musique arabo-andalouse

Publié le 8 Février 2008

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Sami El Maghribi (né Salomon Amzellag en 1922 à Safi au Maroc - décédé au Canada, le 9 mars 2008) fut un chanteur et musicien judéo-marocain de gharnati et de hawfi. Doté d'une voix chaleureuse, d'une diction parfaite il fut capable de pouvoir transmettre l’âme d’une chanson, qui peut alternativement parler d’amour, de nostalgie, de séparation. Il a joué avec des artistes de tous horizon, pensons à  l'interprète de chaâbi algérois  Maurice El Médioni avec qui il liera une grande amitié. Au Maroc, tous les orchestres interprètent des titres empruntés à son répertoire, pas un événement familial n'existe sans que résonne la voix de celui que l'on surnommait "le chanteur de l'émotion".

Biographie, influences et évolution musicale

Né en 1922, à Safi, une ville côtière de l'Atlantique, il est le fils d'un tailleur juif. La famille Amzellag s'installe plus tard à Rabat.

A l'âge de 7 ans il avait confectionné une mandoline, il se perfectionne par la suite en fréquentant le Conservatoire de musique de Casablanca et les cercles des maîtres de la musique arabo-andalouse à partir de 1926. L'enfant se familiarise avec la moussiqua al-âla et apprend a jouer en autodidacte du oud. influencé par l'interpète de musique judéo-marocaine Salim Hilali dont il admirait la voix.

Sami El Maghribi eut l'audace de s'investir dans la chanson en passant du chant religieux à la chanson profane ; ce qui ne l'a pas empêché de revenir au chant religieux dans son pays d'accueil le Canada où il a émigré en 1960 après le dévastateur tremblement de terre d'Agadir.

En 1942, il décide de quitter son poste de directeur commercial pour se consacrer uniquement à la musique.

En 1948, comme compositeur et interprète et a joué un rôle important sur la nouvelle scène artistique post-coloniale marocaine. C'est à cette même époque qu'il fait graver ses permiers enregistrements.

Vers la moitié des années 1950, il va à la rencontre de plusieurs maîtres de musique d'Alger et de Tlemcen sur les traces de Cheikh Larbi Ben Sari en 1953 et 1954, il lui demande plusieurs poèmes comme « Bqit mahmoum », « Men iybat Yraïi Lahbab », « Had El Houb El Gheddar »,...Plus tard au Maroc, il côtoya le Cheikh Redouane Bensari qui lui enseigna plusieurs hawzi, rythmes (miyazen), et même hawfi.

En 1967, l'artiste devient rabbin de la synagogue hispano-portugaise, il s'est abstenu de par ses nouvelles charges religieuses à apparaître en public comme artiste chanteur avant qu'il ne se ravise et qu'il ne réponde par une chanson "Sâlouni nnâs" en affirmant qu'il n'y a point d'incompatibilité entre le culte et le chant profane. Il participe dans quelques rares soirées qu'il a, depuis lors, animées. On le verra au Théâtre Mohammed V aux côtés de Raymonde al Bidawiyya et de Abdelhadi Belkhayat.

En 2003, il sort un album dans lequel il reprend des succès orientaux, et fait découvrir à son public une nouvelle composition « Ana weld tmanine sana...», qui rend hommage à ses 60 ans de carrière...La même année, il est frappé du décès du jeune Tarik Hamouche et exprimera ainsi son chagrin : «Immense est mon chagrin devant le malheur qui nous frappe en la disparition de notre très cher Tarik, enlevé si jeune à notre affection et au noble art qu'il affectionnait, laissant dans l'affliction tous ceux qui ont eu le loisir de le connaître et d'apprécier son savoir-vivre et sa compétence dans l'exercice de ses fonctions», en ajoutant : «Mon grand regret est celui de n'avoir pas eu la chance de l'approcher personnellement, de lui serrer la main et de l'embrasser tel un frère, car c'est un frère que je viens de perdre, bien que je ne l'ai connu qu'à travers une abondante correspondance dont je savourais le style et la sensibilité et que je garderai précieusement jusqu'à la fin de mes jours. Ma pensée va aujourd'hui vers sa pauvre maman dont je partage le chagrin de ce deuil cruel qu'elle vient de subir. Allah yaâtiha essabr. Il ne me reste plus de mots pour exprimer ma consternation devant ce malheur et ma tristesse demeurera longtemps en mon cœur».

