Lancement du 1er album de Youness "Safar" ce 26 avril 2011

Publié le 14 Avril 2011

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Plus de 60 % de la population du monde arabe ont moins de trente ans. Youness est de cette jeunesse férue des réseaux sociaux Internet, manipulatrice de toutes les applications Web sur son téléphone portable, nourrie d’infos en continue d’Al Jazeera, la CNN qatarie, audimat des télés occidentales, premier public des reality shows et autres concours musicaux où l’on devient star en quelques jours. Youness El Guezouli vient de là. Il a été révélé au public du Maroc en 2003 en remportant Casting Star, la Star Academy locale. Il est d’une jeunesse qui prouve qu’elle ne prend pas le virtuel pour la vraie vie mais s’en sert pour changer son destin, écrire son propre mektoub  à vingt-sept ans.

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A ceux qui présentent souvent cette jeunesse comme peu attachée à sa patrie parce que tentée par l’émigration, Youness répond dès le début de cet album par Bledi bledi (mon pays mon pays) : « Je visite tant de pays mais n’oublie jamais le mien/Aujourd’hui je suis heureux car je pars te retrouver mon cher pays/L’un des plus beaux du monde/Je tiens dans ma main l’étendard rouge pour le déployer/Le Maroc est mon pays ». La chanson commence par des accords qui rappellent les ouvertures douces du chaâbi algérien avant d’être emportées par la frénésie de son homonyme marocain, appelé aussi chaâbi, le terme signifiant en arabe « populaire ». Il faut dire que Youness est actuellement Strasbourgeois ; la métropole alsacienne renferme l’une des plus grandes communautés marocaines de France. Il dit son blues du déracinement sur un tempo mené par violon et derbouka dans Ramdane : « Celui qui est loin de ses proches/Comment passe-t-il le ramadan/Comprenez ma souffrance/Etranger exilé je suis seul/Et ne connais pas la tranquillité ». La nostalgie du bled et la débrouillardise, deux aiguillons de l’immigration sont exaltés dans Nsabar galbi (je patiente).

Youness a rencontré l’Hexagone à Noël 2004 en quittant Meknès où il a grandi après sa naissance le 11 avril 1983 à Fès, la rivale. Deux anciennes capitales impériales du Maroc qui irriguent son inspiration, Meknès dépositaire de l’un des plus puissants ordres mystiques et musicaux du Maghreb, celui des Aïssawas, et Fès, la plus importante métropole nord-africaine de l’art arabo-andalou. Violon, percussion, une touche pop, Youness chante cette musique de cour et d’artisans, héritée de l’Espagne musulmane, avec Allah yatik basbar : « Que Dieu te donne patience comme j’ai patienté moi/O toi celle au grain de beauté/ Viens à moi toi qui es mon âme et ma sérénité/Rien que toi et moi ». Il n’oublie pas une autre culture puissante du Maghreb, la musique gnawa des descendants des Noirs africains qu’il transforme en fête pop dans Salama tout en déplorant une jeunesse passée.

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Issu d’une fratrie que six enfants, Youness a été élevé dans une famille de mélomanes où il poussait de la voix dès l’enfance. « J’écoutais ma mère qui n’arrêtait pas de chanter dans la cuisine », explique-t-il pour dire sa vocation. Comme tout bon Méditerranéen, il loue sa mère, Memti : « Petite maman/Toi au cœur pur/A la chaleur protectrice/ Si je t’ai fait souffrir pardonne-moi/ Je suis ton fils et cela est mon destin ». Il mène son ode sur un rythme émouvant inspiré de la chanson moderne née à Oran, le port algérien, au croisement des années 1940-50 et source du raï actuel que se partage l’est marocain et l’ouest algérien. Aujourd’hui, le raï algérien et le chaâbi marocain ne sont plus des musiques régionales tant les deux genres sont populaires des deux côtés de la frontière.

Le premier succès personnel de Youness reste un morceau vif, marqué par des rythmes cuivrés, adoucis parfois d’accents accordéon, Pamela : « Reviens-moi ma vie/Ecoutez-moi celle que j’aime je vous l’ai laissée/Je pars en Allemagne et jusqu’en Italie ». Youness ne se contente pas de chanter mais joue de la guitare, des accords acoustiques, langoureux, maîtrisés par quatre années de conservatoire et un culte à la chanson française, qu’il démontre dans Mani nassik (je ne t’oublie pas). L’amour, les regrets et la rédemption sont attisés dans Latgoulili : « Ne me dis pas non non/Tu t’en vas et me laisses esseulé/Pardonne-moi ». Autre succès de l’artiste et autre style qui fait aussi la marque de Youness quand il mêle soul et musique marocaine et achève son album par sa dixième chanson, des vers directement sociaux, un éloge aux incorruptibles, les Knouz (trésors), ces êtres de la sincérité, humbles et respectueux qui « aspirent au bien pour tous ».

