Les Baye Fall - disciples de Maam Cheikh Ibra Fall (1858-1930)
Publié le 29 Août 2010
L'Afrique est un continent où la plupart des religions du monde cohabitent parfois bien, parfois moins bien. Si l'Islam est la religion dominante dans la partie Nord, ce sont les religions chrétiennes et traditionnelles qui font le plus d'adeptes au Sud d'une ligne partant du Cameroun à l'Ouganda. Le Sénégal ne déroge pas à la règle. Officiellement, il y a 88% de musulmans pour 12% de catholiques. On peut en fait affirmer que les musulmans constituent plus de 90% de la population mais qu'au moins 15% de la population pratiquent une religion traditionnelle. A part quelques agités intégristes et fanatiques, on peut dire que l'entente entre les communautés religieuses est très cordiale. Les mariages inter-religieux sont nombreux.
Le mot Bay Fall se rapporte à un groupe de personnes qui professent un culte musulman soufi d'une voie très particulière. En fait ils témoignent leurs observances religieuses par des rythmes et des chansons et elles s'accompagnent exclusivement par le khin.
Les particularités de leurs caractères sont la manière qu’ils marchent pied nu dans la rue, leur vêtements multicolore faits de divers morceaux d’étoffe qu’ils reçoivent en cadeau. Leur voie de la vie fonctionnant librement en particulier dans les cultivassions. En d'autres termes les BayFall vivent sur la générosité d'autres.
Ce culte musulman dérive du mouridisme, le mouvement Baye Fall a été créé par Ibrahima Fall, lui même adepte du cheikh Ahmadou Bamba. Il voue un pouvoir total et une croyance absolue en Dieu et au marabout (messager/parole de Dieu).
C'est une forme de religion détachée de toutes possessions matérielles, où l'on fait les choses pour Dieu et non pas pour ou en fonction des autres. Tout se partage, le don de soi est naturel, et la foi en l'humain est essentielle. Le travail est pour eux une valeur très importante.
Mode de vie plutôt que religion – « on ne naît pas Baye Fall, on devient Baye Fall » –, le Baye Fall est essentiellement issu du monde wolof. Ibrahima Fall était wolof musulman, faisant partie de la noblesse Garmi. C'est ainsi que de nombreux éléments de cette tradition wolof (thieddo) à laquelle il appartenait ont été introduits dans la culture Baye Fall, notamment leslocks (Njañ), la large ceinture autour de la taille, les boubous et toges multicolores (Njaxaas), les chants religieux rythmés exactement comme les chants wolofs (Zikar), etc...
Les Baye Fall d'origine portaient toujours une arme blanche, de type sabre, machette ou hache, pour se défendre ou pour les travaux agricoles. L'administration coloniale française auSénégal, au cours de la seconde moitié du xixe siècle, interdit le port d'armes blanches, par crainte de l'utilisation de ces armes par les Baye Fall lors d'éventuelles révoltes. C'est ce qui explique le port du gourdin chez les Baye Fall d'aujourd'hui, qui a remplacé l'arme blanche.
Le Majjal fait partie des rites Baye Fall. Il consiste à faire la ronde dans le but de mendier, par groupes restreints (Kureel), afin d'acquérir et d'apprendre l'humilité, la souffrance.
Chez les Baye-Fall la pratique du Zikr (chants religieux) qui sont des louanges à Allah, au prophète de l'islam Mahomet, à Cheikh Ahmadou Bamba et ses descendants, et à Mame Cheikh Ibrahima Fall et ses descendants, prennent une grande part de leurs rituels religieux. Les Baye Fall authentiques sont de fins lettrés, ayant une parfaite connaissance du Coran. La langue wolof qu'ils parlent est pure ou très peu altérée par les langues étrangères. En outre, contrairement à beaucoup d'autres musulmans, il ne font pas d'amalgame entre la religion musulmane et la tradition arabe, ils tiennent beaucoup à la tradition africaine. La relation qu'ils entretiennent avec leur marabout, à leurs yeux parmi ce qu'il y a de plus cher, est illustré par le principe du Njebellu, le respect envers le maître spirituel et de ses recommandations (Ndiguël).
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