Il revient en 2005 au Maroc pour participer à un programme télévisé sur 2M, accompagné de Si Ahmed Pirou et Hayat Boukhriss.

Son répertoire musical s'étend de l'interprétation du gharnati, au malhoun, au hawzi. Il avait notamment marqué de son empreinte les anciennes Qaçaïd de Sidi Qaddour Al 'Alami, de Benmsaib, du Cheikh Bouâzza, de Bensliman et autres grands ténors de la poésie de l'art poético-musical du malhoun. La Qasidah Bensoussan en particulier, a été écrite par Benyechou et chantée par bien d'autres chanteurs.

En 2006, Sami El Maghribi est diffusé sur la chaîne radio algérienne "Alger chaîne 3" car ses chansons étaient également très appréciées du public algérien, son style musical s'apparente beaucoup avec l'école d'Alger et de Tlemcen. Il reprend également « dakhlou lmarikane » de Houcine Slaoui.

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Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musique arabo-andalouse

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Publié le 2 Février 2008



Cheikh Raymond Leyris (27 juillet 1912 - 22 juin 1961 à Constantine) fut un musicien et chanteur algérien de confession juive de musique arabo-andalouse.

Ses interprétations du hawzi étaient appréciées dans son pays pendant l'époque coloniale. Sa fin fut tragique. Il s'est surtout fait connaître à travers le chanteur Enrico Macias. 

Au XXe siècle, des Arabes, des Juifs et des Kabyles portent haut ce genre musical qu'on appelle le Malouf : Mohamed Sfindja de l'école d'Alger, le chef d'orchestre Abderrezzak FakhardjiMahieddine Bachtarzi, ...Le malouf est la musique arabo-andalouse (Séville) de Tunisie. mais on parle également de malouf pour désigner la musique arabo-andalouse de Constantine et de Libye.

Les juifs ont contribué à cette musique à l'image de Cheikh Raymond de Constantine qui était pour eux l'équivalent de  Cheikh Larbi Ben Sari.
Cette tradition permet aussi à des femmes comme Cheikha Yamna, une diva du hawzi, Reinette dite l'Oranaise, Fadela Dziria ou Meriem Fekkaï de s'illustrer dans cet art musical. Ces femmes animaient les soirées algéroises et les fêtes juives et musulmanes de jadis en chantant l'espoir, l'amour et les beautés de la nature.

 

 

Biographie et évolution musicale

Initié dans les fondouks, désignant ces sociétés secrètes transmettant le patrimoine de la musique arabo-andalouse, Raymond Leyris, né d'une mère chrétienne d'origine bretonne et d'un père juif issus de la bourgeoisie. Il fut adopté par une famille juive de Constantine.

Il est initié à la musique notamment par  le Cheikh Ahmed Bestandji l’un des monuments du malouf constantinois et se diversifie vers d'autres registres musicaux dérivé de cette musique et se fait reconnaître pour sa capacité à diriger un orchestre. à l'âge de 23 ans (1935).

Dans son orchestre, le futur Enrico Macias (son père était violoniste dans l’orchestre, notons également que ce "chanteur légendaire" n’a jamais achevé son istikhbar comme lui avait enseigné le regretté cheikh  Abdelkrim Bestandji pour apprendre le repertoire Malouf) fait ses débuts et épouse sa fille Suzy (décédée en 2008 : le couple s'était unis en 1962 et de leur amour étaient nés Jean-Claude et Jocya et étaient grands-parents de 4 petits-enfants.). Il a également un fils Jacques Leyris).

Bercé par une musique aux confins de la musique savante et de la musique populaire, le chantre s'éveille au mysticisme et à la poésie. Très vite il maïtrise le  oud arbi (luth arabe) et devient un chanteur aux multiples nuances.

