musiques marocaines

Publié le 30 Novembre 2008

«Cette broderie de mots poétiques de poèmes de toutes les époques, à travers les âges, de tous types et sur tous les sujets, ce matrouz, est l'âme et l'essence même de la multiculturalité. Une culture plurielle ne peut que broder ses différences et ses différents éléments. La vie est de la broderie. On brode dans tous les sens »

Joseph Chetrit

Le Matrouz désigne un concept musical de métissage Judéo-arabe caractérisé par l'alternance des paroles entre l'arabe et l'hébreu1. Il s'agit d'une musique de tradition orale encore présent dans certains cercles marocains qui valorisent ce patrimoine commun aux cultures juives, musulmanes et chrétiennes de l'Andalousie2. Habituellement, la première partie de la poésie des chansons de l'art de Matrouz est composée en langue arabe, tandis que la deuxième partie est organisée en hébreu, et les orchestres les interprètent sur les mêmes rythmes et mélodies du gharnati.

Le Matrouz prend son origine en Andalousie en Espagne musulmane qui est une musique souvent pratiquée par les Andalous de confession juive mélangeant à la fois l'hébreu avec l'arabe dans une harmonie exceptionnelle. Cette musique a subi une influence arabe, berbère et musulmane. Faisant partie de la musique arabo-andalouse était plus présente au Maroc suite aux vagues d'immigration des musulmans et juifs fuyant les chrétiens d'Espagne. Le Matrouz symbolise la vie des ancêtres qui ont vécu en convivialité parfaite avec leurs frères marocains3.

 

Chanteurs représentatifs

Françoise Atlan

Françoise Atlan (פרנסואז אטלן en hébreu, فرنسواز أطلان en arabe) est une chanteuse française d'origine algérienne qui s'est spécialisée dans l'interprétation du répertoire des anciennes musiques traditionnelles arabo-andalouse, matrouz, séfarade en ladino.

Haim Louk

Le rabbin Louk est né à Casablanca en 1942. Il est doté d'une voix exceptionnelle et d’un talent remarquable, il a été encouragé et suivi par différents maîtres et plus particulièrement par le grand maître de la liturgie juive marocaine, le Rabbin David Bouzaglou 'Zal6 et avec le musulman Abdessadeq Cheqara, la voix andalouse de Tétouan.. Se basant sur sa grande connaissance de la tradition séfarade, il symbolise cette double identité juive et arabe7.

Sa foi et ses connaissances rabbiniques étaient aussi importantes que sa passion pour la liturgie séfarade et son amour pour la poésie religieuse. Haim Louk a su tenir à la fois la tradition classique de la musique andalouse marocaine et le répertoire hébreu des cantiques piyyoutim et du baqashot8

Simon Elbaz

Issu d’une triple culture franco-judéo-maghrébine, d'origine marocaine et né à Boujaad. Il consacre une grande partie de sa vie au Matrouz. Il est auteur, comédien, compositeur et chanteur. Puisant son inspiration dans la tradition poétique et musicale de l’Andalousie, il a créé un spectacle d’un genre nouveau, rattaché à la tradition, mais résolument tourné vers l’avenir4.

Références

  1.  Rachid Aous, « Aux origines du concept artistique judéo-arabe « Matrouz » », Horizons Maghrébins - Le droit à la mémoire, vol. 50, no 1,‎ , p. 110–117 (DOI 10.3406/horma.2004.2204, lire en ligne [archive], consulté le 16 décembre 2020)
  2.  « Le Matrouz de Simon Elbaz » [archive], sur francemusique.fr,  (consulté le 7 décembre 2020)
  3.  « Israël : Orna Baziz de la «Conférence de Matrouz» revient sur le déplacement d’une délégation marocaine à Jérusalem » [archive], sur yabiladi.com (consulté le 7 décembre 2020)
  4.  Revenir plus haut en :a et b « Lu dans la presse » [archive], sur http://matrouz.com [archive]
  5.  « Matrouz - De la tradition à la création » [archive], sur akadem.org (consulté le 7 décembre 2020)
  6.  « Rabbin Haim Louk » [archive], sur www.dafina.net (consulté le 3 février 2021)
  7.  MedOrchestra, « affiche spectacle MEd orchestra » [archive], sur http://www.matanel.org [archive]
  8.  Festival de Fès maroc juin 2013, « festival de Fes des Musiques Sacrées du Monde:Rabbi Haim Louk et Abderahim Souiri » [archive], sur www.fesfestival.com (consulté le 3 février 2021)

