Le 29 octobre 1938, a eu lieu à Barcelone une parade d’adieu des brigades internationales. A cette occasion, Dolores IBARRURI GÓMEZ dite la Pasionaria (1895-1989) tient un discours qui a marqué profondément les esprits. en voici un extrait : " Mères ! Femmes ! Lorsque les années auront passé et que les blessures de la guerre seront cicatrisées ; lorsque le souvenir des jours de détresse
Héroine de la guerre d'Espagne et de l'antifranquisme Dolores Ibarruri était aussi, pour les fascistes, un des symboles de l'" Europe rouge ".
Dolores Ibárruri Gómez, ditLa Pasionaria, née leàGallartaenBiscayeet morte leàMadrid, est unefemme politiquebasqueespagnoleet a été la première femme à diriger un parti en Espagne1. Elle a été secrétaire générale duParti communiste espagnol(PCE) entre 1942 et 1960, puis présidente de ce parti entre 1960 et 1989. Elle soutient les troupes républicaines anti-franquistes pendant laguerre d'Espagneen prononçant des discours incendiaires à la radio et en visitant les troupes au front pour leur remonter le moral. Elle est connue pour son fameux slogan¡No pasarán!. Ibarruri revient en Espagne après la mort de Franco (1977) et est de nouveau élue députée. Elle meurt en 1989.
Biographie
Origine et formation
Dolores Ibárruri Gómez naît leàGallartaenBiscaye2. Issue d'une famille de mineurs, elle est la huitième enfant d'une fratrie de onze3,4. Sa mère, Juliana Gómez Pardo, est d’ascendance castillane5.
L'ambiance familiale est marquée par le catholicisme et son père est un militantcarliste4. Elle est scolarisée jusqu'à l'âge de 15 ans, envisageant de devenir institutrice, mais elle ne peut y parvenir, car ses parents n'ont pas les moyens de lui payer des études suffisamment longues6. Elle commence à travailler dans un atelier de couture, puis devientfemme de ménage, jusqu'à son mariage en19166
Début de l’activité politique (1916-1919)
Elle épouse un mineur et militant socialiste (adhérent duPSOE),Julián Ruiz Gabiña7, originaire deSomorrostro. Avec son mari fréquemment emprisonné pour des activités politiques et la mort de quatre enfants, elle a connu la pauvreté et la douleur6.
Ils ont six enfants, dont quatre morts très jeunes : Ester (1916-1919),Rubén(1921-1942), les triplées : Amagoia (1923-1923), Azucena (1923-1925), Amaya8(1923-20189), et Eva (1928-1928).
Depuis qu'elle s'est mobilisée à l'occasion de lagrève générale révolutionnaire de 1917, Dolores Ibárruri s'est fait un nom comme conférencière et chroniqueuse politique4et écrit aussi dans la presse ouvrière ; c'est en 1918 qu'elle utilise pour la première fois le pseudonyme dela Pasionaria10,3, pour un article dans le journalEl Minero Vizcaino11.
Elle joue un rôle important dans le parti au niveau provincial : elle est déléguée au Iercongrès du PCE (Madrid) en, et de nouveau en 1927 pour le IIIe ; ce congrès devant avoir lieu en France, elle ne peut cependant y assister.
Populaire et respectée, elle est élue au Comité central duPCEen 1930.
La période de laIIe République (1931-1936)
Après l'avènement de laSeconde Républiqueen 1931, elle se sépare de son mari et s’installe àMadrid, où elle devient responsable du journal du parti,Mundo Obrero4. Elle entre au bureau politique du parti en 1932. Elle est envoyée àMoscouen 1933 comme déléguée auprès duKomintern. En 1933, elle fondeMujeres Antifascistas, une association de femmes contre le fascisme et la guerre13. Elle est arrêtée et emprisonnée à plusieurs reprises en raison de ses activités.
En, elle est élue députée desAsturies4. Peu après, elle réussit à obtenir des autorités locales d’Oviedola libération des prisonniers politiques. Le 16 juin, elle répondit à une intervention menaçante du dirigeant de la droiteCalvo Soteloen réclamant l'arrestation des conspirateurs et de leurs complices. Les franquistes présentèrent ultérieurement ce discours comme un appel au meurtre de Calvo Sotelo14. Aucun document ne prouve que Dolores Ibárruri ait dit à Calvo Sotelo « cet homme a parlé pour la dernière fois » avant son assassinat. Compte tenu du manque de rigueur des sources orales disponibles, seules des sources écrites ont pu être utilisées pour confirmer l'épisode, mais celles-ci ne permettent pas non plus de donner de la véracité aux théories de Franco. Ainsi, le Journal des Séances du 16 juin 1936 n'inclut à aucun moment les menaces de la Pasionaria1516.
Ces événements précipitent toutefois l'entrée dans la guerre d'Espagne17.
La guerre civile (1936-1939)
Dolores Ibárruri en 1936.
Quand laguerre civileéclate en, Dolores Ibárruri se dresse pour défendre la république avec le célèbre slogan« ¡No pasarán! »(« Ils ne passeront pas »)18, prononcé, dès le, au balcon du ministère de l'Intérieur, au moment de l'offensive franquiste contre Madrid. Au début du mois de septembre, elle est en France pour une entrevue avecLéon Blum, qui, le1erseptembre, a opté pour la politique de non-intervention ; le, elle prononce un discours auvélodrome d'Hiver.
