Ifrane, la perle de l'Atlas
Publié le 1 Juin 2010
«Qu’il est doux Ifrane et qu’elle est exquise sa beauté», chantait Brahim Alami.
C'était en 1957, qu'il interpréta, en effet, "Mahla Ifrane". Un texte simple, certes original pour l'époque, et une rythmique légère avec une forte touche de vivacité.
Ifrane (إفران) est une ville du Maroc, comptant 30 000 habitants et située dans le Moyen Atlas, à 1 713 mètres d'altitude - latitude : 33°31'60 nord, longitude : 5°5'60 ouest. Elle est le chef-lieu de la province d'Ifrane.
Cette ville est caractérisée par son urbanisme à l'européenne. C'est le chef-lieu de la province d'Ifrane, dont la superficie est de 3 573 km² et qui est administrativement composée de deux municipalités (Ifrane et Azrou), cinq caïdats (Tizguit, Dait Aoua, Ain Leuh, Timahdit et Irklaouen) et neuf communes rurales (Tizguite, Dait Aoua, Ain Leuh, Sidi Ali, Timahdite, Ben Smim, Souk El Had et Zaouia d'Ifrane : Zaouia Ait Sidi Ali). Selon le nouveau découpage administratif, la province fait partie de la région de Meknès-Tafilalet.
Les tribus Beni M'Tir sont parmi les tribus guerrières les plus redoutables à l'instar des autres tribus du Moyen Atlas, comme les Zayanes à Khénifra, les assaillants français se trouvaient dans une posture militaire défavorable, la confrontation contre les Beni M'Tir et Beni M'Guild avaient laissé de mauvais souvenirs pour 7e et 14e BCA (Bataillon de chasseur alpin) en 1913 sous le commandement de Lyautey, qui selon ses écrits : "L'expérience faite depuis un an dans des conditions exceptionnellement concluantes en raison des rudes campagnes menées dans un pays des plus difficiles aux Beni M'Tir, au Sud de Mogador, au Tadla, contre un adversaire de premier ordre, a fait ressortir avec éclat la valeur et l'instruction de ces unités formées à bonne école, entièrement dans la main de leurs chefs et rompues à la manœuvre II s'est donc produit ceci, c'est que, depuis un an, ce sont les deux bataillons de Chasseurs alpins qui, l'un au Nord, l'autre au Sud du Maroc, ont servi d'étalon, d'exemple et de stimulant aux autres troupes blanches et ont acquis très rapidement et ceci est capital - une véritable légende aux yeux des Marocains." (Général Lyautey, 1913).
La Zaouia d'Ifrane est un village du Moyen Atlas qui mérite une attention particulière pour sa mise en valeur sur un plan de création d'infrastructure écotouristique. Le terme Zaouia signifie en arabe coin d'isolation et de contemplation. La localité dispose en effet d'une riche biodiversité, de faune et de flore, ainsi que d'un très beau paysage. Depuis longtemps les autorités françaises ont fait de la Zaouia d'Ifrane un site relevant du parc national d'Ifrane . La Zaouia d'Ifrane est accessible en ascension par la route principale N° 24 reliant Azrou à Khenifra, une déviation à gauche à 25 km d'Azrou et par Ain leuh en provenance de la ville de Khénifra, déviation à droite à partir de M'rirt en passant par le village El Hammam. Le marabout Si Mohammed ou Boubker avait choisi de s'établir dans cette contrée pour méditer.
Peut-on parler d’Ifrane sans faire référence à la zaouia d’Ait sidi Abdeslam ( ZASA)? Non, la ZASA abrite beaucoup de grottes et la plupart des maisons de ce village ont au moins une.
C’est à elle que revient le nom d’Ifrane. Et si certains intrus sur l’histoire ont essayé à plusieurs reprise de changer le nom arabe de la ville en supprimant une fois le i une fois le allif pour prononcer yfrn il parait très important de rendre le nom d'ifrane à la ZASA et à la ville son nom d’origine Thourthite comme on le prononce d’habitude chez les gens de la ZASA. Ce royaume a été nommé "la petite ou la seconde Jérusalem" ou qui - selon leur croyance - fut chuté au moment où ils ont refusé de répondre à l'appel de leurs prophète "AZAR" afin de pouvoir rejoindre "Jérusalem". Les descendants d'Ephraïm perdaient alors leurs souveraineté au profit des berbères. Ifrane sera habitée plus tard par une population issue des deux grandes tribus Sanhaja, les Béni M’guild et les Béni M’tir dont le flux vers le nord avait été "arrêté" au XVe siècle par la ceinture des Casbahs fondées par le Sultan Moulay Ismaïl, ce qui a eu pour effet de favoriser la création de noyau de sédentarisation des nomades et a permis la constitution d’agglomérations telles que Azrou, Khénifra et Aïn Leuh.