 

Voir les commentaires

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Matrouz, #Musiques marocaines, #Françoise Atlan, #Haim Louk, #Simon Elbaz

Repost0

Publié le 13 Septembre 2008

Mariscolasabderrahimsouiricolor-.jpg

Il n’est pas de doute que le regain d’intérêt pour la musique andalouse ou la musique « Al-Ala », notamment par les jeunes, est dû à l’abnégation et au dévouement de certains artistes qui ont fait de cette musique leur raison d’être. Malheureusement, peu d’artistes ont opté pour l’originalité et la promotion des musiques que le temps allait faire oublier en raison des développements que connaît la scène artistique. En effet, la plupart des chanteurs sont pris dans les filets des clips, de la chanson dite, à tort ou à raison, moderne. Mais d’autres ne l’entendent pas de cette oreille et continuent, contre vents et marées, de faire preuve de résistance face aux nouvelles vagues. Leur détermination a fini par avoir raison de la tendance des nouvelles générations à chercher d’autres mélodies, d’autres rythmes qui se veulent en vogue.

164767_106480249428547_100001997174396_45760_2378085_n.jpg

On ne peut évoquer la musique andalouse sans que nous viennent à l’esprit les noms de deux chanteurs qui ont donné à cette musique une nouvelle dimension et participé à son adoption par les jeunes. C’est la paire Bajeddoub-Abderrahim Souiri. En effet, tout le monde s’accorde à dire que la musique andalouse a beaucoup gagné en intérêt notamment auprès des jeunes qui y voyaient une musique plutôt « rétro ». Préjugé infondé certes, mais le mérite de Bajeddoub et de Abderrahim Souiri est justement d’avoir prouvé grâce à leur façon de chanter que la musique andalouse, telle la musique classique, transcende les époques et les générations et qu’il faut bien en saisir le sens textuel, musical et vocal. Et c’est ce dernier volet qui a été développé par Bajeddoub et Souiri avec une plus grande recherche dans la poésie, notamment les Mouachahates.

Troupe_de_bouchaib_el_bedaoui.jpg

Biographie et évolution musicale

Abderrahim Souiri, de son vrai nom Abderrahim Aït Chelleh (né en  1957, à Essaouira) est un chanteur de musique arabo-andalouse marocaine connu pour sa voix puissante dans son Mawwâl qui puise dans la tradition des confréries soufies qui  au cours de leurs échanges entre l'Orient et le Maghreb, ont élargi le cadre de son interprétation, du chant religieux (inshâd) pratiqué lors de leurs cérémonies à la musique arabo-andalouse. Aucun marcocain, ne peut ignorer ses interprétations de chems el hâchia, fiachia (de Sidi Bahloul Cherki et popularisé bien avant lui par sidi Abdessadek Chekara), la illa ha illa allah, amulati alala, ou encore dour biha ya chibani.

Son père, muezzin lui apprend les rudiments de la musique et du chant et lui donne une éducation religieuse et l'étude des  versets du Coran.  Abderrahim Souiri est malheureusment orphelin de son père  à l'âge de 12 ans. Le grand chantre du samaâ d'Essaouira - le père d'Abderrahim Souiri - s'asseyait dans sa jeunesse aux escaliers des maisons juives où avait eu lieu un mariage pour écouter les modulations vocales des pyutims juifs de Mogador, qui sont l'équivalent des bayteïnes dans l'oratorio des confréries de l'extase. Ce sont des séances collectives de litanies et de danses extatiques comme on peut le voir encore aujourd'hui chez les Hamadcha d'Essaouira.

