Cafés d'Oran : Khaled invite Maurice El Medioni, Cheb Sahraoui, Cheba Zahouania, Boutaiba Sghir

Publié le 15 Septembre 2010

Cafés d’Oran s'inscrit dans le cadre du Festival Ile de France - à cette occasion, le chanteur Khaled invite Maurice El Medioni, Cheb Sahraoui, Cheba Zahouania, Boutaiba Sghir les vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 septembre 2010 à 20h30,  au Cirque d'Hiver. Bien qu'en perte de vitesse ces dernières années, le raï fait aujourd'hui partie de la tradition algérienne et de son histoire. Et, de tous les Cheb qui ont contribué à son essor international, celui qui est sans doute le plus connu en France est évidemment Khaled.

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Il est des villes dont la seule évocation du nom suffit à faire naître des mélodies entêtantes. Imaginer Oran, c’est entendre les premières notes d’une musique qui s’échappent de ses murs. De ses cafés et de ses célèbres cabarets, ultimes espaces de liberté et de fête, est né le raï dont le son devait bientôt franchir les rives de la Méditerranée. D’une cité qui accueillit au sein de ses remparts toutes les professions de foi, le raï a hérité la tolérance, puisant ses racines dans les répertoires arabo-andalous, la rumba, le flamenco, la chanson égyptienne et française, jusqu’au jazz et au fox-trot. Entre tradition et déracinement, il s’est nourri de multiples apports, tout en restant fidèle à sa ville natale. Cette histoire, Khaled la connaît bien. Il a puisé dans la rue et dans les nuits oranaises le souffle nouveau du raï pour en devenir l’un de ses plus grands ambassadeurs. A la clameur des youyous, il accueille sur la piste du Cirque d’Hiver d’illustres convives. Au piano, l’enthousiasme et la joie de vivre de Maurice El Medioni nous entraînent vers les cafés de Derb el Houde, le quartier juif d’Oran. Ayant fréquenté les cercles de Medahattes dans son adolescence, Cheba Zahouania nous rappelle de sa voix sombre le rôle de ces ensembles traditionnels féminins dans la genèse du raï. Elle en a gardé sans doute cette pointe de malice et un attachement farouche à la liberté. Au fil du temps, l’ancienne musique bédouine s’est mâtinée d’instrumentations modernes, Boutaiba Sghir y introduit des accents pop tandis que Cheb Sahraoui y apporte un son plus électrique. Compagnon de route de Khaled lors du mythique « concert de Bobigny » qui révéla le raï au public européen, il fut le premier à l’exporter outre-atlantique. Une histoire qui aujourd’hui encore se poursuit sur la corniche oranaise à l’aune des nouvelles générations et de leur extraordinaire dynamisme.

Programme

Les cabarets et cafés oranais ont longtemps caché l’hédonisme exacerbé de la culture algérienne à l’œil de la morale. Pas un scandale sans ces lieux où les femmes de « mauvaise vie » chantent, dansent et plus si affinité. Depuis les années 40 jusqu’à nos jours, trimballant des légendes toujours vivaces, les ambiances de ses palais de la nuit ont su faire exploser les préjugés, consacrant des divas fantasmagoriques, et servant de creuset au raï moderne, cette musique rurale d’origine bédouine qui exprime les opinions (ray) et les envies d’une société en pleine transformation.

Khaled

Khaled est peut-être la figure du raï la plus connue au monde, le chanteur qui, à l’instar d’un Cheb Mami, a su effacer les frontières. Au-delà de ses succès français « Didi » ou « Aïcha » qui l’ont fait connaître au grand public, le Cheb a su se démarquer dès son plus jeune âge. Khaled Hadj Brahim est né au début des années 60 à Sidi El Houari, un quartier d’Oran.