Ses capacités vocales  et sa virtuosité instrumentale, lui attirent, dès son vivant, une reconnaissance de ses contemporains juifs ou musulmans. Le maître Cheikh Raymond est né !  Peu le connaissaient, sa popularité rapportée pendant des années par Enrico Macias dans les médias et des juifs algériens assez vantards qui vont jusqu'à dire que lorsqu'il chantait à la télévision ou à la radio, ...les rues de la ville se vidaient....

Une mort tragique qui suscite encore des débats controversés

Cheikh Raymond est assassiné, à l'âge de 48 ans le 22 juin 1961 par une balle de MAB 7,65,  alors qu'il se rendait au Palais de justice de Constantine sur la Place Négrier au milieu du marché juif qui était organisé à l'époque.

Cet évènement tragique s'inscrit dans un climat politique hostile aussi bien pour les musulmans, les français et les juifs contraints à fuir le Pays. Les juifs s'organisent et quittent Constantine pour s'exiler dans le nouvel état sioniste. Nombreux, rejoignent également la métropole française.

La disparition de Raymond Leyris suscite toujours aujourd'hui une vive polémique et des débats aussi bien en France, qu' en Algérie ou  dans le monde arabe. Aucune avancée en l'état permet de dire qu'il s'agit d'un assassinat commandité ou d'un acte isolé d'un fou. Tout témoignage est le bienvenu en zone de commentaires pour éclaircir sa mort.

Quelques éléments de réflexion

Les français avaient adopté le Code de l'indigénat le 28 juin 1881 : ce code distinguait deux catégories de citoyens : les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français, dont les Algériens, etc. Les sujets français soumis au Code de l'indigénat étaient privés de la majeure partie de leur liberté et de leurs droits politiques. Les colons français parvinrent à faire perdurer un état discriminatoire en Algérie pratiquement jusqu'à l'Indépendance (1962). L’Allemagne a reconnu sa responsabilité dans la Shoah et, tout comme la France a reconnu la sienne dans les arrestations et les déportions de juifs français durant le second conflit mondial, elle doit reconnaître ses crimes de guerre perpétrés par son armée durant la guerre d’Algérie et une colonisation dévastatrice durant 132 ans.  

Les Juifs Algériens ont aussi à cette époque été fermement pris en mains par le sionisme. Et l'évolution neutraliste de la communauté était aussi dictée par les impératifs du sionisme : ce dernier était en effet à la fois l'allié de la France qui était à l'époque un de ses premiers soutiens mais avait aussi intérêt à récupérer les Juifs d'Algérie pour peupler la Palestine. La prise en main des juifs Algériens par le sionisme est évoquée par cet article d'un quotidien sioniste qui parle de l'organisation de milices juives par le Mossad en 1956.

 

Discographie

Cheïk Raymond Leyris, Concert public de malouf à l'Université Populaire de Constantine  - 3 volumes (1954) :

1 Istikhbar Iraq -2 Qadriat’ghazali hâfi (J’ai tant couru derrière ma gazelle) -3 hawzi mal hbibi malouh (Qu’a-t-elle donc à bouder?) La nouba maya - Essbouhi (La nouba du matin) - 4 Les m’cedder: Layali sûrour (Mes nuits joyeuses) - 5 Ya nadim entabih (Ô compagnon, écoute la bonne nouvelle) - 6 Darj: Nour essabah (L’éclat du matin) -7 Insraf: Ya saki waski habibi (Ô échanson, sers ma bien-aimée) - 8 Khlaçat’(Finals): Kam wa kam (Ô combien tu m’emprisonnes dans l’amour - 9 Allah yehenik (Que Dieu te donne le bonheur !) - 10 Qadriat - Bkaw aala khir (Les adieux)

Intervenants
Raymond Leyris (voix), Oud, Sylvain Ghrenassia Alto, Gaston Ghrenassia, Guitare, Abdelhmid Benkartoussa Flûte, Nathan Bentaris Darbouka, Haïm Benlala Târ, Larbi Belamri Nahrat, Abdelhak Benabes Nahrat'.

 

Autres chansons connues

Nor el Ma Hiba (les feux de l'amour).  (1950)

Chanson du Salah Bey.  (1955)
 

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Rédigé par Mario Scolas

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Publié le 26 Janvier 2008


Sid Ahmed Serri (né à Alger, en 1926) est un chanteur, oudiste, professeur, chef-d'orchestre et musicologue. Il est le dépositaire de la tradition andalouse authentique. Il entreprend aussi l’enregistrement intégral du répertoire musical classique de l’école d’Alger.