En 1973, Abderrrahim Souiri quitte Essaouira pour Casablanca et  intègre le lycée Ibn Battouta par la suite le lycée Moulay Driss où il a eu son baccalauréat dans la section lettres modernes.

Il s'inscrit à l'Université Hassan II, mais abandonne les cours. Pour gagner sa vie, Abderrahim Souiri animait des soirées religieuses avec, entre autres, Fqih Hayani.

À Haj Driss Benjelloun Touimi, président de l'Association des amateurs de musique andalouse, un mécène passionné, Abderrahim Souiri doit sa rencontre avec Haj Abdelakrim Raïs, l’un des noms les plus prestigieux qui ont marqué l’histoire de la moussiqua al-âla  marocaine contemporaine.

Sa carrière est lancée en 1986. Feu le Roi Hassan II, le remarque et l'invite à l'une de ses soirées. Ce monarque remarquable m' a complimenté pour ma voix et m'a demandé de lui interpréter une chanson de la musique arabe classique. Quand j'ai fini de chanter, il m'a félicité et m'a conseillé de m'essayer à d'autres registres que la musique andalouse. Un conseil précieux que j'ai suivi. Je suis avant tout un chanteur polyvalent. Je touche à tous les styles musicaux tout en gardant mon empreinte, qui a fait ma réputation.» Un choix qui lui ouvre les portes du monde.

 Abderrahim Souiri avec Abderrahim Amrani Marrackchi

P1110376.jpg

La musique andalouse qu'interprète Abderrahim Souiri, comme celle de ses précepteurs, balance entre le génie de ses compositions et la sensualité de ses chants. Ses inconditionnels autant que les simples amateurs l'apprécient à sa juste valeur.

Abderrahim Souiri n'est pas seulement un chanteur, mais un viveur. Par essence généreux, il aime partager son bonheur avec tout ceux qu'il aime : sa famille, ses amis et ses admirateurs prenant  ainsi plaisir à vivre avec eux leur souffrance. Une souffrance qu'il dissimule dans son large sourire et qu'il absorbe au fond de son âme. Une âme faite pour chanter la vie et la mort. Au delà se jouent les notes d'une musique qui sillonne la volupté de l'être et du néant dira un de ses admirateurs et  amis. Il fait partie des artistes populaires les mieux payés du Maroc. Ses concerts font toujours salle comble, ses apparitions à la télévision sont assez fréquentes et ses disques inondent désormais grandes surfaces et échoppes de DVD. Mais c’est bien lors de soirées privées que le virtuose d’Al Andaloussi réalise l’essentiel de ses revenus. Mariages, baptêmes, grandes réceptions… c’est un artiste très demandé qu’il faut booker plusieurs mois à l’avance, surtout durant la saison estivale où il peut se produire un soir sur deux pendant plus de deux mois. Son cachet ? “Il se déplace à partir de 100 000 dirhams par soirée, mais cela peut être beaucoup plus durant l’été par exemple”, confie un connaisseur. De plus en plus, Souiri se produit également en Europe, aux Etats-Unis et dans les pays arabes.

Voir aussi

Abderrahim Souiri s'est produit dans les salles les plus prestigieuses, de Singapour à Montréal, en passant par Paris et Londres et a rencontré des personnalités internationales tels que Kofi Annan ou Abdou Diouf.
 
En 2007, Souiri a remporté un grand succès au 43ème Festival international de Carthage en Tunisie, en interprétant des chansons marocaines et plusieurs mawwâl appréciés du public.
Courant du moi de mars 2009, Abderrahim Souiri et Françoise Atlan étaient en Concert à Paris pour la promotion du dialogue et de la paix en Méditerranée. Ils ont actués au siège de l'UNESCO à Paris, dans le cadre d'un concert organisé pour la promotion du dialogue et de la paix en Méditerranée. Placé sous le signe "Les femmes méditerranéennes chantent la paix" à l'initiative de l'Association du dialogue interculturel et interreligieux (ADICR), ce concert s'insère dans le sillage du Forum de Paris.
 
