Artisanat marocain et Malhoun, deux concepts indissociables
Publié le 19 Mars 2010
Oeuvre d'art de Roman Lazarev
Lorsqu'on parcourt les collections d’art islamique, dans les musées ou celles des particuliers, on est frappé par la nature des pièces qui les constituent. Une majorité est en rapport avec les plaisirs du boire et du manger, même si certains interdits religieux frappent telle boisson fermentée ou telle chair animale. Souvent, ces pièces appartiennent également à ce que l’on appelle « les arts de cour », c’est-à-dire qu’elles ont été exécutées pour des princes et leur entourage et se distinguent par une grande qualité de fabrication.
Les artisans musulmans ont excellé dans les arts du feu : le verre, le métal – généralement un alliage de cuivre rehaussé d’incrustations d’or et d’argent – et la céramique sont diversement employés pour façonner des plats, écuelles, bols et présentoirs à épices ou à friandises ; des pots à eau, bouteilles, aiguières et verseuses.
Le décor, qui fait des plus belles pièces de véritables chefs-d’œuvre, recourt aussi bien à la calligraphie, avec des bons vœux à leur propriétaire, qu’à des scènes de banquets réunissant convives, musiciens et danseurs. Autant d’images des plaisirs de la vie qui annoncent ceux du Paradis.
À cet inventaire, il convient d’ajouter les bassins pour se laver les mains – avant et après le repas – et les aspersoirs d’eaux parfumées – rose ou fleur d’oranger – utilisés en signe de bienvenue.
Artisanat et malhoun, voici deux concepts qui sont intimement liés. Le chercheur doit tenir compte que si la musique arabo-andalouse est celle pratiquée par l'élite marocaine, le Malhoun a par compte trouvé son essor dans les milieux populaires et particulièrement dans celui des artisans du Maroc. Le nom Malhoun dérive de « Lahana » qui signifie : ne pas se conformer à la règle. Pour ces artisans marocains, cette occupation est souvent le seul moyen de rompre avec la monotonie du travail et d'en atténuer la rigueur.
Les artisans marocains ont de tous temps été toujours contents d'arriver sur leur lieu de travail, de pratiquer leurs métiers de leur choix, et manifesté la fièreté de leur production artisanale. Même si la journée est longue, le climat très rude (chaud ou froid, selon les saisons et régions) : les mouvements qui s'enchaînent sont pénibles à supporter au quotidien... Avoir un moyen de distraction avant la création de la radio et de la télévision apparaissait être une nécessité. Le chant et les récits en ont été le moyen traditionnel chez ces artisans créé selon les allures du travail, les rythmes des mains et des pieds mais aussi selon les pas des animaux dans les champs ou autour d'un moulin à l'huile ou à blé. Le rythme de sa musique est, au début, un mouvement naturel. Avant la création des mouvements artificiels par les instruments de musique et de rythme. Au début du malhoun il n'y avait que le chant vocal et particulièrement chez les artisans qui n'avaient pas les moyens d'acquérir ces instruments de musique qui étaient pour la plupart fabriqués artisanalement en céramique locale peu chère comme le "Tarija" ou le "harraz".