Le décor dans l'art scénique et le théâtre japonais
Publié le 7 Septembre 2009
On observe deux grande tendances qui partagent le domaine du décor dans le théâtre japonais :
- l'une s'en tient aux anciennes traditions du théâtre kabuki,
- l'autre s'inspire du réalisme européen.
La légende veut que le théâtre japonais vienne d’un spectacle donné par les dieux pour faire sortir Amaterasu, déesse du soleil, de la grotte où elle s’était réfugiée. L’art dramatique japonais traditionnel est interprété exclusivement par des hommes, il allie le théâtre, la danse et le chant. Il existe quatre formes de théâtres :
- Kabuki, épique et populaire
- Bunraku, théâtre de marionnettes
- Nô, drame lyrique
- Kyôgen, farce
Les décors dits modernes sont en général construits selon des méthodes anciennes, en effet, le répertoire kabuki comporte une majorité de pièces anciennes et, pour décorer celles-ci, on se contente de suivre les modèles que les siècles ont éprouvés et perfectionnés. Style, dimension, dessin, coloris, tout est fixé d'avance. Le nom du décorateur est oublié, il n'y a pas de décorateur à proprement parler, mais seulement un maître technicien qui a la haute main sur les charpentiers et les peintres, jusqu'aux préposés au rideau de scène. Sa charge est héréditaire. Un des problème qui se posent pour lui est d'adapter les anciens décors stéréotypés aux plateaux plus spacieux des salles nouvelles.
L'origine des décors kabuki est obscure, car l'historien ne peut remonter au-delà de la période Genroku (元禄). Or le kabuki serait né au début du Xe siècle. En ce temps-là, il n'y avait pas encore de salles de spectacle et l'on jouait à ciel ouvert, dans des enceintes improvisées. Les premières salles kabuki furent construites au XVIIIe siècle. Leur ressemblance avec les salles shakespeariennes est saisissante.
La scène est équipée de plusieurs dispositifs : le plateau s'avance au milieu du public qui l'entoure de trois côtés. Protégée d'un rideau vert et noir, le hikimaku, que l'on tire dans le sens horizontal, sépare la scène de la salle (cet usage est resté). De cette même époque date l'invention du chemin de fleurs (hanamichi), plate-forme reliant la scène au fond de la salle et servant notamment à suggérer le lointain, qui s'avance au milieu du public. Jadis il y avait hanamichi, par lesquelles les acteurs pouvaient rentrer ou sortir. Seule subsiste aujourd'hui la principale, celle de gauche. De nouveaux décors, plus sophistiqués, ont fait leur apparition et les théâtres se dotent d'une machinerie complexe permettant de nombreux effets spéciaux.
Le théâtre kabuki actuel a subi l'influence de l'architecture européenne, mais surtout, vu le nombre croissant des spectateurs, on est obligé de construire plus grand. La scène a donc été allongée et elle forme un rectangle oblong, en contraste absolu avec le proscénium plutôt carré des théâtres à l'italienne.La scène présente une passerelle surélevée située au milieu du public pour ménager l'entrée des acteurs, l'hanamichi. Le public se trouve dans les balcons entourant la salle sur trois côtés. La scénographie associée au kabuki est complexe et requiert une scène rotative avec de nombreuses trappes dans le plancher. Au Japon, il existe de nombreux exemples de théâtres nô et kabuki modernes.
Tous les milieux défilent dans le théâtre kabuki : la cour et la ville, le grand monde et le demi-monde, le samouraï et l'homme du peuple. Et les formes ne sont pas moins diverses que les sujets. On trouve de tout dans le kabuki : la simplicité et le symbolisme du théâtre nô, des traits empruntés aux spectacles de marionnettes bunraku, de la danse parfois et parfois encore du chant, ici une expression hautement stylisée, là au contraire le réalisme le plus quotidien. A cette variété de thèmes et de forme correspond toute une gamme de décors allant de la simple toile de fond unie (noire ou bleu clair) à une décoration exubérante ou voisinent symbolisme, réalisme et expressionnisme. Mais toujours on s'attache à faire du spectacle une vivante harmonie de couleurs.
Le théâtre Nô est une forme d'art scénique stylisé et qui a 700 ans d'histoire. Avec une symbolique très riche, le Nô est enraciné dans les anciens rituels Shinto et il est joué sur une scène dont le toit a la même structure que celui d'un sanctuaire. Les acteurs portent des masques et les mouvements, d'une très grande lenteur, sont extrêmement épurés, contrastant avec la richesse et la somptuosité des costumes.
Cet art théâtral dramatique, dédié aux dieux, est apparu milieu du XIVe siècle. Il aurait été créé par Kan-ami et Ze-ami son fils, à la demande du Shôgun Ashikaga Yoshimitsu. Il se caractérise par une gestuelle lente, une musique stridente composée par le souffle d'une flûte accompagnée d'un tambour donnant opportunément des inflexions dramatiques, le tout sur un texte déclamé sur un ton singulièrement monocorde.
Le répertoire du nô (能), destiné au départ à l'aristocratie, est particulièrement riche puisqu'il est composé de plus de 240 pièces (Okina, Aya no tsuzumi, Kantan...), souvent d'inspiration bouddhiste, dont un grand nombre a été écrit par Kan-ami (1333-1384) et Ze-ami (1363-1443), tous deux à l'origine de la codification des règles régissant cet art.
Bibliographie et source de cet article
- Le Décor de Théâtre dans le monde depuis 1935, textes et illustrations rassemblé par les Centres Nationaux de l'Institut International du Théâtre choisis et présenté par René Hainaux, avec les conseils techniques d'Yves Bonnat, Elsevier, Bruxelles, 1956
- article dédié sur le sujet par Mario Scolas , Wikipedia, 2006
- Le théâtre japonais sous le regard de l’Occident -Béatrice Picon-Vallin
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