Le jeune homme ne se pose pas trop de questions sur son avenir, à quatorze ans, il se retrouve à chanter dans les mariages et les cabarets avec son groupe appelé les « Cinq Etoiles » (Noudjoum El Khams). Même si ce début de carrière se fait en cachette de ses parents, il ne va pas falloir très longtemps à Khaled pour devenir une star du raï. Avec ceux de sa génération, il apporte électricité et modernité à sa musique, guitares, synthétiseurs, boîtes à rythmes... Assurant chaque jour un peu plus son statut. Les années 90 lui offrent une seconde carrière, son tube « Didi » entre dans les tops français, et lui part à la conquête de l’Europe. César de la meilleure musique de film pour « Un, deux, trois, soleil » de Bertrand Blier, «Aïcha » (chanson co-écrite avec Jean-Jacques Goldman) explose sur les ondes radiophoniques, il triomphe avec Rachid Taha et Faudel, plus rien ne manque à Khaled. Insatiable, le chanteur revient courant des années 2000 avec deux albums : « Ya-Rayi » et « Liberté », dans lesquels il renoue avec ses racines oranaises pour le plus grand bonheur des fans de la première heure.

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Maurice El Medioni 

“Après le départ des Américains, j’allais régulièrement au café Salva pour jouer à la belote. Mais mes camarades venaient me trouver en me disant : 'Allez Maurice, laisse tes cartes et vient plutôt nous jouer un boogie-woogie ou une rumba !' Et je le faisais.”

“Un jour, trois jeunes Maghrébins qui m’avaient vu jouer sont venus me demander de les accompagner sur du raï. J’ai proposé aux trois chanteurs, qui étaient aussi percussionnistes, que nous montions un groupe. Ils m’ont enseigné le raï et je leur ai appris à jouer la rumba, en utilisant la derbouka comme un bongo latino-américain, en ajoutant des claves et des maracas. C’est ainsi que j’ai mélangé au raï des rythmes latinos et du boogie-woogie, créant un nouveau style.”

Pianiste émérite, spécialiste des musiques judéo-arabes, amateur de jazz, de boogie woogie et de musique latine, Maurice El Medioni est considéré comme l’inventeur du pianoriental, style musical fusionant toutes ces inspirations. Juif né à Oran, neveu du célèbre violoniste et chanteur Messaoud Médioni dit Saoud l’Oranais, Maurice El Medioni avait un destin. Ecumeur de cafés et de cabarets, derrière son piano, il a été l’un des sculpteurs des nouvelles sonorités envahissant Oran dans les années 50 et l’accompagneur des plus grands noms, de Lili Boniche à Lili Labassi en passant par Line Monty, Blond Blond ou Reinette l’Oranaise. Poussé, dans les années 60, à fuir son pays à cause de menaces du FLN, il s’installe en Israël avant de débarquer en France et de définitivement poser ses valises à Marseille. Maurice El Medioni n’a jamais cessé de travailler, il a publié son dernier album en 2006 aux côtés du percussionniste cubain vivant à New York Roberto Rodriguez.

 

Cheba Zahouania

Halima Mazzi alias Cheba Zahouania الشابة الزهواني (La Joyeuse) née en 1959 à Oran est une chanteuse de musique pop-raï algérienne. Avec sa voix gutturale et voluptueuse et lascive, elle compte parmi les plus grandes figures de ce genre musical. Elle demeure la plus grande voix féminines actuelle du  raï. Oranaise de souche, née d’un père marocain et d’une mère algérienne, elle accompagne déjà les medahates, orchestres féminins de raï traditionnel, à 13 ans. Nommée par son mari, Zahouania, qui veut dire boute-en-train, à cause de sa propention aux espiègleries, la diva algérienne à la voix gutturale se fait connaître au début des années 80 sans jamais montrer son visage. Elle livre son premier tube au raï électrique avec «Khâli ya Khâli » en duo avec Cheb Hamid, et enchaîne les succès avec Cheb Mami et Cheb Khaled. En 1987, elle fait scandale avec Cheb Hasni en enregistrant « El Baraka ». Elle partira s’installer à Paris après l’assassinat de ce dernier.

