"Pégase" de Mohamed Mouftakir au Festival du Cinéma méditerranéen 2010

Publié le 13 Novembre 2010

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Le très esthétique film Pégase du réalisateur marocain Mohamed Mouftakir est largement pressenti par la critique cinématographique belge pour remporter le grand prix du festival du cinéma méditerranéen de Bruxelles qui se déroule du 5 au 13 novembre 2010 pour son premier long-métrage. Le cinéma marocain est représenté par d'autres films comme : « Rencontre d’un ancien détenu de Tazmamart » de Mohamed Ouachen et « Les oubliés de l’histoire » de Hassan Benjelloun.

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Né à Hay Mohammadi, il est baigné dans un milieu artistique en étant le fils du violoniste Houcine Mouftakir, surnommé, « Budra ».

Il fait ses études à l’université d’Aïn-Chock à Casablanca en littérature anglaise.

En 1988, il décide d’entamer une véritable carrière cinématographique en suivant des cours de réalisation et d’écriture du scénario par correspondance, en France et ce jusqu’en 1990.

Il travaille pendant 5 ans entant qu’assistant de réalisateurs aussi bien nationaux qu’internationaux. Il poursuit ensuite plusieurs stages, d’abord à la SENIS en France, puis en Allemagne où il a vécu 7 ans et ensuite en Tunisie. Ses films seront primés plusieurs fois lors de festivals nationaux. Le canevas des courts métrages de Mohamed Mouftakir se sont tissés  autour d’une éternelle quête de soi. Contrairement à J.P.Sartre, l’autre n’est jamais l’enfer, mais c’est plutôt soi-même. Ses personnages ont souvent un conflit avec eux-mêmes. Ses courts deviennent une véritable plongée au fond de l’océan de leur propre moi.

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Cet opus a  remporté le grand prix du festival national du film de Tanger en janvier 2010. Fidèle à son style qui est un mélange de psychodrame et de fantastique, le réalisateur risque de séduire une fois de plus avec sa dernière création à Bruxelles. Ce film a ainsi fait carton plein en remportant à lui seul près de la moitié des distinctions à cette occasion. “Un hommage aux enfants et aux enfances perdues à travers le monde”. Pour sa réalisation, Pégase a bénéficié de l’avance sur recette du Centre cinématographique marocain (3 200 000 DH).

“C’est l’histoire d’une psychiatre qui traite le cas d’une jeune fille qui croit être enceinte d’un démon. Mais cette histoire est en fait un prétexte pour expérimenter une mise en scène expressive. Plus simplement, dans ce film, l’acte de filmer est plus important que le sujet filmé” (Tel Quel). Autrement dit pour les néophytes : que ce soit pour la lumière, les plans, les mouvements de caméra ou le rythme, le réalisateur a mis le paquet !

Argument

Pégase c'est l'intrigue qui devient énigme pour le plaisir d'un pur cinéma où l'image mouvement et image temps cohèrent dans l'ondulation des étapes paradigmatique du programme narratif du film à la recherche de la génese esthétique d'un beau texte comme on en rêve d'écrire pour le cinéma marocain.

Ce long-métrage, dans lequel on retrouve les actrices Majdouline Idrissi et Saâdia Ladib, met en valeur le personnage de Zineb, une jeune femme qui travaille dans un hôpital psychiatrique. Son supérieur lui confie une jeune patiente terrorisée qui croit être enceinte. Mohamed Mouftakir poursuit, dans cet opus un questionnement à entrées multiples sur un imaginaire structuré autour de rapports à des symboles et à un sacré omniprésent.

Avec ses personnages dédoublés, une utilisation judicieuse de l'espace et du temps, le réalisateur suscite, ici, des débats sur de nombreux sujets touchant à l'imaginaire. L'idée de départ, se désintègre et la construction du film se fait alors avec des débris.

Mohamed Mouftakir ne s'interdit pas de rêver. Il a joué avec des symboles forts dans le monde arabo-musulman, le cheval, les planches coraniques, les vêtements, la virilité.

Le corps est lieu d'exercice de ce travail sur l'imaginaire. Au-delà d'une exploitation érotique et mythologique du cheval. Pégase, est déroutant dans une quête de la vérité. C'est secouant si l'on y ajoute une chronologie très mouvementée, structurée autour d'éléments très puissants. D'une certaine manière, il remet en cause la dramaturgie linéaire. 

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Ce film propose des contrastes puissants (ombre/lumière, masculin/féminin, intérieur/extérieur, sacré/profane) sur lesquels des acteurs bien dirigés réussissent une belle interprétation.

Dans les thématiques abordées, on retrouve celle du dédoublement : 'Qui suis-je ? - Qui est l'autre ?' Logique, pourrait-on dire, tant le monde actuel est secoué par des crises d'identités. Preuve supplémentaire de cette tendance, le personnage central du film refuse de voir le refoulé.

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Cinéma

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