Bouziane Daoudi

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Safar, sortie le 26 avril 2011 : production MLP/CB prod - dist. Rue Stendhal

www.youness.biz

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Service de presse : Eliane Petit - Courriel : pit@noos.fr  : 01 47 97 69 99 / 06 64 15 51 81

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Youness El Guezouli au New Morning le 3 juin 2011

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Albums découvertes

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R
<br /> Son premier album Safar n’était pas encore sorti que Youness s’était déjà fait une solide réputation, conséquence de quelques apparitions prometteuses. Derrière son prénom, immanquablement, presque<br /> toujours la même expression pour le qualifier : "La nouvelle voix du raï". De quoi faire peser une certaine pression sur le vainqueur de l’édition 2003 de l’émission de téléréalité Casting<br /> Star.<br /> <br /> Il accepte aussi l’étiquette de raïman, sans rechigner, bien qu'il la considère assez inexacte et préfère parler de "chanson maghrébine". "Je suis nouveau sur le terrain et je n’ai pas le poids<br /> pour créer un nouveau style, mais ce n’est pas du raï. Parce que j’écris mes chansons dans un argot classique. Même un Tunisien, un Egyptien peut comprendre. Ce n’est pas celui des quartiers<br /> populaires du Maroc. Dans le raï, on s’exprime avec une certaine agressivité. Moi, ma façon d’écrire est plus douce", commente-t-il.<br /> <br /> A Meknès, il a grandi avec le son de Khaled, des frères Bouchnak ou encore des disques de Charles Aznavour et Demis Roussos que sa sœur écoutait. Pour sa première prestation en public à sept ans,<br /> le jour de la Fête du Trône, il interprète un titre du Libanais Ragheb Alama, "star de la chanson orientale" dans tout le monde arabe.<br /> <br /> Sa valise dans une main, sa guitare dans l’autre, Youness débarque à Paris en 2004 pour concrétiser ses rêves musicaux, encouragé par sa probante expérience dans la version marocaine de la Star<br /> Academy. Rattrapé par la réalité, l’éloignement, l’isolement, le jeune homme est à deux doigts d’abandonner. "J’avoue qu’à un moment, je me suis dit que ce serait impossible." Ce qu’il avait<br /> imaginé à son arrivée s’était considérablement éloigné, au point de devenir presque un mirage à l’horizon.<br /> <br /> A l’usine ou au marché, la musique ne fait pas partie de l’univers de ses collègues de travail. Dans un ultime effort, il se rend à Paris pour trouver Michel Levy, producteur et promoteur<br /> incontournable du raï. Celui qui fut longtemps manager de Cheb Mami le reçoit de façon à la fois chaleureuse et pragmatique. Il lui explique qu’il le connait et suit ce qu’il fait depuis 2003 mais<br /> qu’il veut d’abord entendre des chansons avant d’envisager une collaboration.<br /> <br /> Aussitôt, Youness repart à Strasbourg. Là-bas, il pousse la porte d’un bar où il a l’habitude de prendre un café, le matin. La serveuse est nouvelle. Il la remarque, lui demande comment elle<br /> s’appelle. "Pam", répond-elle. "Pamela". Un prénom "qui passe bien dans une chanson", lui fait-il remarquer. "Vous, les Arabes, dès que vous voyez une jolie fille, vous devenez tous des artistes<br /> !", lui retourne-t-elle, moqueuse.<br /> <br /> Sur la route pour rentrer chez lui, Youness se met à fredonner "meli meli, Pamela". Autour de cette histoire, une chanson prend vite forme, enregistrée dans la foulée en studio. Sur les ondes des<br /> radios communautaires, elle fait un tabac et lui ouvre les portes de quelques émissions sur les chaînes de télévision françaises. Pamela est sans doute l’acte de naissance de l’album Safar qui<br /> permet enfin au chanteur marocain de pouvoir vraiment exister.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> bientot un superbe album!!!!<br /> <br /> <br />
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S
<br /> son premier album mais surement pas le dernier,on retrouve dans cette chanson un reflet du moyen orient point orchestration ,les instruments, le cri des femmes qui doit porter un nom que j'ignore<br /> bravo!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Bonsoir Bruno, le premier album de Youness el Guezouli, pas le dernier...heureusement, il y est très jeunes ! Merci pour ton encouragement !<br /> <br /> <br /> <br />