Festival Soufi de l'Unité du 1er au 5 janvier 2011 - Sénégal
Publié le 2 Septembre 2010
L'Afrique est un continent où la plupart des religions du monde cohabitent parfois bien, parfois moins bien. Si l'Islam est la religion dominante dans la partie Nord, ce sont les religions chrétiennes et traditionnelles qui font le plus d'adeptes au Sud d'une ligne partant du Cameroun à l'Ouganda. Le Sénégal ne déroge pas à la règle. Officiellement, il y a 88% de musulmans pour 12% de catholiques. On peut en fait affirmer que les musulmans constituent plus de 90% de la population mais qu'au moins 15% de la population pratiquent une religion traditionnelle. A travers son histoire, la culture sénégalaise s'est renforcée d'un brassage inter-ethnique, à l'image de la diversité musicale que l'on peut y dénicher. Des chants soufis aux tambours sabar...
Le soufisme, voie mystique de l'Islam, est à l’écoute du contexte mondial et des grandes mutations sociales. Il invite au partage, à l’unité, à l’accueil réel de la différence et à l’ouverture sur l’universel. Cette tradition pluriséculaire répandue dans le monde entier, le soufisme est à l'origine de nombreuses voies spirituelles. Se situant lui-même au coeur de l'islam, ce n'est pas une philosophie, encore moins un système : il s'agit avant tout d'une manière d'être au monde. Situé au Cœur de l’islam, le soufisme a vocation première à parfaire l’épanouissement spirituel des individus. Il conduit intérieurement à l’unité et à l’expérience de la proximité divine. Extérieurement, il favorise l’enracinement des vertus et des comportements nobles des individus et contribue ainsi à influencer l’harmonie au sein de la société. Le soufisme traduit un acte de résisatnce face aux poussées intégristes et ouvre la voie à une nouvelle ère pour l’islam de la tolérance et de l’amour.
Au Sénégal, les musulmans adhèrent pour l'essentiel à l'islam soufi représenté par différentes confréries qui ont eu leur essor à la fin du 19ème siècle. Les Mourides forment aujourd'hui la confrérie la plus influente du Sénégal, sinon d'Afrique de l'Ouest et jouent un rôle économique et politique important. Le président Abdoulaye Wade, élu en 2000, est le premier président mouride du Sénégal. La spiritualité du soufisme peut, dans les formes actuelles de l'action sociale ou entrepreneuriale, devenir un facteur particulièrement fécond du développement humain.
Un des plus célèbres disciples du fondateur Ahmadou Bamba Mbacké Khadimou Rassoul fut Ibrahima Fall. Il lança une communauté de vie appelée les Baye Fall qui substitue le travail manuel, la mendicité et le dévouement à une piété usuelle comme la pratique des prières et le jeûne, ce qui leur vaut de nombreuses critiques de la part d'autres musulmans. Du fait de leurs dreadlocks, les Baye Fall sont souvent confondus par les touristes avec les rastas.
Dans ce contexte, l'Association "Le Cercle des Souffles" organise la 1ère édition du Festival Soufi de l'Unité qui sera placée sous le thème "Unité dans la Diversité" du 1er au 5 janvier 2011 à Dakar et à l'Île de Gorée (Sénégal). Pour la première fois, est présenté un festival multipluridisciplaire qui présente des dimensions éducatives, humaines et civilisationnelles, qui vise à apporter une contribution active au rayonnement culturel du Sénégal. De nombreuses activités s’articuleront ainsi autour de l'événement dans un souci de partage culturel, à travers notamment des concerts de musique d'inspiration spirituelle, des expositions, des ateliers de calligraphie, des séances de méditation et des rituels de plusieurs confréries soufies, des projections de documentaires,...
Tout au long du Festival des thèmes un cycle de conférences, débats, cénacles seront organisés au "Forum de l'Unité" placés sous le thème "Le Soufisme et les Défis du 21ème Siècle". C'est ainsi que plusieurs associations, universités, instituts représentés par des personnalités du monde entier, grandes autorités académiques, spirituelles, intellectuelles et socio-économiques prendront part au forum qui à son terme aboutira à des recommandations concrètes face aux enjeux du 21ème siècle.
Un tel événement, de par le contexte favorable à l’échange spirituel et culturel, la qualité des participants, les sujets abordés, permettra une forte médiatisation internationale qui invitera le monde à une nouvelle réflexion, dans une dynamique d’échange, de dialogue, de résolution de problèmes communs.
