Ce qui devait être une exposition métissée, plurielle, généreuse afin de montrer dans les règles de l'art contemporain un Maroc dans tout sa diversité à travers une de ses composantes : le regard judéo-amazigh d'une enfant du pays, tourne au cauchemar pour la liberté d'expression. En effet, l'une des oeuvres déplaît au Makhzen. L'autorisation d'exposition d'une œuvre d'art, puis une décision arbitraire la retirant de force, sous peine d'emprisonnement. C'est la mésaventure qui est arrivée à l'artiste Chama Mechtaly, dont la toile représentant un drapeau marocain sur lequel se trouve une étoile de David a dû être retirée de son exposition à Casablanca. Le 11 juillet, l'artiste s'exprime sur Facebook et les réseaux sociaux.
L’exposition est terminee mais le combat pour un maroc pluriel, ouvert, acceptant et progressiste, vient de commencer. Le jour de mon vernissage, j’ai reçu un appel téléphonique du directeur du complexe de Sidi Belyout qui me demanda d’enlever tous les tableaux avec l’étoile de David. Choquee par sa demande je lui affirme que si ils me forcent de les enlever, qu’il m’enlèvent aussi et qu’on annule mon expo parce que je porte une Khamsa avec l’étoile de David également. La constitution Marocaine souligne la diversité culturelle du Maroc en affirmant la composante hébraïque et amazighe de notre identité. J'ai énormément négocier mais on ne m'a pas laisser exposer le tableau Drapeau Marocain Revisité qui raconte l'histoire d'un peuple qui ne connaissaient pas de divisions entre juifs et musulmans, l'histoire d'un drapeau qui avait le sceau de solomon comme emblème avant 1912, un symbole unifiant juifs, musulmans et chrétiens... C'est aussi un symbole qu'on trouve toujours dans nos bijoux amazighes, nos portes, notre architecture etc. Pourtant, le vernissage a commencé avec la police qui patrouillait les lieux pour s'assurer que le tableau n'était plus là.
D’origine berbères, juive et musulmane, Chama Mechtaly a choisi la peinture comme arme pour affronter sa crise identitaire. Cette jeune artiste invite le public à découvrir son travail où elle traite de la complexité de l’identité nord-africaine, dans son coté amazigh et juif.