Péruvienne de naissance et Mexicaine d'adoption, Tania Libertad est l'une des plus grandes voix de l'Amérique Latine d'aujourd'hui. Avec 32 albums enregistrés et plus de 2 millions de disques vendus, elle est devenue une figure incontournable de la chanson dans toute l'Amérique centrale et les pays andins. Son travail, reconnu par l'UNESCO lui a valu le titre de chanteuse pour la paix
Tania Libertad est née à Zaña, sur la côte nord du pays - la Costa Negra où sont installés les descendants des esclaves africains - au sein d'une famille modeste, d'un père militaire passionné de musique et d'une mère infirmière dans un hôpital d'ouvriers.
Unique fille de leurs neufs enfants, Tania s'installe très jeune avec sa famille à Chiclayo, ville ouvrière près des plantations de canne à sucre. Elle vit sa première expérience artistique, à l'âge de cinq ans, en chantant à l'école, le célèbre boléro du Panaméen Carlos Eleta Almaran, Historia de un Amor (enregistré avec Cesaria Evora sur l'album Costa Negra). Elle s'engage ensuite dans la voie des concours de chant, se forgeant ainsi, alors qu'elle n'a que seize ans, un répertoire de plus de 300 boléros. Encouragée par son père, elle part pour Lima où elle décroche son premier contrat. La Contamanina qui sort chez RCA Victor est un succès national. Elle signe ensuite avec Polydor et remporte un immense succès lors d'un festival avec une interprétation d'un texte du poète péruvien Juan Gonzalo Rose.
A cette époque, sa fréquentation des milieux intellectuels, poètes et musiciens (notamment Nicomedes Santa Cruz) lui apprend beaucoup sur la culture et la musique noire du Pérou. Mais à 21 ans, suite à une brouille avec son père (qui veut qu'elle poursuive ses études à l'université), elle profite d'une invitation à un festival de la chanson politique à Cuba pour s'enfuir. Elle chante ainsi dans les universités, les syndicats et fréquente les musiciens engagés de la Nueva Trova avant de partir s'installer au Mexique dans les années 80. Avec l'aide de son amie la chanteuse Carmen Salinas, elle fait rapidement son apparition au Théâtre Blanquita. A Mexico, Tania côtoie les milieux de gauche et continue d'interpréter des chansons engagées ainsi que des ballades sentimentales.
Son premier album de boléros voit le jour en 1985. D'autres suivront, nombreux, lui faisant partager la scène avec les figures emblématiques de la chanson latino-américaine tels Miguel Bose, Juan Manuel Serrat, Ruben Blades, Soledad Bravo ou Fito Paez et lui conférant son statut de diva pour cette ballade romantique née à Cuba. Mais son rêve est de chanter ses racines afro-péruviennes. En mai 2000, elle rencontre à Mexico José da Silva, producteur de Cesaria Evora, lors d'un concert de la diva capverdienne et lui confie son projet d'interpréter les chants de la tradition noire de son pays. Sorti en Europe en 2002 chez Lusafrica, Costa Negra enregistré entre Dakar, Paris et Mexico en compagnie de musiciens africains, tient ses engagements dans une sélection métissée de thèmes afro-péruviens et de chansons latines frappées au rythme du lando. Aujourd'hui, Tania revient avec Negro Color enregistré au Mexique pendant l'hiver 2003. Avec cet album au répertoire élargi, elle affirme encore son émancipation. Tania installe avec volupté sa voix nuancée, d'une ampleur peu commune, parfois proche du lyrique sur des compositions qu’elle a choisies avec soin: deux chansons signées par le jeune auteur cubain David Torrens, une autre par le compositeur mexicain le plus prestigieux de ces quarante dernières années, Armando Manzanero (originaire du Yucatan), et quatre titres écrits par le Péruvien Carlos Otero, jeune auteur qui monte. Negro Color comprend également des traditionnels afro-latins comme Samba Malato/Kike Iturrizaga ou La Bruja et des boléros à la ligne instrumentale épurée (Dos Gardenias, Que nos devuelvan,…).
Des rythmes noirs de sa côte Pacifique au magnifique duo, Funeral del Labrador composé par Chico Buarque et João Cabral de Mello, interprété avec le Brésilien Eder da Rosa (du groupe Quem), Tania Libertad traduit avec grâce et relief les élans de l'âme latino-américaine. Negro Color confirme à cette figure de l'indépendance, sa place au panthéon des perles vocales de l'Amérique du Sud et lui offre, après Costa Negra, un (second) passeport pour un envol international.