Proposer d'inscrire le malhoun dans la liste du Patrimoine oral et immatériel de l'humanité de l'Unesco

Publié le 17 Septembre 2014

Proposer d'inscrire le malhoun dans la liste du Patrimoine oral et immatériel de l'humanité de l'Unesco

Le patrimoine immatériel du Maroc englobe les traditions orales, le savoir-faire artisanal, les langues, les arts du spectacle, les rituels et est danger si on considère qu'il peuvent se perdre très rapidement s'il n'est pas transmis à la génération suivante. Si des actions ne sont pas entreprises, ces traditions peuvent même complètement tomber dans l'oubli. Ce phénomène est d'autant plus rapide depuis qu'est apparue la mondialisationLe malhoun constitue un patrimoine vivant, dit immatériel, et donne à chacun de ceux qui en sont les dépositaires un sentiment d'identité et de continuité artistique.

Moteur de la diversité culturelle, ces patrimoines vivants sont d'autant d'éléments fragiles. Au cours des dernières années, il a acquis une véritable reconnaissance mondiale et sa sauvegarde est devenue l’une des priorités de la coopération internationale grâce au rôle phare joué par l’UNESCO avec l’adoption, en 2003, de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

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Considérant que le patrimoine immatériel mondial regroupe des pratiques, incorporant des connaissances ou des savoir-faire reconnus par des groupes ou des communautés, mais aussi des traditions et expressions orales, l'artisanat, les arts du spectacle, les pratiques sociales, les rituels ou les événements festifs reconnus comme faisant partie du patrimoine culturel du Maroc, nous insistons sur le fait que le malhoun est actuellement fragilisé, ou pire encore, menacé de dégradation et de disparition en tant que patrimoine immatériel. La proposition d'un plan d'action constitue donc une étape cruciale du projet.

Les arts populaires

Les questions inhérente au statut artistique et à la valeur culturelle de l’art populaire anime les débats sur l'esthétisme, l'art populaire continue à être apprécié du plus grand nombre dans les diverses sociétés du Maghreb en jouant un rôle important dans son utilité sociale dans la culture démocratique. Il n'est plus à prouver qu'il apparaît comme un  « moyen » de soutenir et d’améliorer la vie des gens et que les productions artistiques possèdente une « valeur intrinsèque et indépendante », « des choses qui existent indépendamment de toute référence utilitaire ou fonctionnelle, et dont la qualité demeure toujours semblable à elle-même ». Pour la philosophe Hannah Arendt, « la beauté [de l’art] est la manifestation même de la permanence », alors que « l’industrie des loisirs » constitue un danger qui menace de piller et de corrompre les beautés impérissables du grand art en les transformant en commodités jetables, en purs produits de consommation.(source). Elle dénonce ainsi dans son  essai sur  La crise de la culture (qui est une analyse éclairante de la modernité) la massification de la culture et la transformation de l'art en objets de consommationRappelons, à ce propos de massification culturelle, le  désintérêt porté par les labels discographiques marocain comme Fassiphone ou AMD Platinum, qui ne jouent pas leur rôle de passeurs d'art, mais qui sont plutôt préoccupés d'intérêts mercantilistes (comme la vente de chichas ou d'accessoires bas de gamme d'artisanat dans les boutiques). Les labels se désintéressent des enregistrements de malhoun comme la sauvegarde du Partimoine musical marocain en général. Mais contentons nous de constater que le don de voir, d'entendre, de ressentir ces oeuvres sont des cadeaux de la vie. Ils ne sont pas commercialisables car ils sont hors de prix.

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Projet de demander une initiative visant l'étude d'une proposition 

Diagnostiquer la réalité de l'art du Malhoun au Maroc, et mettre en place une stratégie homogène pour promouvoir cet art en tant que composante fondamentale de la culture marocaine, telles sont les questions et thèmes autour desquels les débats doivent plus que jamais être ouverts ! Nous souhaitons que les protagonistes et acteurs proposent à L'UNESCO de pouvoir inclure le malhoun parmi les biens culturels immatériels, eu égard au fait qu'il représente, encore de nos jours, un art ancestral authentiquement marocain, mais ne bénéficiant certes pas encore d'une renommée dans le monde entier. Nous nous efforcerons donc d'en inclure les éléments sur notre site web.

En 2017, l’Académie du Royaume du Maroc poursuit également son engagement pour la valorisation et la préservation du Melhoun comme art littéraire et musical majeur afin d’introduire une demande officielle pour l’inscription du Melhoun au patrimoine universel de l’Unesco. L’Académie du Royaume du Maroc envisage également l’édition d’une anthologie du Melhoun.

Nous proposons l'étude d'un projet visant à inclure le malhoun dans les listes du Patrimoine oral et immatériel de l'humanité.

