la fonderie

Publié le 11 Juin 2020

La Belgique commence à se réveiller et à faire face à son passé colonial.

Maintenir ce « Roi de pierre », c’est promouvoir son action criminelle. C’est cautionner la mort pour l’enrichissement exagéré de la Belgique et de ses familles politiques régnantes.

Oublions Léopold II. Qu’est-ce que nous voyons ? Des tonnes de bronze. Alliage de cuivre et d’étain. Fondus par la Compagnie des Bronzes, rue Ransfort à Molenbeek. Sur le socle de la statue, une petite plaque dit : le cuivre et l'étain qui proviennent du Congo Belge, ont été fournis «gracieusement» par l'Union Minière du Haut-Katanga.

Oublions Léopold II. Qu’est-ce que nous voyons ? Des tonnes de bronze. Alliage de cuivre et d’étain. Fondus par la Compagnie des Bronzes, rue Ransfort à Molenbeek. Sur le socle de la statue, une petite plaque dit : le cuivre et l'étain qui proviennent du Congo Belge, ont été fournis «gracieusement» par l'Union Minière du Haut-Katanga.

En 1926. Donc, ce que nous voyons, c’est le sous-sol du Katanga. Mais dans quelles conditions ce cuivre a-t-il été extrait ? Reprenons.

Le sous-sol katangais recèle, à fleur de terre, d’étain, fer, charbon, cobalt, manganèse, zinc, radium, or, diamant et surtout : cuivre. Il était déjà exploité par les Balubas et leurs forgerons. De leurs fours remplis de malachite (carbonate de cuivre hydraté) et de makala (charbon de bois) coulait le cuivre en fusion dans un moule à même le sol, en forme de croix.

En refroidissant, cette croix prenait la couleur de l’ambre et servait de monnaie. C’est pour le cuivre que Léopold II a voulu aller plus vite que les Anglais de Rhodésie, qu’il a créé la Compagnie du Katanga, envoyé Storms, Bodson et leurs suiveurs pour démembrer l’empire de M'Siri, grand chef de la région du Tanganika, beau-fils de Katanga, roi des mines (1891). Les Blancs reprendront son nom pour nommer la région. C’est pour acheminer le minerai de cuivre que les Belges ont relié l’arrière-pays à la côte par une ligne de chemin de fer via l’Angola. A partir de là (1910) on ne peut plus dissocier l'histoire du Katanga de celle de l'Union Minière, créée par Jean Jadot, Gouverneur de la Société générale de Belgique (c’est BNP Fortis Paribas les jeunes). La première mine de cuivre du Katanga est créée en 1910 près d'Élisabethville. Elle est suivie d'une usine de transformation proche de la rivière Lubumbashi. En 1913, Jadotville (Likasi) ouvre sa mine de cuivre suivi de Kipushi et Kolwezi. Et ça n’a plus arrêté. Les Belges sont surnommés les "Mangeurs de Cuivre" En 1960, l'UMHK en produisait plus de 300.000 tonnes par an.

Cette exploitation exponentielle a eu un prix humain exorbitant. Surtout entre 1910 et 1930. Surtout en 1926. Surtout quand l'Union Minière offrait « gracieusement » le cuivre du Katanga pour fondre la statue de Léopold II. Voici quelques extraits de rapports de fonctionnaires belges des années 1910, 1920, 1930. Pas des textes militants. Des constats administratifs sur la façon dont l'Union Minière a exploité le Katanga en sacrifiant sciemment sa population.

En 1917, le ministre Renkin charge Rutten, gouverneur du Katanga, d’une inspection des populations. Il écrit: "il est impossible de ne pas être frappé par l’énorme consommation de vies humaines dans la région du Katanga, surtout par le plus grand employeur l’Union Minière" … Jusqu’en 1920, environ 6 000 hommes trouvent la mort dans les camps de l’Union Minière. Sans oublier ceux qui meurent durant les déportations. Ce taux de mortalité est du aux accidents de travail et à l’environnement sanitaire déplorable. Un taux élevé de désertions (sic) s’explique par des rations alimentaires insuffisantes, la brutalité, les injures, la chicote, la promiscuité et des salaires de misère, pas toujours versés". L’esclavage léopoldien se perpétue sous la gentille Belgique. En 1916, Straven, administrateur territorial explique que "malheureusement il ne possède aucun instrument pour enchaîner les Noirs, ni chaînes, ni carcans, ni serrures de sûreté et que chaque fois qu’il faut les transférer, il est forcé de les amarrer avec de la corde" Le 2 juin 1920 la question des recrutements forcés est évoquée à la Chambre à Bruxelles par Paul Tschoffen: "Nous voulons attirer l’attention sur le danger dont sont menacés les indigènes par les façons de faire de certains recruteurs. La population noire du Congo ne cesse de décroître avec rapidité fulgurante".

