La Voie de l'Amour, par Djalâl-od-Dîn Rûmî
Publié le 23 Septembre 2011
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- L’amour est ce qui donne la joie aux créatures
- L’amour est ce qui cause la joie infinie.
- Ce n’est pas la mère qui nous donna la vie,
- c’est l’amour.
- A cette mère, cent louanges et miséricordes !
- * *
- La voie de l’amour est un mystère,
- il n’y est point de querelle
- Il n’y a là d’autres qualités que le sens profond.
- Il n’est point permis à l’amoureux de discuter
- C’est de non-existence qu’il s’agit,
- et non pas d’existence.
- * *
- Je possède un amour plus pur que l’eau limpide.
- Un tel amour est licite pour moi.
- L’amour des autres toujours est changeant,
- Mon amour et mon Bien-Aimé à moi sont éternels.
- * *
- C’est l’amour qui détient la pierre philosophale
- de la lumière
- C’est un nuage porteur de cent mille éclairs.
- Dans le secret de mon être, se trouve
- la mer de sa gloire :
- Toutes les créatures sont noyées dans cette mer.
- * *
- Le cœur de l’homme est une chandelle
- prête à se consumer
- La déchirure due à la séparation
- d’avec le Bien-Aimé est prête à coudre.
- Ô toi qui ignores la patience et la brûlure
- L’amour est une chose qui doit venir,
- on ne peut l’apprendre.
- L’amour est venu et il est comme le sang
- dans mes veines et ma peau
- Il m’a anéanti et m’a rempli du Bien-Aimé.
- Le Bien-Aimé a pénétré dans toutes les parcelles
- de mon corps
- De moi ne reste plus qu’un nom, tout le reste est lui.
- * *
- Un amour est venu, qui a éclipsé tous les amours.
- Je me suis consumé, et mes cendres sont devenues vie.
- De nouveau, mes cendres par désir de ta brûlure
- Sont revenues et ont revêtu mille nouveaux visages.
- * *
- Bien que dans l’amour il faille avancer pas à pas,
- Seul est un pas véritable celui qui vient de l’éternité.
- Dans la demeure de la non-existence,
- on peut avoir beaucoup d’existences.
- Ouvre les yeux : partout est la non-existence.
- * *
- Ô toi dont l’amour est l’essence
- du monde de l’émerveillement
- Ce qu’apporte ton amour, c’est le bouleversement
- Combien de temps m’interrogeras-tu
- sur l’état de mon cœur brûlé
- Alors que, tu le sais bien,
- tu le connais mieux que moi-même.
- * *
- Au moment où mon essence se transformera
- en océan universel
- La beauté des atomes sera pour moi lumineuse.
- C’est pourquoi je brûle comme la chandelle,
- Tous les instants pour moi deviennent un seul instant.
- * *
- Je suis amoureux de l’amour
- et l’amour est amoureux de moi.
- Le corps est amoureux de l’âme,
- et l’âme amoureuse du corps.
- Parfois je tends les deux mains vers son cou,
- Parfois il tire, comme les belles, le pan de ma robe.
- * *
- Si tu es amoureux, reste près de l’amoureux,
- Jour et nuit, reste dans le cercle des amoureux.
- Alors, quand tu auras trouvé ce cercle,
- Laisse le monde, et demeure
- auprès du Créateur du monde.
a:fin que, dans la voie de l’amour,
Djalâl-od-Dîn Rûmî, Rubâi’yat, Albin Michel, 1987.