécutent un air emprunté au répertoire des Hamadcha pour invoquer Lalla Aïcha et l’inviter à se manifester par une possession.
On éteint alors les lumières et on demande aux jeunes gens et aux enfants de sortir.
« Aïcha Kandicha » est connue pour être une séductrice qui aime séduire et posséder les adolescents, ce qui produit chez eux des troubles mentaux. La Moqqadema, une femme aux pouvoir de guérisseuse qui a des pouvoirs de guérison via la possession est possédée par Lalla Aïcha et elle prophétise. Les gens peuvent la consulter pour résoudre leurs problèmes et Aïcha répond par la bouche de son medium en transe.
Dans Elle, cette histoire raconte pour le cinéma marocain : la vie d'Omar devient un cauchemar le jour où une inconnue entre dans sa vie pour le persécuter. Troublé, Omar essaye de connaître l'identité de cette femme. Au fur et à mesure que le harcèlement s'intensifie, les amis d'Omar sont forcés de constater que l'esprit maléfique de Aicha Kandicha n'y est pas étranger. (http://www.c-brothers.be/)
Elle fait l'objet de discussions dans de nombreux forums de discussion marocains qui se posent la question, si elle existe en vrai ou si c'est une légende. L'épilogue de l'histoire se veut parfois rassurante, car la comtesse se marie avec son bien aimé et se converti à l'Islam pour devenir Aïcha.
Son écho dépasse la Méditerranée et est parfois comparée à la dame blanche en France qui apparaît la nuit, tout en blanc et qu'on la trouve sur les routes...Au Mexique, son histoire ressurgit étrangement penser à La llorona chantée par Chavela Vargas dont le poncho rouge fait penser un peu au habits portés par les berbères d'une certaine époque...
Abderrahim Amrani Marrakchi, le moqaddem de la tariqa hamdouchia précise aux chercheurs sur le sujet que Aïcha Kendicha n'a pas de relation avec hmadcha et le saint sidi Ali Benhamdouch et qui a la relation avec sidi Ali Benhamdouch. Il s'agirait plutôt de Lalla Aïcha Soudania qui possède la sagesse et des dons de guérison.
Aïcha Soudania
Le personnage de Aïcha Soudania que l'on appelle aussi Aïcha Moulat Lwad ou Aïcha El Hamdouchia en référence aux Hmadcha, a volé la vedette à son maître, le fondateur de la confrérie des Hamdacha en terme d'attrait. La croyance populaire lui attribue des pouvoirs magiques. Aïcha Moulat Lwad était, selon certains membres de la confrérie, une servante de Sidi Ali. Elle a été ramenée d'Orient par son disciple Sidi Ahmed Dghoughi, en vue d'un mariage avec son maître, Sidi Ali, pour obliger ce dernier à mettre un terme à son célibat. Mariage qui n'a jamais eu lieu, Sidi Ali étant décédé.
Selon la légende, Aïcha Moulat Lwad a le pouvoir d'aider les jeunes filles qui se prosternent sur sa tombe à trouver leur deuxième moitié. La prosternation pourrait être plus efficace, recommandent les gardiens des lieux dans un intérêt bien compris, si elle est accompagnée d'offrandes : un bouc, une poule (toujours noirs), des bougies... Le tout est posé dans une grotte prévue à cet effet, à l'ombre d'un figuier. Lequel s'est transformé en un arbre magique où les femmes accrochent un bout de tissu où un sous-vêtement pour que leur vœu d'amour soit exaucé ou pour qu'elles soient débarrassées des mauvais sorts.
Les milliers de sous-vêtement féminins jetés sur le figuier de Aïcha Soudania, sont récupérés et revendus dans les souks d'à côté. Pourtant, des gens de bon conseil prétendent que celui qui utilise ces sous-vêtements risque d'être frappé par la « tabâa » (la guigne).
Aïcha Kendicha fait l'objet également d'un air très connu des gnawa, notamment interprété par Hamid el Kasri.
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