Mon personnage dans "Douleur et gloire"est parfois très simple, et parfois très pédé, comme moi.
Pedro Almodovar
Je suis très féminin et je ne vais pas le cacher, je me sens bien comme je le suis
César Vicente
Nous sommes sûrs que tout le monde va bientôt parler de lui. Avant que votre nom ne monopolise les gros titres, nous souhaitons vous le présenter.
Il s'appelle César Vicente et il est le visage révélateur de Dolor y Gloria du nouveau film de Pedro Almodóvar.
Le réalisateur a opté pour le Sévillan de 21 ans, jusque-là inconnu, dans le casting d'acteurs tels qu'Antonio Banderas, Leonardo Sbaraglia, Asier Etxeandia, Raúl Arévalo ou Julián López.
Dans une lettre écrite pour El Mundo quelques jours après le tournage, Pedro Almodóvar a souligné combien il était merveilleux de pouvoir le diriger pour la première fois devant une caméra et de "contempler la spontanéité et la pureté de César Vicente, un privilège".
Lo del actor César Vicente ha sido, literalmente, llegar y besar el santo. O más concretamente, llegar y debutar en el cine de la mano de Pedro Almodóvar en Dolor y gloria . Ahí es nada. A sus ...
Ha 21 anni, i denti imperfetti, un volto eccezionale e due occhi ipnotici. César Vicente è l'ultima straordinaria scoperta di Pedro Almodovar, che ha scovato questo giovane sconosciuto e l'ha voluto
Entre les couleurs saturées, le rouge de la douleur et de la mort prévaut. Il n'y a pas de larmes, ni de cris, ni hystérisme. Nous abordons une superbe réflexion sur ces expériences maintenues dans la mémoire, qui se sont terminées sans plus et qui n'ont pas fermé les cicatrices. Peut-être le film le plus intime et le plus sincère de Pedro Almodóvar de la dernière décennie: à mi-chemin entre l’histoire des coutumes et la biographie de fiction, expose ses obsessions de manière brillante.
"Douleur et Gloire", un film intime mais énergique, où le protagoniste dissèque sans craindre de plonger dans ses propres démons, transformant sa vie et son expérience en inspiration de travail qui traite l’art comme un carburant vital.
Salvador Mallo est un réalisateur déjà à maturité. Il vit à Madrid et a connu un succès remarquable tout au long de sa carrière. Dans la solitude et avec trop de fantômes, il est paralysé par les douleurs physiques de toutes sortes qui le bloquent. Incapable d'écrire et de diriger à nouveau à cause de sa condition physique déplorable, cela ressemble au moment idéal pour se souvenir de toute sa vie et rendre des comptes au passé.
Le film commence avec Salvador Mallo immergé dans une piscine qui revient à la mémoire de son enfance. L'eau lui rappelle un jour de bonheur alors qu'il n'était qu'un enfant, jouant au bord de la rivière dans son village, pendant que sa mère et d'autres femmes lavent leurs vêtements. Sûrement l'un des jours les plus heureux de sa vie.
Mais dans la piscine, sous l'eau, une cicatrice traverse son corps, éloignant ainsi le bonheur innocent et insouciant d'un enfant souriant et nous ramenant à la réalité d'un homme adulte marqué par les blessures laissées par l'expérience. C'est ainsi que commence ce voyage régénérateur, où la réconciliation avec le passé devient la condition fondamentale pour un cinéaste vivant par et pour son travail.
Les scènes impressionnantes de l'enfance du protagoniste se démarquent. Ils sont abattus dans une grotte à Paterna, une ville très proche de Valence. Quelques habitats d’origine mauresque, excavés sur des terres avec des évents. Peu à peu, la majorité est partie et certaines ont été protégées par les autorités en tant que biens d'intérêt culturel.
Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 1960, les années 1980 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.
Un film de Pedro Almodóvar, avec Antonio Banderas, Asier Etxeandía, Leonardo Sbaraglia, Nora Navas, Julieta Serrano, César Vicente, Asier Flores et avec la participation exceptionnelle de Penélope Cruz
Quartet Records and El Deseo present the soundtrack album of the eagerly anticipated new collaboration between Academy Award-winning director Pedro Almodóvar and prestigious three-time Academy ...
La musique du générique du film Volver de Pedro Almodovar, qui se déroule pendant la scène où les femmes nettoient les tombes, est agrémentée de la chanson Las Espigadoras (la Rosa Del Azafrán) qui est une magnique zarzuela qui a été jouée la première fois en 1930. Cette opérette espagnole a été composée par Jacinto Guerrero, écrite par Federico Romero et Guillermo Fernández Shaw et interprétée dans ce film par la chanteuse lyrique soprano espagnole Conchita Panadés.
