Darbouka
Publié le 20 Janvier 2008
La darbuka, derbuka, derbouka, darbuqqa, darabuka ou doumbek, doumbeg, tumbek, tumbeleki ou qypi est un instrument de percussion faisant partie des membranophones. Selon ses variantes, c'est un tambour en gobelet répandu dans toute l'Afrique du Nord, et en calice dans le Moyen-Orient et les Balkans.
Elle daterait de 1100 avant J-C et elle est l'un des principaux instruments de percussion du monde arabo-musulman. Elle est liée au zarb persan (appelé aussi tombak) dont des versions en céramique existent encore. Elle n'a par contre aucun lien avec le djembé africain.
De facture simple, ce petit tambour à membrane unique se compose d'un corps en poterie ou en bois, voire en métal, en forme de gobelet ou de coupe, à base ouverte. Ce corps, qui constitue la caisse de résonance de l'instrument, forme parfois un pavillon plus ou moins prononcé du côté ouvert. Sur l'ouverture opposée à la base est tendue une peau d'animal (poisson, reptile, mammifère...) qui est frappée à deux mains. La darbouka revêt une importance particulière dans les pays arabes ainsi que sur le pourtour méditerranéen.
Le mot « darbouka » vient sans doute de daraba, qui signifie « frapper » en arabe. Mais de nombreux éléments iconographiques témoignent de l'existence d'ancêtres de cet instrument dans l'Égypte antique, dès le Moyen Empire (IIe millénaire), ainsi qu'à Babylone – avec des « tambours à boire », aux alentours de 1100 avant J.-C. – et même dans les cultures sumériennes. Les civilisations anatolienne, mésopotamienne et d'Asie centrale ont utilisé des instruments de la même famille.
Elle est fabriquée en terre cuite, en métal (aluminium) ou plus rarement en bois et est recouverte d'une peau animale (généralement mouton, chèvre ou poisson) ou de plastique. Les peaux en animal nécessitent d'êtres chauffées afin d'obtenir une tension correcte avant utilisation. La peau se chauffe généralement en frottant la paume de la main sur celle-ci et, si possible, en la plaçant devant une source de chaleur intense (flammes, braises). Dans les pays africains, certaines personnes utilisent le sable pour tendre la peau des darboukas et des bendirs. Alors que les corps en céramique sont souvent considérés comme produisant le meilleur son, les corps métalliques et en peaux synthétiques sont généralement préférés par les professionnels, du fait de leur solidité (donc longévité), et la relative indépendance de leur son vis-à-vis des conditions climatiques (humidité). De plus, les darboukas en matériaux modernes produisent un son plus puissant et plus clair, ce qui les rend plus attrayantes dans les musiques modernes.
En pratique, les drabkis (joueurs de darbouka) utilisent des instruments différents, tantôt un instrument plus traditionnel, tantôt plus moderne, en fonction du contexte musical et du timbre désiré.

Technique musicale
La darbouka est jouée avec un toucher plus léger et avec davantage de frappes différentes que le djembé par exemple.
L'instrument se place en position horizontale à cheval sur la jambe gauche pour les droitiers (ou droite pour les gauchers), le bras gauche doit être placé de façon à ce que le coude bloque l'arrière du corps de la derbouka contre la jambe, et que la paume de la main gauche (droite pour les gauchers) épouse le bord de la tête de l'instrument, laissant les doigts libres pour frapper la peau. L'axe de la main droite (ou gauche) doit être à peu près perpendiculaire à celui du bras qui repose sur l'instrument. Les deux bras et poignets doivent être souples pour arriver à une meilleure dextérité.
Concernant les frappes, il en existe trois de base et de nombreuses autres dépendant du style régional et du type de son désiré. Le « doum » est le son le plus grave, obtenu en frappant le centre de la peau, le « TAK » celui obtenu en frappant le bord droit (ou gauche) de la peau à l'aide du majeur et de l'annulaire, ou bien seulement avec l'annulaire. Le « S » est la frappe généralement effectuée avec l'annulaire de la main gauche (ou droite) au bord de la peau, nécessitant une musculature souvent faible chez les débutants.
Une autre frappe, comme le claqué effectué avec la main maîtresse (gauche pour les gauchers et droite pour les droitiers), est effectuée avec l'ensemble des doigts regroupés, et légèrement pliés à la manière d'une gifle, appelé kef ou tak intérieur et donnant un son sec et court.
