Samir Agrebi

Publié le 14 Décembre 2011

Samir Agrebi est sans conteste l'un des compositeurs et musiciens les plus appréciés du public tunisien. Auteur intelligent de la mise à niveau du goût du public en matière musicale, ardent défenseur du mezwed dont il rejette la diabolisation pour des raisons politiques, il œuvre sans relâche pour que la chanson tunisienne, sous sa direction, devienne un laboratoire où s'élabore scientifiquement la recherche musicale.

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Il fait partie des ténors des artistes tunisiens. Son carrière rime avec succès et a suffit pour le placer au centre de l’attention des médias et le hisser au rang des stars qui font les beaux jours de la musique tunisienne.

Architecte de mégaspectacles musicaux, notamment "nouba" et "hadhra", deux des œuvres magistrales qui ont marqué la mémoire musicale tunisienne, compositeur de grand talent; chef d'orchestre d'un charisme rare, Samir Agrebi a composé pour OulayaLatifa ArfaouiAdnane ChaouachiChokri BouzayenNajet AttiaLamia RiahiZouhaïra SalemSafouaSlah Mosbah et Hedi Habbouba.

Biographie

Dés son plus jeune âge, Samir Agrebi est passionné par la musique populaire. Cet artiste a eu la chance d’avoir grandi dans une famille d’artistes dans l’âme.

Son grand-oncle n’est autre que Abdelaziz Agrebi, l’homme de théâtre bien connu qui s’est également illustré sur le plan musical en composant le célèbre muwashah «Jadakal ghaïth bima hawa, ya zaman al wasl b’el Andalous», un morceau d’anthologie différent dans sa composition de celui chanté par la Libanaise Faïrouz.

La fibre artistique s’est donc enracinée en lui, il va vite devenir un chanteur et compositeur de renommée. Se découvrant une passion pour la musique, il décide d’en faire son métier. Après une solide formation en musique acquise dès l’enfance, il intégra a le club «Nojoum el ghad». A peine âgé de vingt ans qu’il dirigeait déjà l’orchestre de la Jeunesse scolaire, une formation composée entre autres de Latifa Arfaoui, Monia Béjaoui, Fatma Ben Arfa...

Fervent admirateur du Mezoued, Samir Agrebi œuvre sans relâche pour le progrès de la chanson Tunisienne. Depuis mai 2007, il est à la tête de l’Orchestre de la Radio tunisienne et du service musical. C'est dire l’immense responsabilité qui pèse sur ses épaules et qu’il assume avec compétence et abnégation. Rappelons que le mezwed a longtemps été ignoré par les instances culturelles officielles qui valorisent les formes de musique arabe classique au détriment de la musique populaire. Durant toute sa vie, le Dr. Salah El Mehdi a régulièrement renié ce genre au point de ne lui accorder aucune origine, aucun repère. Avec le disparu Abdelhamid Bel Algia, longtemps chef d’orchestre de la Troupe de la Radio tunisienne, il a toujours interdit le passage de cette musique sur les ondes, considérant que c’est un ‘‘art populaire’’ de très mauvais goût et de piètre qualité. Surtout, il lui dénie l'étiquette de patrimoine.

Au début des années 1990, la fresque musicale et chorégraphique Ennouba mise en scène par Fadhel Jaziri et Samir Agrebi entreprend de le réhabiliter en l'incluant dans le patrimoine musical tunisien. Dans le même temps, le genre musical est de plus en plus incorporé au répertoire des plus grands chanteurs.

De par le rôle de premier plan qu’il joue au sein de la radio, il poursuit inlassablement et sans faiblir sur cette belle route sinueuse qui emprunte aujourd’hui un territoire musical élargi, puisant dans des racines multiples une nouvelle musique. Parmi ses spectacles, c’est avec Nûba que son nom a émergé en 1992. On peut citer aussi le spectacle "Monologue: Ma vie est chanson", Al Hadhra, Noujoum, Zghonda et Azzouz, Banni-Banni, Safa et La défaite au côté de Fadhel Jaziri

De 1990 à 1997, il compose pour Oulaya, Latifa Arfaoui, Adnane Chaouachi, Chokri Bouzayen, Najet Attia, Lamia Riahi, Zouhaïra Salem, Safoua et Slah Mosbah. Il va même valoriser la démarche de Hédi Habbouba pour lequel il compose trois albums, en l’honneur de la musique populaire.

Ce compositeur au talent exceptionnel s'est fait connaître petit à petit dans le monde arabe. Il devient un des ténors de la musique. Il s'est distingué et a forcé l'admiration par la qualité et la maîtrise de son interprétation. Avec sa voix de baryton qui porte loin, sa stature qui impose et cette attitude un peu blasée et désinvolte, un soupçon anticonformiste, ce bohémien un peu malgré lui affiche une douceur bienveillante, en même temps qu’une passion dévorante pour cette musique qui ne cesse de l’inspirer et dont il a fait son instrument de travail.

