Khemaïs Tarnane

Publié le 27 Avril 2008

Khemayyes Ternane ou encore Khémais Ternane (خميّس ترنان) (né Khemaïs Ben Ali Ben Khemaïs Tarnane, le 1er juillet 1894 à Bizerte - décédé le 31 octobre 1964 à Tunis) fut un musicien, chanteur et compositeur qui a contribué au sein de la Rachidia à la collecte, la mise en valeur et la diffusion du Malouf. Ses nombreuses compositions dans des formes différentes constituent une référence en matière de création, par l’originalité de son style alliant tradition et modernité. Ses oeuvres ont largement contribué à enrichis le répertoire musical tunisien auquel il a imprimé un cachet distinctif dont les traces sont souvent citées par les ethnomusicologues.

Le jawq du shaykh Khmayyess TARNÂN

Biographie et évolution musicale

Jeunesse

Khemaïs Tarnane est issu d'une famille ancestrale d'origine andalouse qui a immigrée en Tunisie vers la fin du XVIIème siècle. Installé à Bizerte, son père Ali et son oncle Mohammed, tous deux chanteurs, lui transmettent tôt leur culture musicale. Son oncle Ahmed l'emmène avec lui à la zaouïa de Sidi Abdelkader pour assister aux chants religieux des troupes de la confrérie. Ces mêmes troupes chantent également le malouf tunisien.

Il poursuit sa scolarité dans une école dirigée par l'écrivain Abderrahman Guiga qui s'oppose à ce que son disciple s'adonne à toute forme d'expressivité musicale ou de  chant. Il voit ce domaine comme étant propice à la négligence des études et des bonnes mœurs. En 1903, Tarnane entre à l'école franco-arabe et s'intéresse à un genre de flûte qu'on appelle à l'époque « ghal ». Après avoir quitté l'école, il regagne l'atelier de tisserand de son père, où il apprend à tisser, et fréquente les cafés qui diffusent à longueur de journées des disques des grands chanteurs égyptiens[1]. À force de les écouter, il apprend un nombre considérable de chansons classiques et ne tarde pas à former un orchestre composé de musiciens juifs tunisiens où il joue de l'oud. Il acquiert rapidement une solide renommée si bien qu'il décide, en 1915, de se rendre à Tunis pour tenter sa chance dans le domaine musical : il donne tous les soirs un concert dans un café de la médina[1].

En 1917, il s'installa à Tunis et apprit le malouf, les mouachahât et adouars proche-orientaux ainsi que les pesherevs turcs auprès des plus grands maîtres de l'époque tels que Cheikh Ahmed Touil et Cheikh Ahmed Ferjani.

Khemaïs Tarnane

Fondateur de La Rachidia

Il constitue alors un nouvel orchestre avec Ahmed Karoui. En cette période, la musique tunisienne s'enrichit avec l'arrivée à Tunis d'un groupe d'artistes juifs venus de Tripoli, dont Cheikh El Afrit, qui fuient le colonialisme italien[1]. Tarnane enregistre durant cette période des muwashshahs, de vieilles chansons ainsi que des morceaux sur piano. Il fait également la connaissance du baron Rodolphe d'Erlanger et fréquente le musicien Ahmed el-Wafi[1]. Il compose également pour de nombreux interprètes comme Choubeïla Rached.

 

En novembre 1934 se constitue La Rachidia dont Tarnane est l'un des fondateurs et professeurs. Parmi ses élèves restés célèbres figurent Salah El Mahdi. Dans les années 40, Saliha fait son entrée à La Rachidia et Tarnane compose la majorité de ses chansons[1].

Tarnane meurt le 31 octobre 1964 à l'âge de 70 ans.

Postérité musicale

Tarnane continue toujours d'influencer de nombreux artistes de la scène tunisienne avec notamment une oeuvre intitulée "Ennaouara el achiqua" (1987), Anouar Brahem propose par exemple un concert de chants, né de sa rencontre avec le poète Ali Louati, révélant ainsi encore une fois le caractère éclectique et novateur de sa musique.

Brahem n'hésite pas par exemple d'emprunter dune chanson exprimant un certain désir de renouer avec cette forme élaborée et savante du chant arabe, tel que le "Qassid", sur les traces notamment de Khémais Tarnane, et d'autres musiciens qui ont un impact auprès du public tunisien.


Voir aussi


Liens internet

 


Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musiques tunisiennes

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F
chronologiquement faux<br /> choubeyla rached est la fille de saliha <br /> donc elle vient bien apres <br /> a part c tous simplement geant ce travail sur la musique tunisienne <br /> bonne chance
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L
<br /> Merci Franck, j'avais pas le soucis chronologique en rédigeant cet article au départ !  Je vais remédier à cela...<br /> <br /> <br />