Le préfet apostolique du Haut-Katanga, Mgr J.de Hemptinne, se plaint en 1922 que le recruteur de la bourse du travail, Delforge, a réussi "à capturer (sic) tous les mâles adultes (re sic) de la région". En 1922, suite à une enquête judiciaire, Sohier décrit le système du recrutement en vigueur dans la colonie : "le recrutement à l’heure actuelle n’est pas libre. Le contingent fixé est considéré par les administrateurs comme obligatoire et c’est par voie de réquisition qu’il est obtenu..." En 1926, l’abbé Théodore Nève confie qu’il était triste de voir tous les villages du Katanga absolument vides d’hommes. Albrecht Gohr, directeur général de l’Intérieur déclare en 1923 que "la seule question qui se pose est de savoir si on doit préférer les intérêts des entreprises privées, au risque de sacrifier l’avenir de la race indigène du Congo …" Le ministre des colonies Franck, va s’en tenir aux intérêts des entreprises tout comme le gouverneur général Heenen qui préconise des mesures spéciales pour que les chefferies fournissent "le contingent requis". En 1924, un travailleur africain meurt par jour. Plus personne ne veut devenir mineur. Les séances de recrutement se passent de manière très violente, voire meurtrière. Vu la mortalité affolante des Congolais, l’Union Minière envoie des missions de recrutement au Rwanda-Burundi et dans le Maniema. Un rapport de la bourse du travail note : "il est notoire que les populations du Ruanda-Urundi sont d’une extrême fragilité. L’expérience qu’en a acquis l’Union Minière est concluante à cet égard. Une mortalité "excessive" a frappé le détachement d’hommes de cette origine. Parallèlement aux recrutements de l’état, l'Union minière organise des levées pour son propre compte. C’est ainsi qu’elle recrute dans le Maniema et au Rwanda et au Burundi d’où, de 1925 à 1930, plus de 7 000 hommes dont des femmes et des enfants sont emmenés au Katanga. Plus de 1000 d’entre eux allaient y mourir durant cette période. Le 14 août 1926, l’inspecteur du travail à Elisabethville, Dufour, cite pour la région industrielle du Haut-Katanga, l’existence de 47.357 travailleurs dont approximativement les 2/3 concernaient les grandes entreprises. Ces déracinés forment la base d’une classe ouvrière naissante. La crise économique mondiale des années trente va réduire les besoins de main d’oeuvre et peut être sauver certaines régions du Katanga du dépeuplement total. C’est ainsi que l’effectif des travailleurs de l’UM passait de 18 471 Africains en 1930 à 5575 en 1932.

De 1912 à 1930, on aura concentré un total de 123.000 hommes dont la moitié pour la seule Union Minière. Le cabinet Jaspar parlait en 1927 d’un taux de mortalité de 5% par an parmi ces forçats du cuivre. Pour ne parler que de l’Union Minière, propriété de la Société Générale de Belgique, celle-ci est responsable de milliers de victimes et de la déstructuration totale des sociétés congolaises.

Le cuivre et l'étain de la statue qui proviennent du Congo Belge, ont été fournis «gracieusement» par l'Union Minière du Haut-Katanga. ... Le cuivre et l'étain de la statue proviennent d'un camp de travail forcé, un camp à ciel ouvert nommé Congo Belge où l'Union minière a exploité le sol au prix de milliers de morts et de milliers de déportés...

 

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Publié le 6 Avril 2019

Le Musée bruxellois de l'industrie et du travail, installé à Molenbeek-Saint-Jean dans un quartier au passé fortement marqué par l’industrialisation.

L'exploration urbaine, ou en abrégé l'urbex est devenue un véritable phénomène de mode en quelques années. 

Conserve et collecte la mémoire du travail, présente des expositions retraçant l'histoire industrielle et sociale de la ville.Molenbeek-Saint-Jean.

Conserve et collecte la mémoire du travail, présente des expositions retraçant l'histoire industrielle et sociale de la ville.Molenbeek-Saint-Jean.

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Rédigé par Last Night in Orient - LNO ©

Publié dans #La Fonderie, #Urbex, #Molenbeek, #Bruxelles, #Musées

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Publié le 1 Octobre 2017

L’accès à cette exposition est gratuit.
L’accès à cette exposition est gratuit.
L’accès à cette exposition est gratuit.

L’accès à cette exposition est gratuit.