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Éléments

  • Objectif : continuer l'effort de rendre visible ce patrimoine et de lui insuffler une nouvelle vie, telle est l’idée de départ suggérée par de nombreux acteurs associatifs du malhoun.
  • Pratiqué au Maroc, le malhoun conserve encore de nos jours son esprit communautaire mais avec aujourd'hui le souhait de s'ouvrir au monde afin de faire connaitre et partager ce trésor de l'humanité.
  • Il ne s'est pas altéré avec le temps et joue un rôle important pour la culture et l'éducation et fait l'objet de nombreuses études actuelles.
  • Ce patrimoine immatériel, parfois menacé de dégradation ou de disparition, regroupe des pratiques, des connaissances ou des savoir-faire reconnus par des groupes ou des communautés comme faisant partie de leur patrimoine culturel.
  • Le Malhoun se manifeste par exemple dans diverses formes de la tradition orale, l'artisanat marocain, les arts du spectacle, et plus important encore, dans les pratiques sociales, les rituels ou les événements festifs ou familiaux de la société marocaine. D'une manière universelle, il permet de relier les connaissances inhérentes à la nature et à l'univers.
  • L'idée s’impose donc, comme une première initiative de sensibilisation, de tenir compte, par exemple, des différents colloques qui ont été organisés au Maroc, à l'instar du Colloque tenu à Marrakech (8-9/01/2010 : Journées d'étude nationale sur l'art du Malhoun) afin de discuter de l'histoire et des faits de ce patrimoine marocain aux dimensions universelles, en vue de dessiner les contours sur le terrain pour déterminer ses continuités et ses renouvellements, ainsi que ses origines et ses impacts sur tout le patrimoine musical du royaume chérifien. Rappelon à ce propos que Monsieur Abbas Al Jirari soulignait la nécessité "de l'attachement au patrimoine marocain, notamment face aux défis que le Royaume et la Oumma arabe et islamique sont appelés, plus que jamais, à relever, et à leur tête celui de la mondialisation culturelle". Le conseilleur du Roi du Maroc rajoutait l'importance de ce genre de rencontre à même d'évoquer les différentes questions liées à l'art du Malhoun. Celui-ci étant l'un des arts les plus raffinés de ceux qui sont intimement liés à la description de la nature.
  • La littérature orale d'un peuple est l'une des multiples manifestations de la mémoire collective, mais, paradoxalement, si c’est l’une des expressions les plus éloquentes d’un patrimoine immatériel, elle reste la plus désavouée, voire la plus pervertie. Pourtant, cette poésie chantée a de tout temps été le terreau de l'imagination, et partant, de toutes les formes de créativité.
  • Projets de plans d'action de développements locaux existant et à développer.

Ceci implique bien entendu de faire appel à diverses compétences multidisciplinaires en fonction de la diversité des axes de syncrétisme et de symbiose et nécessite la tenue de colloques et de rencontres entre spécialistes et praticiens dans le domaine du malhoun (…) en préambule de mener une action transversale en vue d'élucider les conceptions qu'on a des différents types d’interférences et de syncrétisme qui marquent les structures de ce patrimoine artistique.

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Artisanat marocain et Malhoun, deux concepts indissociables

Deux concepts qui sont intimement liés. Le chercheur doit tenir compte du fait que, si la musique arabo-andalouse est celle pratiquée par l'élite marocaine, le Malhoun a, en revanche, trouvé son essor dans les milieux populaires et particulièrement dans celui des artisans. Le nom Malhoun dérive de « Lahana » qui signifie : ne pas se conformer à la règle. Pour ces artisans marocains, cette occupation est souvent le seul moyen de rompre avec la monotonie du travail et d'en atténuer la rigueur.

Les artisans marocains ont toujours été contents d'arriver sur leur lieu de travail, de pratiquer les métiers de leur choix, et manifesté la fierté de leur production artisanale. La journée est longue, le climat très rude (chaud ou froid, selon les saisons et régions) et les mouvements qui s'enchaînent sont pénibles à supporter au quotidien... Avoir un moyen de distraction, avant la création de la radio et de la télévision, apparaissait comme une nécessité. Le chant et les récits en ont été le moyen traditionnel chez ces artisans, créés selon les allures du travail, les rythmes des mains et des pieds mais aussi selon les pas des animaux dans les champs ou autour d'un moulin à huile ou à blé.

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Le rythme de sa musique est, au début, un mouvement naturel. Au début du malhoun, il n'y avait que le chant et particulièrement chez les artisans qui n'avaient pas les moyens d'acquérir les instruments de musique qui étaient pour la plupart fabriqués artisanalement en céramique locale peu chère comme le "Tarija". Aujourd'hui, l'artisanat marocain rassemble quelque 70 métiers différents et propose une diversité des créations et des matériaux utilisés : boiscuivrepierrefercuir...Cette activité ne cesse de se développer, répondant ainsi aux besoins quotidiens de la population, à ceux des étrangers grâce aux exportations, mais satisfait aussi de nombreux visiteurs. Des réflexions indiquent qu'il est indispensable de sauvegarder ce patrimoine qui fait partie de l'histoire du royaume chérifien. Sans cette activité, des milliers de familles seraient condamnées à lapauvreté, mais aussi s'initierait un déclin du tourisme qui signerait la fin de cette extraordinaire agitation des souks qui donne aux flâneurs, dont tous les sens sont en éveil, une sensation de vertige et cette impression de plonger dans le passé du Pays. A cet effet, des foires, salons et expositions sont régulièrement organisées.