Le « RA » est le roulement effectué avec les doigts de la main qui repose sur l'instrument. De nombreuses autres frappes, comme le « MA » par exemple, existent aussi.
Il existe plusieurs techniques de jeu, qui se rejoignent sur certains points:
- De rares exceptions mises à part, les "temps forts" du rythme (son squelette en quelque sorte), sont toujours joués par votre main du bas (généralement la droite), l'autre main servant aux ornements. La main du bas pourra s'ajouter pour doubler les ornements mais retombera sur ses temps forts.
Il y a aussi des divergences:
- Notamment dans les techniques de roulements et ras, figures de style importantes au derbouka. Les coups sont très rapides, il y a donc un certain système à appliquer car il ne s'agit pas de se crisper et tenter de passer en force... Tout est donc basé sur une façon de doubler les notes de chaque main.
Les Arabes ont tendances à utiliser le rebond du doigt un peu à la manière du contrôle stick des batteurs, mais comme il ne s'agit pas de baguettes, on peut imaginer la souplesse extrème que ça demande, car il fautsentir le poids de ses doigts.
Toujours dans l'optique de doubler la note, les Turcs optent plus pour un balancement latéral du poignet, les frappes êtant assurées alternativement par l'index et l'annulaire ou le petit doigt. Le majeur est donc l'axe du mouvement.
En pratique, il faut s'imaginer tenant un tournevis et dévissant horizontalement. Gardez ce mouvement de poignet mais dépliez vos doigts souplement et tentez de taper sur la peau en balançant votre main de gauche à droite (index en premier). Là aussi, soyez rapides mais mous, sentez le poids de vos doigts.
Remarque: En dépit des distances qui séparent les différentes écoles, il est utile d'étudier ces deux types de roulements car ils n'ont pas exactement la même sonorité, votre jeu en sera d'autant plus "coloré".
Styles
le style égyptien et le style turc, associés à une forme typique de l'instrument. Néanmoins chaque pays a ses rythmes préférés et sa manière propre de les jouer et de les composer avec d'autres percussions ou instruments mélodiques. On pourra remarquer aussi une différence de style entre un musicien turc et égyptien, et aussi entre un musicien populaire et un autre plus académique. Certains musiciens bulgares utilisent aussi une fine baguette.
Les rythmes joués sont très différents de ceux entendus en Afrique de l'Ouest, malgré des similarités fortes. Les plus connus sont Saîdi, Masmoudi, Maksoum, Goubaï, Malfouf, Zindali, Karsilama, etc.
Autres instruments associés
D'autres percussions orientales très populaires sont souvent jouées avec cet instrument de musique: le bendir (tambour sur cadre) et le riqq ou rekk (petit tambourin).
Dub Derbouka - Imed Alibi - Une démarche musicale multiple
Eléments bibliographiques
- 1985 "La derbouka, Technique Fondamentale et Initiation aux rythmes arabes", de Philippe Vigreux, préface de Jean-Pierre Drouet. (Edition Edisud 1985 - 184 pages avec photographie. Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres.) [fr.] Prix.: environ 30,-€
- 2001 (réédition), "Méthode de Derbouka", de Behnan Goçmez (2001 Editions Mel Bay Pub - 56 pages - CD) [fr., an., al.] Prix.: environ 30,-€. Plusieurs éditions disponibles, avec ou sans CD.
- 2003 “The Art of Middle Eastern Rhythm” Hagoel, Kobi. 2003. Hardback OR-TAV Music Publications ( 1ère Edition). 136 pages illustrées (22x30cm.) + 6 CD. Langues : Anglais, Hébreux, Français, Allemand, Espagnol. (Prix : $72) ISMN 67500-002-3 /ISBN 965-505-029-7
- 2006 « La darbouka – Avec Ali Alaoui. Méthode d’Initiation. Percussion du Monde Arabe » | 2 DVD PAL 4/3 Couleur (Toutes Zones) 2006 | Editions Improductions (France), Collection « Le Salon de Musique ». Distribution France : ID Music | Livret : 112 pages (anglais, français). Durée totale : 150 mn. | EDV937/CV0057
Voir aussi
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