Ifrane renferme l'une des plus anciennes traces de présence juive au Maroc: c'est la tombe du Rabbin Youssef ben Mimoun qui serait mort en l'an 5 av.J.C. Elle se trouve au cimetière juif connu sous le nom de "Lmiâra" (nom donné par les juifs marocains à leurs cimetières). "Rabbin youssef ben Mimoun" fut l'un des plus vénérés saints juifs dont la réputation attire chaque anneé des touristes juifs venant des quatres coins du monde. Dans les années 60 les derniers juifs ont quitté Ifrane en direction d'Israël, les vieux du village se souviennent encore des adieux pénibles car -loin de toutes considération religieuse ou autre- ces juifs berbères faisaient tout simplement partie de l'histoire et la culture d'Ifrane d'Anti-atlas, ils avaient vécu avec eux dans la paix le respect et la fraternité...
La petite ville d’Ifrane, connue sous le nom de Suisse marocaine, a vu ses capacités hôtelières et ses restaurants pris d’assaut par la foule des visiteurs or Ifrane n’est pas encore tout à fait prête à faire face à une telle affluence : ni par ses capacités routières, ni par ses capacités d’accueil.
Le Val d'Ifrane meurt à petit feu
Ifrane dénommée “la Petite Suisse du Maroc”, ses alentours et sa région sont connus pour leur végétation et leursanimaux. Ancienne “Arcadie” et véritable réminiscence du “ Jardin des Délices ”, nombreux sont les scientifiques qui depuis le protectorat ont attiré l'attention sur la valeur de ce riche écosystème. Lacs à nymphéas, cours d'eau, vastes prairies, cèdres séculaires, oiseaux et papillons, constituaient un cadre de vie hors pair.
Pour les spécialistes, certains papillons ne volent qu'ici ! Depuis le milieu des années 90, ils sont en voie d'extinction. C'est le cas de la Proserpine d'Afrique (splendide espèce du premier printemps), du Zegris marocain, du Faux-Cuivré berbère (qui vit en symbiose avec des fourmis qui élèvent sa chenille !), du Grand Nacré de l'Atlas (immense papillon dont la chenille se nourrit des violettes du sous-bois). Et l'on sait que les papillons sont des indicateurs de la santé des sites.
Malheureusement, la foule qui, dès les premiers beaux jours, déferle sur le Val d'Ifrane pour se détendre sur les rives attrayantes de l'Oued Tizguite, pour profiter de l'ombre providentielle des frondaisons, oublier la vie citadine dans ce havre de fraîcheur, se désaltérer à la source Vittel ou faire une promenade équestre à la Cascade des Vierges, ne le sait peut-être pas, mais fait innocemment irruption dans un habitat dont la biodiversité était il y a peu la plus riche de tout le Moyen-Atlas. La vallée de l'Oued Tizguite selon les scientifiques est un véritable refuge d'espèces botaniques et zoologiques.
Ces chercheurs y venaient du monde entier pour y étudier ces espèces et Ifrane était encore il y a peu l'une des stations les plus emblématiques de tout le Maghreb pour la valeur de ce patrimoine naturel. Les gens ne le savent pas, mais ils doivent veiller à la non-destruction de ce capital naturel.
L'éducation et l'information en sont les points essentiels. “Connaître pour aimer, aimer pour respecter” est la devise de l'Association des Amis du Val d'Ifrane tout récemment créée.
En saison, certains lieux de la petite vallée pittoresque ne sont plus qu'un champ de foire avec ses parkings, ses caravanes de voitures cherchant à pénétrer dans les bois, ses familles faisant la sieste, ses fumées de barbecues, ses terrains de football improvisés…, tout cela au son tonitruant des décibels d'autoradios. Cette ambiance n'est pas le traitement le plus approprié pour cet écosystème qui se dégrade à petit feu.
Face à cette fréquentation croissante, voire envahissante, cet éden est désormais au purgatoire et si l'on veut éviter que ce paradis ne devienne un enfer, le site doit bénéficier au plus vite d'une gestion durable afin de pérenniser la valeur de ce site. (source : Mohamed Drihem | LE MATIN)
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