Chaâbi Algérois : "Le cerbère de Aouicha" -الحرّاز - Abdelkader Chercham

Publié le 5 Janvier 2012

Pour moi, il s'agit d'un des plus beau textes de poésie (qasida) du Cheikh du malhounEl-Hadj Ben Qoraïchi.

Le cerbère de Aouicha est d'abord une histoire d’amour tourmentée qui rappelle encore sans nostalgie à bien des générations d'interprètes algériens que leur Patrimoine reste encore intemporel.

Je préfère la qasida interprété sur cette vidéo à la version marocaine par sa rythmique.

Les Anciens aiment rappeler que le "Harraz", maîtrisait la sorcellerie et était venu du "higaz" (d'Arabie) pour s'installer au Maroc à Azemmour précisément et a enlevé la bien-Aimée de notre héros qui ne pouvant rien face à la puissance du Harraz, ce héro tentera plusieurs stratagèmes pour récupérer sa belle malgré les contorsions de ce diable de harraz (cerbère).

aouacha.png

L'oeuvre est est ici merveilleusement interprétée par Abdelkader Chercham الجزائر sur le mode Istikhbâr : Je vous en donne sa traduction en français. L'interprète était l'élève préféré de Cheikh El Hadj M’hamed El Anka considéré comme l’un des plus grands musiciens d’Alger, ardent défenseur de la tradition du chant populaire d’Alger.

 


Grâces, grâces! Dieu Seul dispense la richesse,
j'en appelle à Toi, ô mon Seigneur.
matla :
Que faire ? quel stratagème choisir ? Quelle ruse efficace opposer
à ce cerbère érudit du Hidjâz, 
venu au Maroc par désir de parade ? Il connaît,
ô esprit vif, l'art de la navigation des Romains hostiles,
instruit par tant de sages et de savants en astrologie,
courageux et plein d'audace, bien informé sur les 
ruses des femmes, buveur invétéré, et attiré 
par la compagnie des jeunes filles,
la passion de sa vie. Il parcourut le monde,
visitant villes et villages, à la recherches d'une gazelle.
Dès son arrivée à Azemour, il rencontra
une fille élégante.
Vierge, superbe et gracieuse, jouant du luth
et chantant à faire chavirer [les cœurs]
des mélodies sur un mode Higaz syrien, elle surpassait
toutes les autres gazelles :
c'était une éloquente poétesses du Maroc,
jeune fille de dix-huit printemps.
C'était une belle adolescente déjà coquette.
Elle avait grandi dans mon intimité toujours à mes côtés,
elle ne pouvait se passer de moi.
Lorsque le cerbère arriva, pétri de ruses, 
les envieux la lui vendirent
car ils me jalousaient cette perle tant convoitée.!
Le cerbère l'encercla de gardes en son palais,
élut domicile entre rivière et mer et s'appropria sa beauté.
La superbe gazelle le fascinait: il était conquis par sa beauté souveraine
qui l'avait soumis. Il plaça des gardes aux accès!.


refrain :
Ah! Qui voudra écouter ce qu'il advint entre l'amant,
Ouicha et le cerbère, cet érudit du palais ?!
machhad :
Grâces, grâces! Dieu seul dispense la richesse;
j'en appelle à Toi, ô mon Seigneur.
Que faire ? Quel stratagème choisir ? Quelle ruse efficace lui opposer ?
Le diadème de Beauté s'en est allé
et je suis sans nouvelles d'elle depuis sept jours.
Mais voici qu'un messager se présente à moi
avec de bonnes nouvelles de la gazelle :
toujours au palais!! chez cet érudit arrivé au Maroc au point du jour
il l'enferme en son palais, subjugué par sa beauté,
sa chevelure, ses grains de beauté, ses yeux à l'iris noir et sa bouche...
Je lui dis, agacé: « Tous mes amis sont des aigles
mais notre vision diffère sur la plus majestueuse des jeunes filles
car, je l'admire, moi, lorsqu'elle lui accorde quelques faveurs en le tourmentant,
lui montrant ainsi de quoi sont capables les Marocains. »
J'ôtais la djellaba pour endosser l'habit de Qadi
j'avais un livre enveloppé dans [une bourse] en feutre!
et un chapelet à la main droite,
je me composai une barbe argentée,
et nous nous dirigeâmes vers le palais.
Les gardes demandèrent : « O érudit, voudrais-tu leur répondre? »
Et le cerbère de la gazelle de m'interpeller : « Que représentes-tu, ô Marocain ? »
Je répondis : « Je suis le Qadi de la ville venu solliciter ta bénédiction, ô sage érudit,
et t'inviter, au nom du Généreux, à honorer ma demeure de ta visite ».
Il me rétorqua :
«Ô Mu'tazilite ! cette paix offerte, je ne la crois pas sincère.
Pour moi, votre nourriture est illicite et tu es un Qadi fourbe.
Passe ton chemin et éloigne-toi de moi !

http://natureculture.org/wiki/images/3/37/800px-Algiers_coast.jpg

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Musiques algériennes

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S
A la place de " mode istikhbar " écrit dans le texte, il faudrait mettre " mode zidane ". l'expression mode istikhbar n'a aucun sens.
Répondre
L
<br /> <br /> Bonsoir Monsieur, en effet, je retravaillerai ce texte en temps opportun, la zone de commentaire faisant partie de nos échanges, revêt toute son importance ! Je vous souhaite une bonne soirée !<br /> <br /> <br /> <br />
S
Ce texte est interprété dans le mode musical "zidane" transposé sur le mi.<br /> L'Istikhbar n'est pas un mode musical mais un prélude. prélude.
Répondre
L
<br /> <br /> Tout d'abord, permettez-moi de vous saluer monsieur Malek Sohib et vous remercier pour cette judicieuse précision. Je sais qu'il existe différentes version qu'il me doit de mentionner...Si vous<br /> pouvez me renseigner, je vous serai reconnaissant !<br /> <br /> <br /> Je vous souhaite une excellente journée !<br /> <br /> <br /> <br />