Sadek El Bédjaoui

Publié le 14 Avril 2008


Sadek Bouyahia, plus connu sous le nom de Sadek El Bédjaoui (né le 17 décembre 1907- décédé en 1995) à Bédjaia est un brillant musicien, chanteur et compositeur algérien. Il est un maître incontesté de la chanson andalouse. le cheikh était «doté d’une voix puissante et mélodieuse, grâce à laquelle il se hasarde à des envolées lyriques périlleuses mais toujours réussies »[1][2]concernés par la sauvegarde du Patrimoine musical et qui fera l'objet d'enregistrements[3].


Biographie et évolution musicale

Sadek Bédjaoui tire son enseignement littéraire et religieux à travers l’école coranique de Sidi El Betrouni, dont les enseignants étaient : Cheikh Larbi Makhchich, Cheikh Belabbas et Cheikh Bachir Zerrouki.

 

C'est à Alger qu'il arrive à maîtriser la nouba, d’ailleurs, on dit que c’est grâce à lui que cette dernière s’est retrouvée à Bédjaia...Cheikh Sadek Bédjaoui, dont la voix demeure l’un des facteurs communs que partagent le école de Tlemcen et Bédjaia.

 

Ses talents d’artiste furent découverts par le oudiste Marcel Lebratti (connu sous le nom Sassi Brati) et le pianiste Moïs Ammar, venus animer une soirée familiale à Bédjaia. Sadek Bédjaoui fut encouragé à les rejoindre à Alger pour renforcer son apprentissage et à augmenter son répertoire. Avant son départ pour Alger en 1932, Sadek Bédjaoui jouait déjà de la guitare et de la kouitra. Il côtoya ainsi Laho Serour et Mkhilef Bouchaâra et principalement Cheikh Mahieddine Lekhal, pour rejoindre ensuite l’association El Mossilia en 1933, et devient un ami proche de Cheikh Lekhal au point de l’accompagner à Blida chaque dimanche quand il se déplaçait afin de dispenser des cours à l’association El Widadia, qui comptait comme élèves, à l’époque, les Cheikhs : Dahmane et Larbi Benachour, Hadj Medjbeur, Hadj El Mahfoud, Mohamed Benguergoura. Med El Mahdi dit Quezzouh.

 

En 1934, lors d’un Séjours à Tlemcen, Sadek Bédjaoui rencontra Cheikh Hadj Larbi Ben Sari et sa carrière prend un nouveau tournant puisque fut pour lui l’occasion d’acquérir un répertoire Hawzi plus affirmé et d’adopter un coup d’archet au violon alto caractéristique à celui de Cheikh Hadj Larbi Ben Sari. A Tlemcen, il côtoya également Cheikh Omar Bekhchi et son élève Abdelkrim Dali.

À Oran, il fit connaissance avec Saoud l’Oranais, maître de la musique classique arabo-andalouse dans son café[4].

 

En 1936, il rentra à Bédjaia et participe intensément à la vie culturelle et musicale de cette ville et dirige Radio Bédjaia.

 

A partir de 1942, El Bédjaoui est actif au sein de plusieurs associations : « Ennadi » en 1945, « Chabab El Fenni » en 1947, « Chabiba » et « El Inchirah »...qui furent dissoutes par l’administration coloniale, à part « Chabab El Fenni », qui participa en 1938 au Festival à Fès, où il fut décoré par le Sultan du Maroc, pour lui fut l’occasion de rencontrer certains maîtres marocains tels que El Brihi et son élève Abdelkrim Raïs et Moulay Ahmed Loukili.

 

Dès 1948, il dirige l'Orchestre de la Radio Bougie et ce jusqu’en 1954.

 

En mai 1949, lors du Festival de Musique Arabo-Andalouse en Tunisie, il fut décoré par le Bey de Tunis du « Nichan El Iftikhar ».