Programme
Samedi 1er janvier
10h00
Cérémonie d'ouverture
16h00
Rituel : "wazifa" Tarîqa Tijaniya
La Tarîqa Tijaniya fut fondée en 1781 à Ain-Madi située dans l'actuelle Algérie par le Sheikh Sidi Ahmed Tidjani qui vers l'âge de cinquante ans verra le prophète (PSL) en état de veille et qui lui enseigna le Wird de la Tarîqa dont la doctrine est basée sur le Coran et la Sunna sans retraite ni éloignement des hommes. Le centre intellectuel et culturel de la Confrérie est aujourd'hui à Fès (Maroc) où se trouve le mausolée du Sheikh. En outre, Tivaouane (ouest du Sénégal) et Kaolack (centre du Sénégal) connue pour être les deux villes saintes de la Tijaniya en Afrique de l'ouest. Selon les derniers recensements aujourd'hui la Tarîqa Tijaniya compte plusse que 200 millions d'adeptes à travers le monde.
20h30
Concert : Ensemble Al Anfass (Maroc-Sénégal)
Cette ensemble fut créé en 2002 à Fès, initié par le Chérif Sidi Ibrahim Tidjani.
Les chants de l'Ensemble Al Anfass sont basés sur des recueils "Qasîda" des grands Cheikhs du Maghreb et de l'Ouest africains de la confrérie Tijaniya.
Dimanche 2 janvier
18h00
Concert: Al Kauthar (Espagne)
Al Kauthar provient d'une fusion de plusieurs styles musicaux, de la musique andalouse aux traditions orientales syrienne et turque ainsi que le flamenco. C’est un groupe espagnol très attaché à la culture musulmane où les paroles de ses chansons sont de nature religieuse : louanges au Prophète et poèmes soufis exprimant l'amour divin. Sa musique contribue à diffuser les valeurs de l'Islam. «La nomination de notre groupe «Al Kauthar» est inspirée d'une rivière du Paradis.»
www.alkauthar.es
20h30
Concert: Ismaël Lô (Sénégal)
Né le 30 août 1956 à Dongo Buti (Niger), Ismaël Lô est un célèbre musicien sénégalais, lié à une famille adepte d'une confrérie soufie depuis plusieurs générations. Ismaël Lô possède un vaste répertoire de musique spirituelle qui reflète une expérience vécue à la fois mystique et artistique. Il mêle aussi une musique mandingue et rythm’n blues, soul et mélodies peules.
Lundi 3 janvier
16h30
Atelier de Calligraphie Arabe
19h00
Chant Sacrée et Rituels : Tariqua Qadiriya Hamdouchiya
Fondée par le Saint Sidi Ali Ben Hamouche (ASL) au XVIIème siècle, la confrérie des Hamadcha est une des confréries soufies populaires les plus importantes du Maroc. Recherchant la transe mystique, les Hamadcha vivent intensément leur spiritualité au cours d'un rituel remarquable par la beauté de ses poèmes et la chaleur de ses rythmes.
20h30
Concert : Toumani Diabaté (Mali)
Toumani Diabaté est un musicien malien, né à Bamako dans une famille de griots. Il est le fils de Sidiki Diabaté, reconnu dans toute l’Afrique de l'Ouest pour être le roi de la kora. Toumani Diabaté a commencé à apprendre à jouer dès l’âge de 5 ans. A 13 ans il participe à la Biennale du Mali avec l’Ensemble de Koulikoro qui remporte le prix du meilleur orchestre traditionnel. Il rejoint alors l’Ensemble National du Mali. Toumani Diabaté a joué avec un autre grand joueur de kora, Ballaké Sissoko, avec Taj Mahal, ainsi qu’avec Ali Farka Touré avec qui il a produit en 2005 un album intitulé « In the Heart of the Moon ». Cet album obtint le Grammy Awards du meilleur album traditionnel de musique du monde décerné le 8 février 2006.
Mardi 4 janvier
17h00
Atelier de Calligraphie Arabe
19h00
Rituel et chants: Tarîqa Mouridiriyya
Fondé par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), la Mouridiyya est une confrérie soufie qui est attachée à la valorisation de la science et du travail. C’est l'une des plus influente Tarîqa du Sénégal. Chaque année, de nombreux fidèles se rendent dans la ville sainte de Touba, où se trouve le tombeau du Cheikh Ahmadou Bamba.