Elle est élue vice-présidente desCortes(es)en 1937. Elle participe à plusieurs comités avec des personnalités telles quePalmiro Togliattipour défendre la cause républicaine. Pour mettre fin à des critiques, son fils revient en Espagne et participe à labataille de l'Ebreen 1938.
Par ailleurs, elle agit pour soutenir le moral des soldats républicains ou pour lutter contre les tendances défaitistes : ainsi, en 1938, elle dirige des manifestations àBarcelonedevant les locaux du gouvernement républicain. C’est aussi elle qui, le, à Barcelone, salue le rôle desBrigades internationalessur le point de quitter l’Espagne après leur dissolution. Chose qui ne va pas de soi à l'époque, son discours s'adresse autant aux hommes qu'aux femmes, bouleversant les représentations des sexes, à l'heure où certaines militantes craignent que la victoire des nationalistes ne remette en cause les acquis féministes de la République. Le symbole de la femme qui prend les armes, pourtant une exception, est par ailleurs un outil de mobilisation important, du moins au début du conflit. La propagande évolue par la suite, louant la femme qui travaille à l'arrière et assure son rôle familial, pour aboutir à n'être valorisée qu'à travers le prisme de l'homme : comme épouse, comme mère ou comme sœur de combattant. L'historienneYannick Ripanote ainsi :« L'aura de la Pasionaria enferme les femmes dans la culture sacrificielle qu’on leur impose depuis des siècle ». Elles sont toutefois invitées à investir le champ économique, moyen politique de lutter contre le fascisme18.
Au bout de trois ans d'affrontements sanglants, le gouvernement républicain est défait et quitte le territoire espagnol ; les hostilités cessent leavec l'entrée dans Madrid des forces franquistes.
L'exil
Dolores Ibárruri part en exil en Union soviétique, où elle continue ses activités politiques. Son filsRubénentre dans l'Armée rougeet périt le25août 1942au cours de labataille de Stalingrad. Son action vis-à-vis des exilés espagnols en URSS, dont la condition était très précaire, est décrite très négativement parEnrique Castro Delgado19. La distinction dehéros de l'Union soviétiquelui sera décernée en 1956.
En, elle devient secrétaire générale duPCEet le reste jusqu'en 196020 ; elle en devient alors présidente jusqu'à sa mort.
Après la mort deFrancisco Francoen1975, elle revient en Espagne. Elle est élue députée aux Cortes en, lors des premières élections après la restauration de la démocratie. Elle est la seule députée élue en 1936 à être réélue en 1977 : cette élection est considérée comme un symbole à l'époque21,22. Affligée par une mauvaise santé, elle a rapidement quitté son siège et s'est retirée de la politique active4.
Elle meurt d'une pneumonie à Madrid, à l'âge de 93 ans, après être retournée à la foi catholique de son enfance, voire à un certain mysticisme. Cette conversion est restée cachée jusqu'à la publication de la biographie de son ami et confesseur, le père Llanos23, dans laquelle ont été révélés des courriers échangés entre eux deux. Ainsi, dans une lettre au père Llanos écrite le, la Pasionaria écrivait :« voyons si les petits vieux que nous sommes devenus pourront utiliser le temps qu'il nous reste à vivre en un chant de louanges et d'action de grâce au Dieu-Amour, comme une préparation de notre vocation éternelle ».
Certains passages de ses discours, tels que : « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux » (adaptation populaire de la phrase d'Emiliano Zapata) ou son « ¡No pasarán! » (prononcé parRobert Georges Nivellependant laPremière Guerre mondiale), sont connus dans le monde entier. Elle devient un mythe, valorisé par une hagiographie développée après sa mort18. Son rôle de symbole populaire en a fait un personnage de poèmes et de chansons pourPablo Neruda,Rafael Alberti,Ana Belénet quelques autres.
Publications
Dolores Ibárruri : articles et discours 1936-1938, Moscou, 1938.
El único camino, Moscou, 1963.
They Shall Not Pass: The Autobiography of La Pasionaria, New York, 1966.
Memorias de Pasionaria, 1939–1977 : Me faltaba España, Barcelona, 1984.
Memorias de Dolores Ibarruri, Pasionaria : la lucha y la vida, Barcelona, 1985.
↑Julián Ruiz Gabiña (né en 1890, mort en 1978 à Somorrostro (Biscaye). Exilé en URSS après la guerre civile, il y travaille comme ouvrier d'usine. Julián Ruiz rentre en Espagne en 1972 et finit ses jours à Somorrostro.
↑Amaya Ruiz Ibárruria participé en octobre 2006 à une cérémonie d'hommage aux membres des Brigades internationales.
↑Le Parti communiste d'Espagne résulte de la fusion, à la demande de l'Internationale communiste, du Parti communiste espagnol avec le Parti communiste ouvrier espagnol, une sécession plus tardive (avril 1921) du PSOE.
↑J'ai perdu la foi à Moscou. Enrique Castro Delgado 1950.
↑. Elle démissionne dès 1959 (à la suite de l'échec de la grève générale du, et des divergences d'interprétation entre elle et les responsables de l'action en Espagne,Santiago Carrillo,Jorge SemprúnetEnrique Lister), mais cette démission n'est rendue publique qu'en 1960.
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