Quand la femme vient de laver le linge, elle a grand appétit

Dicton

Loic Lantoine et Al Delort Titre - Jour de lessive ( Poème de Gaston Couté ) Album - Convoi Exceptionnel

Faire sa lessive, un acte anodin? Certainement pas : depuis que l’homme porte des vêtements, entretenir son linge est une préoccupation majeure des foyers. Si de nos jours, la lessive est devenue, une opération banale, rapide et relativement bon marché, il n’en a pas toujours été ainsi. Dans le passé, la pénibilité de cet acte ménager est difficilement imaginable, alors que pour nous il suffit d’appuyer sur un bouton pour lancer un programme adapté à nos textiles. Il est important de rappeler la place que prenait la lessive dans la vie quotidienne de la plupart des femmes avant l’arrivée des machines à laver automatiques. Pendant des siècles, faire son linge fut une véritable corvée sans cesse répétée qui se déroulait sur plusieurs jours dans des conditions difficiles.

Il ne faut pas la confondre avec la laveuse, simple ouvrière qui pouvait être employée à façon par une lavandière ou entreprise de lavage en gros, ou bien faisait profession autonome. Sa fonction consistait laver le linge grossier ou peu délicat, de clients, le plus souvent les torchons, les grands draps, les robes et habits communs. Une appellation voisine était buandière lorsque l'ouvrière travaillait en buanderie et non en plein air ou sous un toit de lavoir. Dans le midi de France, en Languedoc et Provence, la bugadière est essentiellement l'employée laveuse ou l'entrepreneuse lavandière chargée de la lessive ou buée, pour le compte d'une maison bourgeoise ou de clients occasionnels.

La blanchisseuse, une autre ouvrière agissant comme employée ou pour son compte, s'occupait du linge fin, soit des habits du dimanche, des beaux costumes ou des robes ou habits à dentelles. Les blanchisseuses travaillaient de concert avec une repasseuse, car il fallait avec minutie remettre en forme, en pli, voire empeser, rigidifier ces habits si délicats et si fins de la confection d'autrefois, que seule la haute couture a préservé jusqu'à nous.

Dans le monde paysan, il existait deux grandes buées, grandes bugades ou grandes lessives collectives par an, au printemps et à l'automne.

La Fonderie travaille pour son prochain programme quadriennal sur une grande exposition autour de la lessive, de son histoire et de son évolution. Nos collections regorgent en effet d’objets, machines ou savons en tout genre, et nous serons heureux de pouvoir les partager avec vous. Nous parlerons dans cette exposition de progrès techniques, de contexte socio-économique, d’hygiène, de la place de la femme et du travail domestique, de pratiques sociales, de folklore, de la politique hygiéniste de Bruxelles dans son combat pour la propreté ou encore du rôle des wasserettes aujourd’hui ou de la lessive ailleurs dans le monde. Vous l’aurez compris, la lessive touche à bien plus d’aspects que le simple entretien du linge.

Mais pour préparer cette exposition, nous avons besoin de vos souvenirs et témoignages sur vos pratiques et celles de vos aïeux. Si La Fonderie est bien le musée bruxellois des industries et du travail, elle est aussi reconnue comme acteur d’Education permanente. Ce qui signifie que pour nous, les publics sont vraiment au cœur de notre action. En conséquence, nous souhaitons construire cette exposition à partir de vos témoignages.

Nous proposons depuis mars une activité peu banale dans le monde des musées: une exposition préparatoire. Nous vous invitons à visiter cette pré-exposition, installée dans la salle des électriciens. Une présentation compacte de la problématique dans un espace réduit, avec comme objectif non seulement de vous introduire à cette extraordinaire thématique qu’est la lessive, mais aussi de vous interroger sur vos souvenirs et pratiques. Ceux-ci nous serviront à élaborer notre prochaine scénographie.

Car pour toute bonne lessive, ne faut-il pas un prélavage ?

La Fonderie
Musée bruxellois des industries et du travail

Rue Ransfort 27
Bruxelles 1080

Contactez-nous par
téléphone 02 410 99 50
fax 02 410 39 85
par e-mail 
du lundi au vendredi, de 9h à 17h.


Horaires:

Bureaux: : du lundi au vendredi de 9.00 à 17.00

Musée : Du mardi au vendredi de 10.00 à 17.00 (excepté les jours fériés) et les samedis, dimanches et jours fériés de 14.00 à 17.00. Gratuit chaque premier dimanche du mois. Fermé le lundi. Le musée est généralement fermé entre le 24 et le 31 décembre. 

Centre de documentation : sur rendez-vous uniquement, par téléphone au 02 413 11 80

Accès
Transports en commun : métro ligne 1 et 5 Station Comte de Flandre – Tram 82 et Bus 86 (arrêt Triangle) – Bus 89 (arrêt Borne) – Tram 51 et Bus 86 (arrêt Porte de Flandre)
15 min. à pied de la Bourse

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Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Bruxelles, #Belgique, #Projets pédagogiques, #Musées, #Bons plans, #gratuit, #La Fonderie

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