Mercredi 5 janvier
20h00
Concert: Hathira Sama (Inde-Australie)
Hathira Sama s’est formé en 2006 à Sohar, à Oman. Inspiré par les traditions du chant dhrupad Hathira sama est une exploration collective de la musique comme une station sur le chemin mystique. Elle plonge dans un océan de sons afin de trouver des perles de sagesse. Hathira sama est composé de trois musiciens venus de plusieurs horizons de l'inde et d'Australie : Lemaire Rebecca au bansuri et au chant, Deo Rajinda a la tabla, et Pedersen Marc sur l'électronique, percussions shakuhachi et accessoires.
21h00
Concert : Amadou et Miriam (Mali) (suivi de la Cérémonie de clôture du Festival)
Amadou et Mariam, forment un couple de musiciens et chanteurs Maliens. Ils se sont rencontrés à l'institut des jeunes aveugles de Bamako. Leur cécité n'est pas de naissance : Amadou a perdu la vue e l'âge de seize ans, tandis que sa compagne est devenu aveugle a l'âge de cinq ans. Passionnés de musique, ils ne tardent pas à former un couple musical comme dans la vie, se mariant en 1980 et commençant leur carrière musicale commune à la même époque. Ils se font connaître au début d'années 2000 où ils acquièrent une notoriété et une sympathie du public international. Couronnées en 2005 par une victoire de la musique catégorie World pour l'album "Dimanche à Bamako" réalisé avec le concours de Manu Chao, qui se dit fan du duo. Ils se sont initiés à la Confrérie Soufie "la Tijaniya" suite a leur rencontre avec Cherif Mohamed Kébir Tidjani a Fès, Maroc.
Cet événement est organisé par L'Association Le Cercle des Souffles
Président : Cherif Brahim Khalil Tidjani
Directeur du Forum de l’Unité : Ali Anta Sow
Directrice Artistique : Ilmira Tidjani
Chargée du sponsoring : Mamadou Mamoure Diallo
Directeur Technique : Paul Biehn
Directrice Scientifique : Touria Ikbal
Chargée de la Communication et Relation-Presse : Mamadou Londieg
Quelques lectures sur le soufisme au Sénégal
- (en) O’Brien Donal B. Cruise, The Mourids of Senegal. The Political and Economic Organization of an Islamic Brotherhood, Oxford, Clarendon Press, 1971, XXII-321 p. (Publication d'une thèse de 1969)
- (fr) Omar Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927)
- (fr) Jean Copans, Les marabouts de l’arachide. La confrérie mouride et les paysans du Sénégal, Paris, Sycomore, 1980, 263 p. (Thèse Paris, EHESS, remaniée)
- (fr) Momar Coumba Diop, La confrérie mouride : organisation politique et mode d’implantation urbaine, Lyon, Université de Lyon, 1980, 273 p. (Thèse de 3e cycle)
- (fr) Youssouf Diop, « La signification du mouridisme dans l'actuel contexte socio-politique du Sénégal », Université de Dakar, 1983, 118 p. (Mémoire de Maîtrise)
- (fr) Mamadou Mbodj (dit) Pape Coumba, Le mouvement des jeunes dans la confrérie religieuse des mourides. Essai d’analyse et d’interprétation, Dakar, Université de Dakar, 1980, 149 p. (Mémoire de Maîtrise)
- (fr) Oumar Mbaye, Le mouridisme sous le khalifat de Mohamed Fadilou Mbacké (1945-1968), Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 2000, 98 p. (Mémoire de Maîtrise)
- (fr) Cheikh Tidiane Sy, Traditionalisme mouride et modernisation rurale au Sénégal. Contribution à l’étude des rapports entre socialisme et islam en pays sous-développés, Paris, EPHE, 1965, 236 p. (Thèse de 3e cycle, publiée sous le titre La confrérie sénégalaise des Mourides. Un essai sur l’islam au Sénégal, Paris, Présence Africaine, Université de Paris, 1969, 353 p.
- (fr) Samba Sy, Le mouridisme à l'Université : essai sur l'association des étudiants mourides, Université de Dakar, 1984, 85 p. (Mémoire de Maîtrise)
- (fr)Ousmane Kane, Les marabouts sénégalais et leur clientèle aux États-Unis. Une économie spirituelle transnationale, Afrique contemporaine 2009/3, N° 231, p. 209-228
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