 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musiques marocaines, #Abderrahim Souiri

Repost0

Publié le 3 Août 2008

Aziz Sahmaoui, né au Maroc, est un chanteur et multi-instrumentiste de musique Gnawa.

 

Biographie et évolution musicale

C'est aux côtés de Joe Zawinul, sur les scènes de l'Orchestre National de Barbès ou au sein de la formation Ifrikya que beaucoup d'entre nous ont découvert Aziz Sahmaoui. C'était lui, ce berger méditerranéen au sourire indicible, ce mystique de l'extase musicale, ce percussionniste sensuel avec ses karkabous (castagnettes de fer). C'était lui, cette voix qui vous parlait sans fard comme on parle à Dieu, tandis que le sombre guembri, sous ses doigts, égrenait les maximes éternelles. Où qu'il joue, Aziz capte le regard, comme si l'intensité de son bonheur se propageait par onde jusqu'à votre cœur.

« J'ai la chance de venir d'un endroit magique: Marrakech, au Maroc. C'est là que j'ai grandi et que j'ai appris à jouer... » Nous dira t-il.

Avec un copain, il a formé son premier groupe à l'âge de 12 ans, chant, percussions et instruments à cordes.

Le bac. La fac. Un emploi. Il s'est retrouvé employé de banque à Paris le jour, musicien de boîtes le soir. Peu à peu, la musique a pris le pas sur le travail. C'est là qu'il a compris qu'il devait faire un choix.

En réalité, le choix était déjà fait. Il a toujours été musicien. « Je ne peux pas me passer de musique. Je ne suis satisfait que quand je joue. On se sent bien, ça vous équilibre la journée, ça vous donne un sourire... »

A cette époque, aux débuts de l'ONB, tous les soirs la formation était différente, tous les soirs il fallait inventer. Selon les musiciens disponibles, ça devenait du jazz au guembri, des rythmes gnaoua-reggae, du rock berbère, c'était fantastique, qu'elle fut belle cette aventure ! Aziz travaillait aussi sur d'autres projets - comme "Maghreb and Friends" avec Karim Ziad, Nguyên Lê et les B'net Houariates; ou encore avec le guitariste gitan, Nino Joselle, compagnon de Paco de Lucia. Egalement avec le Big Band de la WDR, à Cologne, Aziz participa au projet "Jazz a-la-Arab".

Il y a eu aussi, bien sûr, le défunt Joe Zawinul. Une sacrée école. « ... il y a ce gros moteur qui tourne, tous les musiciens font la même chose en même temps, et puis soudain Joe me fait un signe du menton et il faut que je chante, que je me lance, comme ça, sans préavis... ». Une aventure musicale et humaine magique qui vous transporte dans le monde entier. « ... peu importe d'où vient la musique, elle m'a emmené partout, elle m'emmène demain à Toulouse... »

Propos recueillis par H. Lee

Discographie

Ifrikya & Karim Ziad

  • Dawi - Intuition - 2007

  • Chabiba - Label Sauvage - 2004

  • Ifrikya - ACT Music - 2003

 

Orchestre National de Barbès

  • Poulina - Virgin France - 2000

  • En concert - Tinder - 1998

 

 

Contributions diverses

  • WDR Big Band - Jazz Al' Arab - NRW Records - 2007

  • Joe Zawinul & The Zawinul Syndicate - Vienna Nights - BHM Productions - 2005

  • Niño Josele - Niño Josele - MSI Music - 2003

  • Nguyên Lê - Maghreb & Friends - ACT Music - 1998

 

Liens internet


Myspace
Récupérée de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Aziz_Sahmaoui »

Droit d'auteur : Tous les textes sont disponibles sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).

 

Voir les commentaires

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Musiques marocaines, #Musiques du monde

Repost0