Hommage à Mohamed Bouazizi
Publié le 31 Décembre 2010
Mohamed Bouazizi, mort le 4 janvier 2011 à l'âge de 26 ans, est un chômeur tunisien dont la tentative de suicide par immolation le 17 décembre 2010, qui conduit à son décès deux semaines plus tard, est à l'origine des émeutes qui concourrent au déclenchement de la révolution de jasmin évinçant le président Zine el-Abidine Ben Ali du pouvoir.
La visite de Ben Ali à Bouazizi perçue comme geste de faiblesse.
Fils d'un ouvrier agricole, Mohamed Bouazizi habite à Sidi Bouzid, ville moyenne de 40 000 habitants située dans le centre-ouest de la Tunisie. À la mort de son père, il doit arrêter ses études pour chercher un emploi et adhère au Collectif des étudiants chômeurs. C'est par défaut qu'il devient vendeur ambulant de fruits et légumes, cette activité constituant le seul revenu d'une famille de sept enfants. Ne possédant pas d'autorisation officielle, il se fait confisquer sa marchandise à plusieurs reprises par les employés municipaux. Essayant de plaider sa cause et d'obtenir une autorisation et la restitution de son stock auprès de la municipalité et du gouvernorat, il s'y fait insulter et chasser.
Le 17 décembre 2010, après qu'on lui confisque son outil de travail (une charrette et une balance), il se rend à la municipalité puis au gouvernorat pour protester, en vain. Désespéré, il s'immole par le feu devant le siège du gouvernorat.
Sa mère et sa sœur sont reçues par le président Zine el-Abidine Ben Ali, qui limoge le gouverneur de Sidi Bouzid et les agents municipaux concernés.
Son décès est annoncé le 4 janvier 2011 au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, près de Tunis, où il avait été admis. Ses dernières paroles adressées à sa mère furent :
« Je quitte, maman, pardonne-moi, les reproches sont inutiles, je suis perdu sur un chemin que je ne contrôle pas, pardonne-moi, si je t'ai désobéi, adresse tes reproches à notre époque, pas à moi... »
L'acte désespéré de Bouazizi, qui « préfère mourir plutôt que de vivre dans la misère », provoque la colère parmi les habitants de Sidi Bouzid : des dizaines manifestent devant le siège du gouvernorat. Le mouvement social s'étend spontanément à d'autres municipalités du pays, malgré la répression. À l'appel de militants syndicaux, la révolte atteint Tunis, la capitale, le 27 décembre, avec environ mille citoyens exprimant leur solidarité avec Bouazizi et les manifestants de Sidi Bouzid.
Le 28 décembre 2010, le président Ben Ali, qui s'est rendu au chevet du jeune homme, déclare à la télévision nationale : « J'ai suivi, avec inquiétude et préoccupation, les événements survenus ces derniers jours à Sidi Bouzid ».
Les manifestations insurrectionnelles vont néanmoins continuer, constituant la révolution de jasmin, qui conduit au départ de Ben Ali.
Salah Taouil chante en solidarité avec le peuple tunisien
« Mohammed a libéré le peuple tunisien et j’espère qu’il va aussi libérer le peuple arabe », souligne Salem Bouazizi, venu prier sur la tombe de son frère, au milieu d’un paysage aride de cactus et d’oliviers.
Les Bouazizi sont plongés dans la détresse, mais aussi fiers de Mohammed, qui s’est dressé pour défendre ses droits après des années d’abus subis par la famille, comme la saisie de ses terres par un puissant homme d’affaire local, ou la mort du père de famille, exténué par son travail dans le bâtiment.
La Tunisie entamait hier le premier des trois jours de deuil national. Le Premier ministre a par ailleurs annoncé que toutes les lois anti-démocratiques seraient abrogées. (source)
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