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Cheb Sahraoui

Même s’il est aujourd’hui séparé, le couple Cheb Sahraoui et Cheba Fadela a marqué l’histoire du raï après leur rencontre grâce à une chanson, le tube N’Sel Fik (« Tu m’appartiens ») en 1983. Né à Oran en 1961, Sahraoui suit les enseignements du conservatoire d’Oran et se lance dans ce que l’on a appelé l’asri oranais, une musique moderne et urbaine. Après cette rencontre, le duo enchaîne les albums, participe au festival de raï de Bobigny en 1986 et signe avec la maison de disque Island en 1989, avant de partir en tournée en Europe et aux Etats-Unis. En 2001, Cheb Sahraoui publie l’album « Un homme libre », rencontre entre le raï et la musique urbaine.

 

Boutaïba Sghir

Né en 1945, Boutaïba Sghir fait partie d’une bande de rénovateurs. Avec Messaoud Bellemou et Belkacem Bouteldja, il est à la tête du mouvement raï pop. Auteur à succès et influent, après l’assassinat de Cheb Hasni, comme de nombreux compatriotes, il viendra s’installer en France. Régulièrement invité par Cheb Khaled lors de ses spectacles, il l’est une nouvelle fois pour cet hommage aux cafés d’Oran.

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Cirque d'Hiver

Dans les années 1840-1850, Louis Dejean commande à Jacques-Ignace Hittorff la réalisation du cirque de l'Impératrice, ou cirque d'Eté, situé sur les Champs-Elysées. Du fait de son éloignement du centre de Paris, le cirque de l'Impératrice ne peut servir qu'en été. Pour assurer un travail continu et sédentaire de sa troupe, Dejean fait construire par le même architecte le cirque d’Hiver, à proximité immédiate du boulevard, où les théâtres attiraient déjà le public. La construction est menée en un temps record entre le 25 avril et le 16 décembre 1852. Achevé une semaine après le coup d'Etat du 2 décembre, l'établissement reçoit le nom de cirque Napoléon. Des représentations y sont données tous les soirs du 1er novembre au 30 avril, période de fermeture du cirque de l’Impératrice des Champs Elysées. Les concerts populaires, fondés par Pasdeloup en 1861, ont lieu le dimanche. Ils sont ensuite éclipsés par les formations de Colonne et Lamoureux. L'ouvrage est admiré pour le développement donné à l'espace intérieur, couvert d'une charpente en bois d'une grande portée, sans support intermédiaire. Pour la décoration, Hittorff s’inspire largement de l’architecture grecque et de la polychromie qui l’habille, bien conservée et récemment restaurée. Deux statues de fonte occupent l’entrée au dessus de la porte principale : une amazone de James Pradier, un guerrier de Francisque Duret et Astyanax-Scévola Bosio, qui rappellent les chevaux de Marly et annoncent la vocation équestre de ce cirque. Le bas-relief en frise qui ceinture la façade extérieure de l'édifice est un rappel de la frise des Panathénées. Elle est due à une équipe de sculpteurs, dont Duret et Bosio. La Victoire de Bosio qui couronnait le lanternon central a disparu. L'intérieur est orné d'une suite de tableaux de Nicolas-Louis Gosse et Félix-Joseph Barrias représentant l'histoire de l'équitation. Le plafond est peint à l'imitation du velum des cirques antiques.

Source : Le Guide du patrimoine, Paris, dir. Jean-Marie PÉROUSE DE MONCLOS, Hachette, 1994. Paris, Hachette-Guides bleus, 1992.

N'attendez pas pour réserver vos places. Les billets sont en vente à partir de 20 euros (tarifs réduits de 14,30 à 23,10 euros), frais de loction compris.

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #événements passés

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G
<br /> JE PASSE TE FAIRE UN PETIT COUCOU !<br /> <br /> <br />
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