 

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Entretien avec Samir Agrebi, musicien «Je me porte candidat aux élections de la Constituante»

Le Temps | Publié le 22.06.2011

On attendait une nouvelle chanson du talentueux compositeur Samir Agrebi, mais il nous surprend en nous annonçons qu’il se porte candidat aux prochaines élections de la Constituante. C’est tout un programme que le célèbre auteur de «achek ya Maoulati » nous livre dans une rencontre à bâtons rompus.

Le Temps : Vous étiez fan de Ridha Kalai. Est-ce lui qui vous a donné envie de faire de la musique et essentiellement du violon?

Samir Agrebi : Mon intérêt pour la musique remonte au lycée. Mon prof de musique a détecté chez moi un certain don. Plus tard, j’ai choisi de m’installer dans la vie, alors j’ai travaillé dans le secteur des assurances que j’ai abandonné aussitôt que j’ai pu. En fait, je ne suis pas le genre costume/ cravate. Ma rencontre avec Ridha Kalai a été pour moi déterminante. Je le considère comme étant l’un des meilleurs violonistes qu’a connus, la Tunisie doublé d’un don de compositeur. J’ai beaucoup été influencé par son talent. C’est sûr que c’est lui qui, non seulement, m’a donné envie de devenir musicien, mais aussi m’a encouragé à mes débuts.

  • C’est le succès de « Daouartini fi sbaâk » chanté par Chokri Bouzaiane qui vous a propulsé sur la scène artistique. Etiez-vous conscient de ce qui vous arrive?

-J’avais présenté le projet à Abdelhamid Ben Algia alors directeur de la troupe de l’ERTT, il s’y est opposé avec véhémence jugeant la chanson très légère et ne comportant pas les gammes qu’on retrouvait habituellement dans les chansons de variété. Je n’ai pas baissé les bras. J’ai fait de tout mon mieux pour l’enregistrer avec trois fois rien dans un studio privé. Lorsqu’elle a été diffusée sur les ondes, le succès a été immédiat. C’est à partir de là que j’ai commencé à m’investir dans le domaine et que les chanteurs me sollicitaient pour de nouvelles compositions.

  • Aujourd’hui, vous occupez la place de celui avec qui vous étiez en conflit, feu Abdelhamid Ben Algia. Quel regard portez-vous sur lui?

-Vers la fin de sa vie, nous sommes devenus des amis. C’est vrai que nous étions en conflit artistique, cela va de soi. Il avait son point de vue, j’avais le mien qui était aux antipodes du sien. C’est un grand homme, il avait la main mise sur tout le secteur musical : la troupe de l’ERTT, la Rachidia dont il était le président, sans compter qu’il était chef d’orchestre. Il avait une certaine frilosité à l’égard de tout ce qui est nouveau. Mais, il a fini par être convaincu par ma musique et c’est comme ça que les dernières années de sa vie, nous sommes devenus très proches l’un de l’autre. Je le conduisais souvent chez lui. Un jour, il m’a proposé de partager son dîner, j’ai dû reporter en lui expliquant que je devais remettre la voiture à celui qui me l’a prêtée. Je me suis résolu à acheter une voiture à la première occasion. C’est ainsi qu’après une tournée de deux jours, j'ai essayé de l’appeler pour lui apprendre que j’allais acheter une voiture. Alors, j’ai appris la triste nouvelle de sa mort.

  • Un autre artiste a compté beaucoup pour vous, Fadhel Jaziri avec qui vous êtes actuellement en conflit. A quand la réconciliation?

-Mon conflit avec Jaziri est différent de celui avec Ben Algia. Jaziri a voulu m’exclure de « Hadhra » arguant qu’il en est le seul auteur. Pour cela, je ne suis pas prêt à lui pardonner parce que je considère que c'est un vol.

  • Où en est la chanson aujourd’hui après la Révolution?

-Je reçois des textes de chansons patriotiques qui louent le courage et la dévotion de l’armée nationale. J’estime que c’est normal que les auteurs et les compositeurs s’inscrivent dans cette perspective parce que notre armée a été exemplaire dans sa protection et sa défense des citoyens lors des heurts qui ont suivi la Révolution du 14 janvier.

  • Que pensez-vous de la vie politique en Tunisie et croyez-vous que le multipartisme est une bonne chose?

-C’est un indicateur de la bonne santé du pays même s’il reste beaucoup à faire. Il y a plusieurs sons de cloche et c’est tant mieux. Au bout du compte, les Tunisiens vont s’exprimer librement à travers les urnes. C’est une première. Il y aura sûrement des usurpateurs. Avec ceux là, il faut être vigilant . Pour ma part, je compte me porter candidat pour les prochaines élections de la Constituante dans ma circonscription, l’Ariana.

Propos recueillis par Inès Ben Youssef

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Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Musiques tunisiennes

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