L'action de cette opérette se situe dans La Mancha, ce qui nous ramène à un des thèmes principaux du film, à savoir les traditions de cette région espagnole. Cette chanson apparait dans l'acte I, scène 3 de l'opérette, alors que les femmes travaillent à extraire les stigmates de la fleur de safran (azafrán), un travail pénible et intense. Cela laisse donc déjà deviner un des angles de vue du film, à savoir la force et le courage de femmes qui travaillent seules (dans le film, Raimunda multiplie les emplois et travaille sans relâche pour faire vivre sa famille). De plus, il est dit dans l'opérette que l'amour est fragile comme cette fleur de safran: leur floraison se fait à l'aube, puis elle se fane rapidement durant la journée. Cela renvoie dans le film aux thèmes de la mort et de l'amour impossible avec les hommes.
Conchita Panadés : (née en 1908, à Manille et morte à Barcelone en 1981). 25 ans après son décès, sa belle voix accrochante au timbre voilé est remise à l'honneur dans l'enregistrement sonore du générique de ce film sur une bande originale de Alberto Iglesias.
Lazarzuela1,2(prononcé [θaɾˈθwela]) est ungenre théâtral lyriqueespagnolné auxviie siècle qui alterne scènes chantées et passages parlés avec les thèmes locaux et le folklore populaire espagnol. Il a été recensé quelque 20 000 zarzuelas, depuis la naissance du genre jusqu’auxxe siècle3.
L’appellation « zarzuela » provient du nom d’un lieu de villégiature royal au nord deMadrid, lePalacio de la Zarzuela(litt. « palais de la ronceraie »)4, qui est actuellement la résidence duroi d'Espagne, où furent données auxviie siècleles premières soirées théâtrales et musicales ditesFiesta de la zarzuela ; un intitulé rapidement abrégé et simplifié enzarzuela, sous l’influence dePedro Calderón de la Barca, grand librettiste alors de ce genre lyrique5.
La zarzuela avait cependant été en Espagne précédée vingt ans plus tôt de pièces entièrement chantées qu'on n'appelait pas encore « opéras », tellesLa gloria de Niquea(1622) etLa selva sin amor(1627), sur un livret deFélix Lope de Vega, à la façon de ce qu’il en était depuis peu en Italie6. L'opéra espagnolva ainsi désormais poursuivre son chemin, à côté de son dérivé : la zarzuela7.
La première œuvre de zarzuela répertoriée estEl jardín de Falerina, datée de 1648. À l'origine spectacle de cour, la zarzuela va ensuite essaimer dans les théâtres ouverts à tous, essentiellement à Madrid avant de se répandre dans toute l’Espagne, puis, dès la fin duxviie siècle, dans lesAmériqueset jusqu’auxPhilippines, à travers des ouvrages et des compositeurs aux styles très différents. Parmi les compositeurs majeurs et les œuvres importantes desXVIIeetXVIIIesiècles, il convient de mentionner :Juan Hidalgo, auteur deCelos aun del aire matan(1660) etLos celos hacen estrellas(1672) ;Sebastián Durón, auteur deSalir el amor del mundo(1696) etEl imposible mayor en amor le vence Amor(vers 1700) ;Antonio Literes, auteur deAcis y Galatea(1708) etJúpiter y Semele(1718) ;José de Nebra, auteur deViento es la dicha de amor(1743) etIfigenia en Tracia(1747) ;Antonio Rodríguez de Hita, auteur deBriseida(1768) etLas labradoras de Murcia(1769) ;Luigi Boccherini, auteur deClementina8(1786)...
Jusqu’à la moitié duxviiie siècle, les thèmes des livrets sont exclusivement mythologiques (cas deJúpiter y SemeleetIfigenia en Tracia, par exemple), pour ensuite s’infléchir vers des sujets les plus divers et souvent avec des personnages de tous les jours (cas deLas labradoras de MurciaetClementina). Cette évolution doit beaucoup au librettisteRamón de la Cruz, principal instigateur de ce renouvellement du genre. Le style musical quant à lui s’apparente à celui de l’art lyrique baroque dans le reste de l’Europe, avec toutefois des traits propres (que l’on trouverait dans la musique religieuse espagnole de l’époque) ; puis, à partir de la seconde moitié duxviiie siècle, prenant un caractère davantage symphonique dans l’orchestration, de plus en plus mêlé de formes typiquement espagnoles (passacailles,fandangos,sarabandes,chaconnes)9,10.
Relief en bronze représentant une scène dePan y toros(1864). Détail d'un monument àMadrid(L. Coullaut,1913).
La zarzuela auxxixeetxxesiècles
Au début duxixe siècle, le genre connaît une renaissance, prenant parfois un ton léger que l’on pourrait rapprocher de l’opérette(apparue en France vers 1840), surtout vers la fin duxixe siècle et début duxxe siècle. Mais la très grande majorité des zarzuelas possèdent une tonalité dramatique, rarement portée à l’amusement et conduisant souvent à des fins tragiques (la meilleure correspondance esthétique serait plutôt l’opéra-comiquefrançais ou lesingspielallemand, en raison notamment de la présence de dialogues parlés).
