Les tambourinaires du Burundi

Publié le 30 Mai 2010

« Se perdre dans la danse verbale, au rythme du tam-tam Pour se retrouver dans le Cosmos… » - Léopold Sédar Senghor

 

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Bordée à l'Ouest par le lac Tanganyika et couverte de collines verdoyantes, la République du Burundi est le cœur battant et le trait d'union entre l'Afrique centrale et orientale, du fait de ses frontières communes avec le Rwanda, la Tanzanie et le Congo. On ne peut évoquer cette société sans mentionner les assises religieuses et mythiques sur lesquelles elle reposait. Ingoma signifie tout autant « royaume » et « tambour ». Ainsi, dans l’ancien royaume, les percussions étaient bien plus que de simples instruments de musique. Objets sacrés destinés à des rituels précis, elles n'étaient jouées que dans des circonstances exceptionnelles pour proclamer de grands événements comme une intronisation ou d’importantes funérailles. Au XVIe siècle, les sept tambours, intimement liés à la royauté, témoins et garants de sa sacralité, disposaient de leurs propres sanctuaires à la façon de véritables êtres vivants. Le plus grand et le plus rare d’entre eux (aujourd’hui disparu), Karyenda, officiait lors d’un cérémonial nocturne de fin d’année  et recevait même les hommages de tambourinaires des autres communautés qui traversaient le pays pour converger vers la cour royale. À l’occasion des cérémonies d’ensemencement Umuganuro, le souverain et la vestale du tambour Karyenda s’unissaient symboliquement pour perpétuer l’alliance intime entre le tambour et le souverain, ainsi qu’entre le tambour et la nation.

 


Les Batimbo sont ainsi les familles initiées à la tradition sacrée des tambours, qui de nos jours demeurent vénérés et populaires. Il faut imaginer l'entrée impressionnante d’une quinzaine de tambourinaires, portant les longs fûts taillés dans des troncs d'arbres umuvugangoma sur leurs têtes, frappant les peaux de bœuf de leurs courtes baguettes, puis se déployant en demi-cercle autour du tambour central. Les cadences déferlent avec une précision et une rigueur implacables, une imposante puissance. Chaque tambourinaire succède à l'autre en soliste sur l'inkiranya, rivalisant de prouesses athlétiques et acrobatiques. Des clameurs ponctuent cette sorte de symphonie du rythme, où l’on s’abandonne à l’appel de la transe joyeuse qu’adressent au monde ces fascinants messagers d’un art séculaire.

 

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Musiques du monde

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