La musique musulmane : des origines à la mort d'Ali

Publié le 8 Juillet 2009

Meknes 2278

La musique musulmane est le produit d'une fusion entre l'art oriental et l'art des pays conquis. Dans son domaine propre, elle a été également une tentative pour accorder l'intelligence occidentale à la sensibilité orientale, réalisant pour sa part, bien avant la Renaissance italienne, la liaison entre l'Antiquité grecque et le Moyen âge roman.

Ces musiques sont issues d'une vaste région géographique qui s'étend de l'Asie centrale à l'Atlantique constituent les branches d'une même famille musicale ayant pris naissance dans les foyers culturels du Proche-Orient et du Moyen-Orient. L'Afrique sub-saharienne et les Philippines méridionales possèdent aussi d'importantes communautés musulmanes, mais ces zones ont moins d'influence sur la musique islamique. Beaucoup de régions culturelles ont quasiment des identités propres, eu égard des origines ethniques et tribales des communautés qui les peuplent.

Toutes ces régions étaient reliées par le commerce bien avant les conquêtes islamiques du XIe siècle et il est probable que les styles musicaux aient, tout comme les marchandises, traversé les frontières. Comme l'Islam est une religion multiculturelle, l'expression musicale de ses adhérents est différente et variée. Les modèles musicaux indigènes de ces pays ont formé peu à peu une musique dévotionnelle appréciée par les musulmans contemporains.

Epoque arabe - des origines à la mort d'Ali (661)

L'esthétique musicale et la rythmique se confondent avec l'étude des genres poétiques, lesquels ne sont point de pures créations de l'esprit, mais correspondent à des besoins vitaux, à des fonctions sociales. Le chamelier ne saurait utilement mener par exemple son convoi sans lui imposer, une cadence d'ensemble et son chant, le Hidâ, répond à cet impérieux besoin. Ce rythme Hidâ nous est connu grâce aux métriciens arabes, qui en font le prototype de tous leurs mètres poétiques. C'est le rajaz, constitué par la juxtaposition de 6 pieds chacun de ces pied comprenant : deux longues, une brève, une longue ; la deuxième longue étant accentuée.

 Trompettes droites et timballes du peloton des étendards de la garde du khalife. Miniature d'un manuscrit arabe (XIIème siècle). Bibliothèque Nationale.

 

Le second rythme fondamental est le Khabab, aurait été suggéré par le galop du cheval. Il eut même des chants de guerre, d’amour, des chants de voyageurs (rhina ar-rokbâne), des chants funèbres (marâthi), réservé aux femmes.

La phraséologie musicale était simple, et calquée sur la structure musicale de versification arabe, lui-même divisé en deux par une césure très rigoureuse.

La monotonie importait peu : le chant n’était qu’un support qui devait faciliter l’effort de la mémoire, un moyen d’action magique de l’auditeur. 

Outre le tounbour, les Arabes connaissaient un instrument à cordes frottées et à table de peau, dénommé : rebab-al-chaâir (le rebec du poète) ; cet instrument de musique rudimentaire, aux sonorités grêles et grésillantes, excellait à soutenir la déclamation véhémente ou railleuse du poète (châir) devin de la tribu. Certains chanteurs s’accompagnaient aussi d’une sorte de petite harpe appelée mi’zaf, que l’on gratte tout en étouffant le son de certaines cordes. Il y avait encore le mîzhar, sorte de petite mandoline à deux cordes, sorte de tounbour simplifié, à l’usage du petit peuple. Le rythme, enfin est soutenu et battu au moyen du douff, sorte de boîte plate à double membrane, qui donne suivant la manière de battre, les deux percussions fondamentale : le dom (coup vibrant) et le tek (coup sec). 
L'instrument le plus important de la musique islamique est la voix, qui est utilisée souvent seule ou avec un accompagnement simple. Il existe différentes sortes de luths à cordes pincées, possédant un manche plus ou moins long. Le luth le plus couramment utilisé est le oud qui ressemble au luth européen. Il a inspiré de nombreux écrits théoriques. Les luths à cordes frottées, proches du violon, dont une variété porte le nom de rabab, sont également courants. Les instruments à vent les plus fréquemment utilisés sont ceux à double anche, de la famille du hautbois, et différentes sortes de flûtes à conduit. Le tambour en forme de vase (tablah ou darbouka) et le tambour de basque (duff, riqq, bendir) figurent parmi les instruments à percussion les plus joués. Les tambours à deux membranes et les petites timbales sont aussi très populaires.

Ni la légende ni l'histoire n'ont retenu des noms de musiciens célèbres de cette époque. Notons cependant, que le soin de chanter était dévolu aux femmes et aux esclaves.

Le premier muezzin de l'Islam fut un chanteur nègre du nom de Billal ibn Rabah, fruit de l'union d'une esclave éthiopienne qui devint le protecteur des musulmans de couleur et surtout de leurs musiciens. Deux femmes, interprètes préférées du poète Hassan ben Thabit, ayant mis leur voix au service de la nouvelle cause, sont pour les musulmans un souvenir vénéré, malgré leur sexe et leur qualité d'esclaves. C'était Sirine, et son élève Azza el-Maïla.

Meknes 2281

Dans la société musulmane, la nature de la musique a toujours fait l'objet d'une longue controverse. Traditionnellement, l'islam cherche à maîtriser la musique vocale et instrumentale afin de maintenir une certaine morale communautaire. Aucune musique ne remplirait mieux cet objectif que le chant coranique. Les autres musiques et les interprètes sont appréciés, acceptés ou bien condamnés par telle ou telle communauté islamique selon son degré de tolérance et selon la place qu'elle accorde à la musique. Le chant coranique est considéré comme le modèle parfait et n'a jamais été qualifié de musique, afin de ne pas être assimilé à des genres musicaux désapprouvés, ni influencé par eux. Cette conception morale de la musique n'a pas entravé son développement, mais demeure encore aujourd'hui une réalité culturelle.

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Musique musulmane, #Musiques arabes

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