Comment mieux l’évoquer qu’avec ce poème d’Emile Verhaeren ? Le mot est ici répété tout au long du poème, directement ou indirectement puisque, à l’instar du deuxième vers -« Voici le vent cornant novembre »- le poète a choisi le mois dont le nom contient le son du mot vent.
Poète de l’enfance et du merveilleux de la vie, poète panthéiste qui identifie Dieu et la nature, Maurice Carême est un auteur dont le style, simple à première vue, est un véritable bonheur. On découvre aussi en lui un précurseur d’une écriture poétique au service d’une philosophie de la nature, tant recherchée de nos jours. L’œuvre de Maurice Carême comprend plus de quatre-vingts recueils de poèmes, contes, romans, nouvelles, essais, traductions. Elle n'a cessé de fasciner les musiciens tant les compositeurs que les chansonniers. De nombreuses anthologies de ses poèmes ont été publiées. Des essais, des disques, des films, des DVD lui sont consacrés. L’œuvre, couronnée par de nombreux prix littéraires, est traduite dans le monde entier et mise en musique.
Jamais deux navires
Ne peuvent voguer
Vers le même port
Il arrive toujours
Un jour de tristesse
Que l'un d'eux s'en aille
Poursuivant d'autres nords
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
Ils trouvent ailleurs
De beaux paradis
Les plus belles fleurs
Des fruits infinis
Ils trouvent ailleurs
Ce qu'ils n'ont pas ici
Et dans la douleur
Disparaissent dans la nuit
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
Pourtant les fontaines
Continuent de couler
Vers la douce plaine
Sous le soleil doré
Pourtant les saisons
Continuent leur passage
Les oiseaux en hiver
Reprennent leur voyage
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
Seul à seule, le soir
Avec sa grande peine
Quand la mort viendra
Il faudra l'inviter
L'asseoir à notre table
Et bouquet de verveine
Offrir au connétable
A la dernière reine
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
Est-il par derrière
Un havre de paix
Où de blanches colombes
Volent dans l'air léger ?
Est-il un ami, un frère, une mère
Pour nous ouvrir la porte
Lorsque tout est fini ?
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour
C'est le sort d'ici-bas
C'est le sort de l'amour
C'est le sort de ceux-là
Qui croient chercher le jour