La musique gharnati - parfois orthographié gharnâti - (mot tirant son origine arabe de la ville espagnole de Granada). Tlemcen et Grenade ont partagé des intérêts communs et établi des alliances : les dynasties nasride de Grenade et zianide de Tlemcen se sont liées contre la couronne d'Aragon et la dynastie mérinide, toutes deux précédemment alliées aux Nasrides, au xiiie siècle. Tlemcen, la capitale des "ziyanide" a été de tout temps réputée pour son grand rayonnement culturel. Le gharnati est typiquement algérien. Au maroc l'andalou s'appelle el "ala et il est différent de l'andalou algérien aussi bien par sa structure que par ses modes musicaux.
Gharnati signifie littéralement "extase grenadine" est un genre musical originaire de la Ville de Tlemcen et qui constitue également le mode musical le plus usité dans la ville marocaine d'Oujda au Maroc, où il reste omniprésent et où s'organisent notamment chaque mois de juin le Festival International de la musique Gharnati qui demeure une symbiose presque millénaire entre divers apports arabo-hispaniques de l'Andalousie.
La musique arabo-andalouse a été amenée au Maroc après la chute des arabes en Andalousie. Elle s'est implanté principalement à Fès, Tétouan, Rabat et Oujda. On l'appelle soit "fassiya" (originaire de Fès) soit "tetouanniyya" (originaire de Tétouan).
A Rabat et Oujda a surtout été développé un style dit "Gharnati", en hommage à la ville de Grenade, dernier bastion de la présence arabe en Andalousie .
Véritable art musical, il a été conservé principalement à Tlemcen en Algérie et à Oujda, (proche de la frontière algérienne). Il s'est influencé de la musique turque sous l'empire Ottoman dont l'influence est sensible au niveau de l'interprétation vocale et instrumentale.
Gharnati est le terme sous lequel on désigne notamment au Maroc la musique arabo-andalouse, forme la base principale du répertoire incluant en plus d'autres formes musicales marocaines arabe et judéo-arabes.
C'est un algérien qui a fondé une école de "gharnati" à Oujda (Maroc) au début du vingtième siècle mais aujourd'hui les marocains veulent se l'approprier. Les plus grands poètes tlemceniens du hawzi, ont pour noms Saïd el Mendassi (décédé vers 1737 à Sijilmassa au Maroc, où il est enterré), Ahmed Bentriki (surnommé Ben Zengliet qui fut banni de Tlemcen pour émigrer dans la ville d'Oujda au Maroc), Mohamed Benmsaïb, Mohamed Bensahla et son fils Boumediène Bensahla.
Répartition géographique
Ces musiques se sont répandues sur une partie du Maroc suite à des déplacements de populations judéo-marocaines et à l’installation d’Algériens au Maroc au début du XXe siècle.
Les Marocains désignent indistinctement par le qualificatif de « gharnati », la musique pratiquée à Tanger, à Tétouan comme dans certaines communautés juives du Maroc. Cette musique s'inscrit dans la mouvance des écoles algériennes, qu'elles soient d'obédience tlemcénienne (Sami el Maghribi) ou Algéroise (Ahmed Pirou).
Des noubat andalouses y sont recueillies par le Tétouanais Mohammed El Haïk et publiées en 1800 (Daniel Eisenberg, « La musique andalouse marocaine », Journal of Hispanic Philology, n°12, 1988, pp. 181-189).
Dans son ouvrage Juifs d'Andalousie et du Maghreb, Haïm Zafrani précise avoir mis la main sur une copie de ce répertoire écrit en 1786 et recopiés par des Juifs marocains (Haïm Zafrani, Juifs d'Andalousie et du Maghreb, éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2002, p. 138) ; il en est de même pour un rarissime répertoire de chansons maures de Grenade et Cordoue imprimé en 1886-1887. Dans ce même ouvrage, il met en lumière le rôle joué par les Juifs dans la préservation de ce patrimoine :
« Au Maghreb, et plus particulièrement au Maroc, les populations musulmanes et juives ont pieusement conservé la musique hispano-arabe [...] En Espagne comme au Maroc, les Juifs ont été les ardents mainteneurs de la musique andalouse et les gardiens zélés de ses vieilles traditions. »(Haïm Zafrani, op. cit., pp. 138-139)
Caractéristiques et thèmes
Les thèmes du Gharnati se base généralement sur les amours contrariées ou sublimées et s'appuie sur une série de "Noubas" chacune d'elles se divise en cinq mesures distinctes (mizan), (rythmes). Ces rythmes se succèdent dans l'ordre suivant: Mssadar, Btayhi, Darj, Insiraf et Makhlas. La Nouba est aussi un mode dont douze préservées en l'état et quatre inachevées.
Les formations qui exécutent la Nouba est composé d'un petit nombre de musiciens qui sont à la fois des instrumentistes et des chanteurs. Toutefois, malgré les influences ottomanes la mélodie de base conserve l'esprit des origines. Cette musique ramenée d'Andalousie par les arabes a réussi à garder son caractère ancestral et sa richesse musicale est agrémentée par des textes chantés qui figurent parmi les plus belles pages de poésie arabo-musulmane d'Andalousie Les thèmes abordés, ils ne sont autres que ceux chantés par la poésie arabe classique qui loue les vertus de l'amour et du don divin.
Le mixage de la poésie inscrite dans le contexte de la musique gharnati s'appelle hawzi qui est connu dans le Maroc oriental et à Tlemcen d'où le style provient.
Le répertoire de cette musique comprend également quelques pièces plus brèves que les noubas. Dans ces régions, on joue donc les noubas algériennes, soit 16 suites dont quatre inachevées.
Instrumentation
Ce style est caractérisé par la prépondérance des instruments à cordes pincées : on y rencontre la mandoline et parfois le banjo (au Maroc). En Algérie, on ne joue du banjo que dans les orchestres de musique populaire comme le hawzi, l'âroubi et le chaâbi.
Le chant à l'unisson se partage entre un soliste et les choristes-instrumentistes, la musique se jouant au rebab, des violons et altos, violoncelle, des ouds, le piano et des percussions. Le chant exécuté est parfois enrichi par des ornements vocaux.
Musiciens célèbres
Liens internet
Voir aussi
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- Saadane Benbabaali et Beihdja Rahal, La plume, la voix et le plectre, poèmes et chants andalous, édition Barzakh, Alger, Déc. 2008. Livre et CD.
Gharnati is a version of the Andalusian musical style, thought to have originated in Granada, Spain, and developed after 1492 in Algeria. Unlike the more typical Moroccan style of Andalusian music, gharnati uses a small ensemble and emphasizes solo singing. The style, specific to the cities of Rabat and Oujda, was brought to Morocco by Algerians from Tlemcen and Algiers, fleeing French colonial rule.
The repertoire of gharnati is organized in suite form, a series of vocal and instrumental pieces that follow one another according to a specific order (nûba). A complete nûba consists of a measured orchestral overture (tushia) that establishes the mode; an instrumental interlude with a lively rhythm performed at the beginning of each vocal piece (kûrsi); a first vocal piece performed by a soloist in a slow 2/4 or 4/4 rhythm (msaddar); an unmeasured instrumental and vocal solo performance (istikhbar); a second vocal piece employing the same 2/4 or 4/4 rhythm (btayhi); a third vocal performance in a faster version of the same rhythm (darj); a fourth vocal piece in a 10/8 or 5/8 rhythm (insirâf); and a final vocal performance sang in unison by the ensemble over a fast 6/8 rhythm (makhlas).