Hommage à Choubeila Rached
Publié le 18 Novembre 2009
Choubeïla Rached, (en arabe : شبيلة راشد), de son vrai nom Fatma Abbès, le 20 août 1933 à Tunis - décédée le 9 avril 2008 à Tunis, fut une chanteuse tunisienne de malouf considérée comme un véritable symbole de la chanson et la musique tunisienne. Elle fut la fille de l'immense star tunisenne Saliha.
Biographie et évolution musicale
Choubeila signifie lionceau en arabe pour la rattacher à sa mère, la chanteuse Saliha, et « Rached » en lien étroit avec son appartenance à La Rachidia. Dotée d'une voix puissante et régulière, elle figure parmi les rares chanteuses tunisiennes qui brille avec les nuances. Choubeila compte une quarantaine de chansons enregistrées à son actif, pensons à Foug Esh-shajra sont connues par toutes les générations de tunisiens. Chanteuse majeure, elle avait contribué, grâce à la qualité de ses interprétations, à l'émergence d'œuvres musicales qui ont enrichi le répertoire musical tunisien contemporain. Elle a traité avec des compositeurs exceptionnels, comme le Cheikh Khemaïs Tarnane et du musicologue Salah El Mahdi.
Elle a participé à plusieurs manifestations culturelles hors des frontières de son pays, contribuant ainsi à faire connaitre le cachet musical de son pays. Jouant de malchances, elle n'a jamais eu de la part des autorités tunisienne le mérite et le respect qu'on lui devait. Choubeila a contribué grâce à la qualité de ses interprétations, à l'émergence de plusieurs œuvres musicales qui ont enrichi le répertoire musical tunisien contemporain, notamment grâce aux compositions de Khemaïs Tarnane, notamment Inti yalli baïda alaya sur des texte de Belhacen Ben Chedly et Salah El Mahdi.
Kaddour Srarfi, lui avait composé Mahla ennassim sur des paroles de Mahmoud Bourguiba (1909-1956). Il faut savoir qu'une bonne part de l'œuvre écrite de ce dernier n'a toujours pas été éditée à ce jour !
Elle posait très bien sa voix sur les istikhbâr-s (l'équivalent des maouâl-s : cette forme relève de l’improvisation vocale individuelle sur des poèmes en arabe dialectal.) qu'on trouve dans la version de Frag Ghzâlî, enregistré par Saliha. FragGhzâlî est sous la forme musicale appelée Foundou très présent dans le terroir musical du pays.
Elle interprétait régulièrement un enchaînement des chansons dans cet ordre là : Dhayiaa Fikri, Ordhouni Zouz Sbaya, Ah Wadaouni, Charg Ghda Bizzayin et finit en apothéose avec Khali Baddalni. Le répertoire de Choubeila Rached est apprécié car il mène l'auditeur à la danse où vers l'état d'extase. Dans les évènements ou représentation plus officiels, elle chante des chansons plus lentes au points de vue rythmique et avec des formes musicales un peu plus élaborées : Charaa El Hobb, Ya Layimi, Foug Ech-chajra.
Son répertoire musical, fut à maintes reprises critiqué pour avoir repris le répertoire de sa mère Saliha qu'elle exécutait par ailleurs avec brio.
Quelques années avant la mort de Choubeila, un album subventionné par le ministère de la culture en Tunisie est édité, mais il apparaît pour Jasser Haj Youssef comme relativement décevant par rapport à l'ensemble de son œuvre musicale, car les chansons ne lui convenaient pas à sa tessiture vocale et n'exploitant pas réellement les réelles capacités vocales de la diva.
Choubeila Rached manifesta un refus catégorique pour que l'on tourne un film documentaire subventionné sur la biographie de sa mère Saliha pour des raisons évidentes de respect de la vie privée et familiale.
Récompensée très tardivement dans sa vie
Le Président de la république tunisienne Zine el-Abidine Ben Ali pour des besoins de propagande l'a décoré des insignes de l'Ordre du mérite national, au titre du secteur culturel. Toutefois, il est à noter que de son vivant, elle n'a jamais obtenu la moindre reconnaissance nationale ou les appuis nationaux et de bénéficier de la promotion qu'elle méritait. Elle dut achever sa carrière musicale dans les fêtes privées comme les fêtes de mariages ou familiales pour survivre au quotidien. Il est par ailleurs souvent coutume de mentionner abusivement les bienfaits du président à titre de propagande.
Une soirée musicale immémorable fut organisée en juillet 2005 au Centre culturel international de Hammamet par le ministère du Tourisme, et le ministère de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine en collaboration avec l'ambassade d'Italie à Tunis, dans le cadre des journées culturelles musicales tuniso-italiennes. Avec Sonia M'Barek, elle a pris part à cette soirée qui a été animée par la troupe musicale de la Rachidia sous la houlette du maestro Abdelhamid Ben Algia qui décèdera l'année suivante. Cette soirée a été marquée par une grande affluence de mélomanes parmi les Tunisiens et la communauté italienne en Tunisie.
Elle fut aussi l'invitée en 2007, d'une une émission télévisée diffusée sur les ondes de Hannibal TV.
Le violoniste et compositeur Jasser Haj Youssef, qui a suivi de près la carrière musicale depuis son enfance est fort affecté par sa disparition et a l'intention de lui rendre un vibrant hommage
Elle décède le 9 avril 2008 à l'hôpital militaire de Tunis. Choubeila est inhumée le 10 avril au cimetière du Djellaz. Pendant toute sa vie elle a consacré à son pays la singularité de son chant et les jolies tonalités de "tounsi" qui a immortalisé son répertoire séducteur.