Relief en bronze représentant une scène deLa verbena de la Paloma(1894). Détail d'un monument àMadrid(L. Coullaut,1913).
Pour ces deux siècles considérés, la zarzuela peut se partager en deux familles principales : la zarzuela « grande » et la zarzuela « chica » (petite). La première, généralement en trois actes, est destinée à occuper une soirée entière de représentation, sur des sujets historiques (cas dePan y toroset deLa bruja) ou dramatiques (cas deCurro Vargaset deLas golondrinas). Musicalement, elle porte tout d’abord l’influence dubel canto, pour peu à peu s’en libérer par des formes de chant qui lui sont propres, tout en restant parfois sensible aux courants lyriques du reste de l’Europe (Grand Opéra à la française,wagnérisme,vérisme…). La seconde catégorie, généralement en un acte et d’une durée d’environ une heure, revêt un caractère plus spécifique : avec des intrigues et personnages contemporains, issus du petit peuple et des prolétaires, de Madrid en particulier, notamment pour legénero chico(« genre petit »), sous-genre de lazarzuela chica ; et des rythmes musicaux très souvent puisés aux sources espagnoles (cas deLa Gran Víaet deLa verbena de la Paloma).Carlos Arnichesfigure alors l’un des florissants librettistes de ces sujets gouailleurs mais non nécessairement joyeux. Il en serait de même pour les zarzuelas desAmériques hispaniques, qui régulièrement s’inspirent de thèmes autochtones et du folklore local14,15,16,17. Ce type de pièces lyriques populaires se rencontre également dans des pays tels que lesPhilippines, avec, notamment, comme interprète auxxe siècle,Atang de la Rama18.
Postérité de la zarzuela
Depuis la fin desannées 1970, le goût pour les spectacles lyriques a entraîné un nouvel intérêt pour les Espagnols envers la zarzuela. Les maisons de disques créent des collections dans lesquelles les disques sont accompagnés de fascicules : livret, synopsis, études sur l'œuvre, biographie du compositeur y sont exposés. En Espagne, le programme diffusé par laTVEintituléAntología de la zarzuelaa connu un franc succès. En 2006, la SGAE (équivalant à laSACEMen France) a enregistré une augmentation d'environ 4 % relative aux droits d'auteur.
La réputation de la zarzuela a néanmoins rarement dépassé les frontières du monde hispanophone (Espagne, Amérique hispanique, Philippines…) ; en raison peut-être de la langue espagnole des livrets, et d’autant plus pour leurs dialogues parlés qui peuvent aussi constituer un frein à une expansion internationale ; voire aussi en raison des sujets de ces livrets, souvent se rapportant à des thèmes hispanisants, bien que cela ne soit pas une règle générale tant s'en faut. La zarzuela commence toutefois à essaimer au-delà de ce monde, comme le montreraient ces dernières années des représentations en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Italie, aux États-Unis, ou d’autres pays de tradition lyrique non hispanophone.
↑Manuel García Franco et Ramón Regidor Arribas,La zarzuela, Acento Editorial, Madrid, 1997(ISBN84-483-0111-0),p. 9-39.
↑Friedrich Nietzsche,Lettres à Peter Gast, traduction de l'allemand vers le français par Louise Servicen. Introduction et notes par André Schaeffner. Éditions du Rocher, 1957 (réédition de 1981 par Christian Bourgois éditeur, où la lettre du 16 décembre 1888 se trouve sur les pages 564 et 565).
↑Pierre-René Serna,Guide de la Zarzuela : La zarzuela de Z à A,op. cit.,p. 111.
↑Œuvre aussi connue sous le titreMaría de la O, du nom d'unevierge. Les deux titres, successivement, furent attribués par Lecuona lui-même.
↑Manuel García Franco et Ramón Regidor Arribas,La zarzuela,op. cit.,p. 42-61etp. 70-84.
↑Emilio Casares Rodicio,Diccionario de la Zarzuela, España e Hispanoamérica(2 vol.), ICCMU, Madrid, 2002-2003, 962 et 1084 pages(ISBN84-89457-22-0et84-89457-23-9), vol. 2 :p. 1018-1035.
↑Le nom de famille de ce compositeur s'écrit Moreno-Buendía, avec trait d'union entre «Moreno» et «Buendía». Voir vol. 2, pages 356-357inEmilio Casares Rodicio,Diccionario de la Zarzuela, España e Hispanoamérica(2 vol.), ICCMU, Madrid, 2002-2003, 962 et 1084 pages(ISBN84-89457-22-0et84-89457-23-9). Et aussi, par exemple : efe,«Manuel Moreno-Buendía: un compositor para "todos los públicos"» [archive],ABC, 24/11/2012.