Biographie et évolution musicale

Sid Ahmed Serri est né en 1926 à la Casbah d’Alger. Issu d'une famille de mélomanes[1],il éprouve dès son plus jeune âge une forte passion pour la musique. En 1945, il adhère successivement aux associations El Andaloussia puis El Hayat qu'il quitte pour entrer à l'association El Djazaïria où il est admis dans la classe de musique dirigée par Abderrezak Fakhardji. Dans cette ambiance, il y trouve les meilleures conditions pour l'apprentissage de la musique qu'il assimile rapidement grâce à une mémoire exceptionnelle.

Son premier emploi remonte en 1943, année où son lycée ferme suite au débarquement américain. Il trouve un poste de secrétaire du greffier à la Cour d’Alger.

Ses dons de chanteur le classent alors parmi les meilleurs et lui ouvrent, dès 1948, les studios de la radio puis ceux de la télévision qui lui permettront de se faire connaître du grand public. Lorsqu'en 1952 son professeur est nommé au Conservatoire d'Alger, les dirigeants d´El Djazaïria (devenue depuis peu El Djazaïria El Mossilia[2]par la fusion de leurs associations) confient la classe supérieure à Sid Ahmed Serri qui passe ainsi du statut d'élève à celui de professeur, statut qu'il conserve jusqu'en 1988 si l'on excepte une période d'interruption due à la guerre de libération nationale et à la restructuration de l'association au lendemain de l'indépendance de l'Algérie. Il dispense également par ailleurs des cours au Conservatoire d'Alger ainsi qu'à l'Institut National de Musique et à l'Ecole Normale Supérieure. Entre 1988 et 1992, il s'attèle à la création et au développement d'une nouvelle association musicale: "El Djazaïria - Eth Thaâlibya".

En 1989, il est choisi et élu à l'unanimité par ses pairs comme président national de l'Association de sauvegarde et de promotion de la musique classique algérienne. En avril 2006, il est élu président de la Fédération nationale des associations de musique classique algérienne.

Sid Ahmed Serri est l'auteur, en collaboration avec Rachid Mahi, d'un recueil de noubates andalouses, édité en 1997 puis réédité en 2002 et 2006 par l'Entreprise Nationale des Arts Graphiques (ENAG). Il a écrit en outre de nombreux et divers articles et études publiés dans la presse et les revues algériennes et a participé à des travaux et des interviews sur la musique classique algérienne. Entre 1998 et 2002, il réalise l'enregistrement sur CDs de l'intégralité de son répertoire de musique classique algérienne.

Sid Ahmed Serri a été le premier artiste lyrique à recevoir, en avril 1992, les insignes de l'Ordre du Mérite National.

le 22 juin 2007, à l'initiative de ses anciens élèves, Farid Bensara, chef d'orchestre de l'ensemble "El Mawsilli" de Paris et Saâd Eddine El ANDALOUSSI, Cheikh Sid Ahmed SERRI a reçu un grand hommage à la Sorbonne.


 

Discographie

  • 1955 : Enregistrement de deux disques 78 tours chez "Pacific"
  • 1959 : Enregistrement de quatre disques 45 tours chez "Teppaz"
  • 1997 : Sortie du premier disque compact CD

Après 1997 :

  • Deuxième CD édité et commercialisé en France (non distribué en Algérie en l'absence d'un distributeur)
  • Cinq CDs dans le genre "Aroubi"
  • Un CD dans le mode "Rhaoui"
  • Un CD de la nouba "Raml El Maya"
  • Quarante-cinq CDs de l'intégralité de son répertoire enregistré dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine musical classique algérien.

 

Notes et références de l'article

  1. ↑ Son grand-père était moqadem de la confrérie des Aïssâwa.
  2. ↑ Conscients de la situation dramatique que vivait la musique classique algérienne, des amoureux de cet art, arabes et juifs confondus, ont fondé en 1927 l’association El Mossilia. 

Liens internet

Sid Ahmed Serri

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Rédigé par Mario Scolas

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