Les Medahattes, parfois appelée cheikhattes ou encore eleabat (dans le Souss marocain) constituent autant d'ensembles musicaux féminins que l'on retrouve dans la culture bédouine, berbère ou citadinisée au-delà pays du Maghreb lors de cérémonies privées et familiales.
Ces maîtresses (raïssa) du verbe, de la rime et du flow, s'accompagnent d'instruments de musique à percussions, comme la derbouka, le bendir, daff, tbal ou instruments de musique à vent comme le guellal, la zokra (zurna).
Ces femmes bien que socialement déracinées de leur campagne, sont régulièrement délaissées par leurs époux et deviennent des femmes veuves, divorcées et régulièrement sans ressources qui transmettent une poésie (malhoun) écrite et souvent complexe.
Leur voix donnent au raï ses aspects les plus sensuels en parlant de sexe. Parmis ces chanteuses aux voix sulfureuses citons : Zohra bent Ouda, Soubria bent Menad, Bnat (les filles de) Baghdad, Kheira Guendil, Snabbiya, Fatma el Khadem, Mama el Abassia, Cheikha Aïchouch, Zohra el Relizania, cheikha Remitti ou encore Aïcha el Wahrania qui chantera à la fin des années 1920: " Mama tu as le vin mauvais...Et ça te rend querelleur...Tu m’as habituée à tes visites...Puis tu as cessé de venir...Marna qui t’a poussé à me tourmenter...Tu me plonges dans l’inquiétude. "
En raï dit "ancien" dans le langage de DJ branchés de Paris ou en version électrique, ce type de chants fait partie intégrante du tourat (patrimoine féminin), surtout celui des meddahates. Ces structures musicales féminines se produisent alors essentiellement pour un public féminin lors des fêtes familiales. Les chanteuses et chanteurs de raï actuels ont fait leurs classes au sein des meddahates. A l'origine, aucun homme ne se prêtait au jeux des "medahattes" car les Cheikhattes ne chantent exclusivement qu'entre femmes. L'art medahatte reste un art féminin.
D'après les descriptions établie dans la plupart des descriptifs ethnomusicologiques coloniaux du 19ème et 20ème siècles établissaient déjà les descriptions qu'elles se réunissaient déjà lors des lila, en chantant leurs liaisons amoureuses, les plaisirs de la chair, des interdits qu’elles enfreignent, de la liberté à laquelle elles aspirent...Le ton est plus que féministe, irrévérencieux même et très souvent crû ou direct.
Parmi les hommes citons Abdou, feu cheb Madona, Houari Manar ou plus récemment El-Houari Sghir faisant partie du mouvement masculin actuel.
Atteintes contre sa vie privée