 

Après l’indépendance, il dirigea l’Orchestre du Conservatoire de Bédjaia, qu’il a créé le 26 mars 1963, et ce jusqu’à 1986[5]. Il eut comme principaux élèves : Youcef Abdjaoui, Abdelwahab Abdjawi, El Ghazi, Djamel Allam, Mohamed Raïs, M’hamed Rédouane, Kamel Stambouli, M’hemed Schbaiyem…Il a laissé plusieurs nouba enregistrées à Radio Alger, ainsi que quelques Nqlabate, Nsrafate, et Qasâ`id dans le Hawzi et le R’hawi.


Ses compositions

Si Cheikh Sadek Bédjaoui est un brillant interprète doté d’une voix puissante et mélodieuse, il est aussi un compositeur et parolier qui a laissé en héritage plusieurs poésies à la musique andalouse; de son corpus, on peut citer :

  • Dans le Djed : Ya Smaâ Leklam, Sellou Aâla Ennabi Sid Lessiyed, Medh Sidi Essoufi, Medh Sidi M’hemed Mokrane...
  • Dans le Hezl : El Hawa Ouel Houb, Win Ahli Win, Ya Qed El Mesrar, Mehla Del Aâchiya...
  • Autres : Wahrane, Ana Dziri, Ksentina Tewsel Ya Hmem, Hada El Aâm, Ya Qelbi Esmaâ, Ya Elli T’hab Temlek, Ah Ya Khti, Tlemcen Ya El Bahia (Dialogue entre les deux cités séculaires Tlemcen et Bédjaia...)

Il compose un poème d’éloge funèbre (Rethwa ou Ritha) dédié à son ami Cheikh Omar Bekhchi qu’il a connu dans les années 30 au domicile de Cheikh Hadj Larbi Ben Sari, à Tlemcen.


Postérité

Même si la musique arabo-andalouse, épanouie d’abord dans l’Espagne musulmane, se répandit par la suite dans tout le Maghreb, elle se laissa, toutefois, influencer par les chants immémoriaux du terroir. C’est pour cette raison, justement, qu’on parle de la spécificité de la chanson andalouse incarnée par sa personne et l’école qu’il a fondée[6].

Fin décembre 2007, a été célébré à Béjaïa le centenaire de cheikh Sadek El Bedjaoui.




Notes et références de l'article
  1. Il fait partie de ces musiciens dont nous ne retrouvons, malheureusement, plus sur le marché
  2. Les cafés étaient à l'époque des lieux de prédilection où l’on pouvait, tout en prenant un verre de thé à la menthe ou un café préparé sur la braise, écouter à volonté et journellement de la musique citadine. Le café de Saoud l'Oranais en était un exemple parfait de ces lieux de culture et de raffinement d’où émanait un savoir musical de haute facture
  3. Après la mort de Cheikh Sadek le 05 janvier 1995, l’orchestre du conservatoire municipal de Bédjaia prit le nom de Ahbab Cheikh Sadek El Bédjaoui.

Lien interne

  • Musique algérienne

Liens internet


 

Source principale de l'article

Emission Andaloussiate (janvier 2004)- Chaine I; Mr. Fatah Imeloul, invité de l'émission Kouitra oua Rbeb (16.04.2005)- Radio Tlemcen; Mr. Abdeldjamil Bouyahia, fils de Sadek Bédjaoui.



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Rédigé par Mario Scolas

Publié dans #Musique arabo-andalouse

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E
effectivement cheikh sadek el bedjaoui est l'un<br /> des monuments sacré qui préserva la musique savante en général et la musique amazigh, hélas<br /> aujourd'hui plusieurs émissions (ENTV.C.ALGERIE<br /> A3) ne font plus de distinction entre ceux qui se sont sacrifiés pour ouvrir cette musique <br /> à tous les algériens et ceux qui ont en fait un commerce ou un assenceur,je suis agé de 69 ans et j'habite en région parisienne et chaque<br /> jour j'écoute pour me remémorer les envolées lyriques de ce grand maalem allah irahmou<br /> amicalement Issaak
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