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Voir aussi

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #melhoun marocain, #Musiques marocaines, #Unesco

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<br /> La culture n'est pas une marchandise comme une autre. Elle ne demande pas non plus à être sacralisée. Elle demande qu'on la protège et qu'on lui donne les moyens de se déployer. Cela passe par<br /> une vraie vision de son développement que peu de pays - à quelques exceptions près, comme la France - ont porté dans l'histoire contemporaine. Même s'il faut reconnaître que le Maroc est<br /> bien mieux loti que ses voisins, il ne fait pas exception à la règle. Les raisons sont toujours les mêmes depuis soixante ans : les préoccupations de l'État et des partis politiques sont<br /> ailleurs. Très clairement, la culture n'a jamais été une priorité. Les ministres qui se sont succédé n'ont rien pu y changer tant leur marge de manoeuvre et leurs budgets étaient faibles. Seul le<br /> cinéma, qui depuis une trentaine d'années dispose d'un fonds d'aide à la production, vient de recevoir d'autres subventions destinées aux salles. C'est aussi l'unique secteur qui ne dépend pas du<br /> ministère de la Culture, mais de celui de la Communication...<br /> <br /> <br /> Souvent la culture a été perçue comme un divertissement et les artistes comme des amuseurs envers lesquels il faut faire oeuvre de charité. Pourtant, nous n'avons jamais demandé l'aumône. Nous<br /> demandons que l'État joue son rôle. Qu'il reconnaisse que la culture est un ciment de notre identité, qu'elle nous aide à nous définir et à nous réunir, que les arts doivent faire partie<br /> intégrante de l'éducation d'un enfant dès son plus jeune âge et être enseignés à l'école, que les artistes ont droit à un véritable statut et à une protection sociale, que la liberté d'expression<br /> ne se marchande pas. Les hommes politiques qui, l'an dernier, ont osé prôner « un art propre » doivent se souvenir qu'il n'existe aucun art sale. Notre diversité est forte. Ses racines<br /> sont ancrées dans notre histoire, dans les brassages de populations et les grandes vagues d'immigration qui font le Maroc d'aujourd'hui.<br /> <br /> <br /> L'an dernier, un collectif d'artistes venus de tous horizons, et dont je fais partie, a décidé de prendre en main son destin. Nous nous sommes réunis à Casablanca et avons élaboré une plateforme<br /> de 80 propositions, regroupées dans un livre blanc. L'initiative est intéressante car elle est spontanée et n'a d'autre but que d'interpeller les pouvoirs publics. Ce livre englobe l'ensemble des<br /> problématiques liées à notre domaine et propose des solutions qui ne grèvent pas le budget de l'État. C'est là leur originalité.<br /> <br /> <br /> Rapprocher la culture du citoyen<br /> <br /> <br /> Nous avons été reçus par le chef du gouvernement, qui a eu une oreille extrêmement attentive. Fait suffisamment rare pour être souligné. Seulement, cette réunion n'a été suivie d'aucun effet et<br /> le ministère continue à travailler seul, sans associer les principaux intéressés. Ce qui est regrettable car aucun pays désireux de bâtir une véritable politique culturelle ne peut se passer de<br /> la vision des professionnels. Il serait dangereux de passer d'une phase d'indifférence envers la culture à une période où ses intérêts seraient discutés en haut lieu, en secret et de manière<br /> unilatérale.<br /> <br /> <br /> Devenue un puissant levier de développement économique à travers le monde, elle est génératrice d'emploi. Elle permet d'attirer des visiteurs par millions et est devenue l'une des armes majeures<br /> de demain car, en ces temps de crise, elle rapporte aux États et aux citoyens bien plus qu'elle ne leur coûte. Des initiatives telles que le Forum d'Avignon l'ont prouvé. Un pays ne peut se<br /> passer d'une politique culturelle dotée de solides moyens. Elle doit se sédentariser et être accessible à tous. Les arts et l'éducation sont la seule alternative à la violence, ne l'oublions pas.<br /> <br /> <br /> Je crois en l'avenir. La dynamique que connaît le royaume depuis une quinzaine d'années est très forte. Les créateurs s'expriment dans le théâtre, la musique, le cinéma, la danse, la chanson, les<br /> arts plastiques, la littérature, avec beaucoup plus de liberté et d'exigence qu'ils ne l'ont jamais fait. Le Maroc est prêt pour cette révolution. Il a tous les atouts pour cela. Il doit en être<br /> convaincu et accompagner ce mouvement en mettant au point une politique qui rapproche définitivement la culture du citoyen.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Maroc : prêts pour la révolution culturelle | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur<br /> l'Afrique <br /> Follow us: @jeune_afrique on Twitter | jeuneafrique1 on Facebook<br />
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