bolero cubain

Publié le 24 Décembre 2021

A Cuba, le boléro fut peut-être la première grande synthèse musicale et vocale cubaine à obtenir une reconnaissance universelle. Il est la musique de l'émotion et de l'amour. Tout le romantisme de l'âme latine se résume dans le boléro.

Le boléro cubain constitue un genre musical dansant au ralenti, qui prend essor à Cuba à la fin du XIXe siècle en tant qu'héritier du boléro espagnol, mais avec ses propres caractéristiques musicales. En termes de rythme, il s'apparente au danzón et à la habanera, bien que leur danse soit plus proche du son cubain1. Il apparaît à la fin du xixe siècle, à Santiago de Cuba, dans la Province d'Oriente . Il est marqué par la clave, et n'a aucun lien avec la danse espagnole du boléro2. Cette musique de danse s'est répandue dans d'autres pays, laissant derrière elle ce qu'Ed Morales a appelé la « tradition lyrique la plus populaire d'Amérique latine »3. En 2021, ce genre est déclaré patrimoine culturel de la nation cubaine4.

En 1793, l'existence des premiers chanteurs est déjà signalée qui, comme Javier Cunha et Nicolás Capouya (ce dernier n'a laissé aucune composition écrite), composèrent des chansons avec certaines similitudes avec le boléro, à la fois musicales et thématiques4.

Dans les années 1840, le Boléro joué à Cuba subit une transformation rythmique. Au lieu de garder la signature rythmique du Bolero espagnol (en 3/4), il adopte une signature en 2/4. En 1860, on peut noter la disparition des dernières influences espagnoles. À partir des années 1870, la plupart des morceaux incluent le rythme du cinquillo dans la mélodie5, souvent combiné au tresillo. Rythmiquement, il sera alors proche de la Habanera et du Danzón. Certains mélodies de Boléro sont même intégrées dans des Danzones6. Avec Tristeza, composé en 1883 par José Sanchez, il est adopté ensuite par les Mexicains, puis par toute l'Amérique latine4. Influencé par la musique de variété américaine, le boléro cubain se transforme progressivement avec des pas proches du son ou du danzón.

L'un des talents cubains les plus légitimes, Matamoros, a révolutionné la musique de son temps, devenant l'un des boléros cubains les plus acclamés par le public. En 1925, il fonde le populaire Trío Matamoros. Ce groupe légendaire combinait dans son répertoire les meilleurs rythmes de l'est de Cuba : le son et le boléro. Rapidement, Cuba et le monde se sont fait l'écho de son aptitude incontestable et il a ensuite marqué une étape importante dans l'histoire universelle de la musique7

Au début, le boléro a développé son langage à partir des « trios » de guitare. Dans les années 1930, apparaissent les orchestres tropicaux, puis les orchestres de type big band et enfin, les orchestrations de type symphonique qui vont raffiner l'accompagnement musical du boléro pendant une trentaine d'années (1935-1965). Cuba et le Mexique sont devenus la Mecque des musiciens et chanteurs de boléro.

Le boléro mexicain est dominé par un lyrisme littéraire et une grande richesse mélodique, avec des interprètes et des chanteurs qui présentent une grande amplitude de registres et une grande variabilité de voix. Son développement et sa proximité avec d'autres genres musicaux au Mexique ont conduit à l'émergence d'une large division de boléros mexicains : lariano (de cabaret), ranchero, trios, yucatèque, avec un groupe ou tambora, etc. le plus célèbre est sans doute Bésame mucho, composé par Consuelo Velásquez en 1941.

Quelques boléros connus :

Parmi les interprètes renommés, il y eut María Dolores Pradera, Luis Miguel, Olga Guillot (surnommée « la reine du boléro »), Nana Mouskouri, Nat King Cole, le trio Los Panchos, Néstor Mesta Cháyres (surnommé « Le gitan du Mexique »9), Juan Arvizu (surnommé « Le ténor à la voix de soie »)10, Tito Rodríguez, Daniel Santos, Julio Jaramillo et Gloria Estefan.

La danse de salon appelée rumba, née aux États-Unis, se danse en fait (contrairement à son nom, la rumba) sur des boléros.

L’Institut Cubain de la Musique, le Conseil national des Maisons de la Culture et le ministère cubain de la Culture mènent en ce moment plusieurs actions promotionnelles pour mettre en valeur le boléro. Cuba et le Mexique préparent le dossier de candidature dans le but qu’il soit inclus dans le répertoire du Patrimoine cuturel immatériel de l’UNESCO11.

Notes et références

  1.  (es) « Bolero - EcuRed » [archive], sur www.ecured.cu (consulté le)
  2.  Carpentier, Alejo 2001 [1945]. Music in Cuba. Minneapolis, MN.
  3.  (en) « About » [archive], sur ED MORALES,  (consulté le )
  4.  Revenir plus haut en :a b et c (es) « Bolero - EcuRed » [archive], sur www.ecured.cu (consulté le)
  5.  (es) « Nosotros y el bolero - EcuRed » [archive], sur www.ecured.cu(consulté le )
  6.  « Le Bolero » [archive], sur Musiques et danses cubaines par JulienSalsa,  (consulté le )
  7.  (es) by, « 10 boleristas cubanos famosos y sus boleros | Vive el feeling de Cuba » [archive], sur Cubago,  (consulté le )
  8.  Last Night in Orient- LNO ©, « Bésame mucho, quand Les Beatles chantaient cette chanson de Consuelito Velázquez pour en faire du rock » [archive], sur Last Night in Orient (consulté le )
  9.  (en) Biographies - Egly Hill Marin First - Nestor Mesta Chayres - MéjicoBiographie de Nestor Mesta Chayres par Egly Colina Marín [archive] sur oneglycolinamarinprimera.blogspot.com.
  10.  (en)Agustin Lara - A Cultural Biography Wood, Andrew Grant. Oxford University Press. New York. 2014 p. 34 [archive] (ISBN 978-0-19-989245-7)Juan Arvizu - biographie sur books.google.com
  11.  anonyme, « Le boléro est inscrit sur la liste du Patrimoine culturel cubain » [archive], sur Analyse communiste internationale (consulté le)

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