Calligraphie arabe
Publié le 2 Juin 2010
La Calligraphie, l'Art de la belle écriture, a trouvé dans la civilisation de l'Islam un sommet de raffinement et d'harmonie. Langue de la révélation coranique, l'arabe possède un alphabet aux formes "naturelles" rappelant tantôt le frêle brin d'herbe, tantôt le sabot de l'animal ou évoquant le coquillage. L'art calligraphique développe l'expressivité du texte qu'il illustre. Dans certaines oeuvres islamiques, l'écriture stylisée a été raffinée à tel point que l'élégance prend le pas sur la lisibilité. Par exemple, l'écriture cursive "nastaliq", inventée en Iran au XIV siècle, qui se caractérise par une écriture aux allures de petits ruisseaux jaillissants.
Presque toutes les civilisations qui pratiquent l'écriture ont développé un art de la calligraphie. Toutefois, certaines d'entre elles l'ont élevé à un statut spécial en fonction de contextes historiques ou philosophiques particuliers.
Dans plusieurs civilisations orientales la calligraphie fait partie des sciences occultes, hiérurgie (la pensée, le pinceau, le trait et l'idée philosophique sont indissociables). Elle est aussi en occident l'art des moines copistes et enlumineurs.
Depuis des siècles l’art de la calligraphie arabe n’a cessé de produire et de créer avec des styles variés du thuluth ou diwani en passant par le persan, le maghrébin, et bien d’autres.
En laissant son empreinte dans les pays où la civilisation arabo-musulmane avait partagé quelques pages d’histoire avec les autochtones, l’art de la calligraphie arabe s’affirme et se confirme comme un style artistique incontestablement original à qui il faut juste donner un nouveau souffle. Voir le site de Mounir El Khourouj.
Les murs de l'Alhambra sont pleins de décoration calligraphiques, d'écritures cursives et kufiques avec des phrases telles que " seul Dieu est Vainqueur " (phrase qui est censé être de Zawi ben Zirí, fondateur de la dynastie Nasrides) et des poèmes écrits par trois poètes de la Cour de Grenade, Ibn al-Yayyab (1274-1349), Ibn al-Jatib (1313-1375) et Ibn Zamrak (1333-1393), qui furent secrétaires de la chancellerie royale et premiers ministres. Ce dernier considéré comme le plus brillants des poètes de l'Alhambra.
L'utilisation de l'écriture comme un art est l'une des composantes les plus caractéristiques des arts de l'Islam.
L'arabe est la langue de la révélation coranique pour la religion musulmane. Cette langue se diffuse très rapidement dans tout le monde islamique, pendant la conquête musulmane. L'écriture fait de même, puisque très tôt, le Coran est recopié, et l'écrit devient un des principaux moyens de diffusion du message religieux. Si la langue est à la fois un outil liturgique, de communication et de transmission de savoir, l'écriture possède donc, parallèlement, une triple fonction : religieuse, utilitaire et ornementale. L'écriture varie selon la nature et la destination des écrits et des supports.
On compte de nombreux styles calligraphiques, divisés en deux grandes catégories : le kufique, aux caractères angulaires, qui naît très tôt avec l'écriture hijazi des premiers Corans et se développe, tant en Égypte qu'en Iran et le cursif, aux caractères déliés. Ces deux grands types varient énormément, selon le pays et l'époque où ils sont employés. On peut citer par exemple, pour les calligraphies angulaires, le kufique tressé, où les hampes se mêlent, ou encore le kufique animé, dont les lettres se terminent par des visages humains et animaux. Dans les cursifs, on distingue en général six styles canoniques :
- le naskhî, l’un des premiers à se développer, rapide et lisible, très utilisé dans le monde arabe. Une de ses variantes, le maghribî, est usitée en Al-Andalus et au Maghreb ;
- le muhaqqaq, en faveur sous les Mamelouks, penché vers la gauche ;
- le thuluth, également très utilisé à la période mamelouke en Égypte, qui se caractérise par la hauteur des hampes ;
- le rayhânî ;
- le riqâ’, proche du thuluth, qui sert uniquement dans des documents administratifs ;
- le tawqî’, à propos duquel on peut faire la même remarque.
Pour les langues étrangères à l'arabe (persan, turc, berbère, ourdou, croate ou encore swahili), d'autres styles se développent, comme le nasta'lîq, écriture inclinée, mélange du naskhî et du ta'lîq, qui sert en particulier dans les manuscrits persans.
La déclinaison en un vaste corpus de calligraphies n'empêche pas une unité rarement présente dans le reste de l'art islamique : l'écriture est donc un symbole fort d'unification et de distinction, qui mène parfois à la création de pseudo-calligraphies, illisibles, mais marqueurs forts d'une identité islamique.