Ahmed Hamza

Publié le 3 Novembre 2008

Ahmed Hamza  (أحمد حمزة) (né le 14 décembre 1931 à Sfax, la capitale économique du pays et du Sud tunisien) est un chanteur qui a contribué largement à la popularisation du folklore tunisien longtemps méprisé par les élites du pays qui lui préféraient le malouf issu de la musique arabo-andalouse...L'homme dirige également l'orchestre de radio Sfax puis celle de Radio-Tunis Le "malouf" étant  la forme qu'emprunte la tradition musicale arabo-andalouse à Constantine et en Tunisie qui est aussi la couleur andalouse maghrébine la plus proche des mouwashahat du moyen orient ou la musique maqam classique turque.

E03985wcch3.jpg

Ahmed Hamza, (de son nom complet Ahmed Ben Abderrahmane Hamza) s'est beaucoup inspiré du répertoire traditionnel de la région de Sfax pour créer son propre répertoire dont des titres à succès comme Jari ya Hammouda que nombreux pensent être issu du folklore de l'archipel des Kerkennah (tbal), et enrichi par le parolier Ridha Lakhouine et réadapté par lui-même. "jari ya hammouda" est en réalité une chanson de Ali El Khencheli qui l'a enregistrée avec gasba et bendir (il est lui-même percussionniste) dans les années cinquante dans une maison de disques tunisienne. Son titre original est " jari mahmoud ". Dans les 1960, le chanteur tunisien Ahmed Hamza la reprend avec avec succès, en y lui apportant des arrangements par l'introduction des instruments à cordes. Il compose aussi pour de nombreux artistes.

En même temps, la chanson empruntant des mélodies et rythmes populaires connaît, avec lui et plus tard Kacem Kefi, une ascension importante. Tous deux originaires de Sfax, ils emboîtent tous les deux le pas à Mohamed Ennouri, maître incontesté de la musique populaire du sud tunisien.

Ahmed Hamza a grandit dans une famille de huit enfants dont le père est un chanteur connu de malouf et qui tenait un Kafichanta (café chantant)  ce qui lui a permit de s'initier très tôt à l'oud et le piano et de s'engager précocement dans une carrière artistique et de quitter l'école franco tunisienne à l'âge de douze ans, à l'âge de seize ans il fait sa première tournée au sein de la troupe Ahbab El Fen (Les amis de l'art) sous la direction de Mohamed Aloulou et ce en Algérie, pays à laquelle il reviendra pour faire partie pendant trois ans de la troupe de Abdelhamid Abebsa grand nom de la chanson Chaoui en Algérie. Depuis, il a multiplié les expériences jusqu'au début des années 60, s'inspirant du répertoire traditionnel de la région de Sfax il a commencé à créer son propre répertoire dont des titres de grands succès telque: jari ya Hammouda, hiya hiya, Sayyada et de composer pour d'autres chanteurs tels que Naâma, Oulaya, Kacem Kefi, etc.

Sa grande carrière a commencé à Tabarka à la fête du corail en 1958 avec Ya Tbarka ya ardh el khir, et depuis, il égrène les succès grâce à sa collaboration avec Mohamed Ennouri, auteur-compositeur, et du poète Ahmed Salem Belghith

      ziadhamzabf6-copie-1.jpg

Il joue régulièrement Hya, moulet el khilla el khamria, Chahloula et surtout Jari ya hammouda, dont les jeunes raffolent encore de nos jours, sans peut-être savoir que c'est la première chanson tunisienne à avoir voyagé partout dans le monde, notamment en dans le monde arabe.

A l'âge de 16 ans, l'artiste effectue sa première tournée musicale, en tant que membre de la troupe "Ahbab El Fen" (Les amis de l'art), dirigée par le professeur Mohamed Aloulou, en Algérie.

Il intègre ensuite la troupe d'Abdelhamid Ababsa (grand nom de la chanson chaouie et père de la future Fella. Il s'installe pour trois ans à Alger. Pendant des années, Hamza, très apprécié en Algérie, fait la navette entre son pays de naissance et son pays de cœur.

A partir de 1955, il compose la musique d'un film  britannique intitulé "The blacks tents"  et, un an plus tard en 1956, il anime les folles soirées orientales d'un club anglais "Condor".  Ensuite, il se rend à Paris avant de retourner à Tunis où il est engagé par la radio comme choriste dans un groupe créé par Abdelhamid Benalgia.

En 1958, il séjourne au Caire et se met à la chanson loukoum, un style qui ne lui convient pas trop.

Les années 1960, il s'inspire de la tradition musicale populaire de sa région en forgeant son propre répertoire. Dès lors, il enchaîne les succès et exprime son talent avec des morceaux comme "Hiya Hiya" (c'est elle, c'est elle) ou "Nesbar Nesbar" (Je patiente, je patiente). 

Hamza fait du cinéma en 1966 dans "Al fajr" (L'aube), un long métrage sur les événements insurrectionnels qui ont amené l'indépendance de la Tunisie sous le joug des colons français réalisé par le cinéaste  Omar Khlifi.

À la fin des années 1960, il reçoit la mission de diriger le service de musique de  Radio Sfax ; il organise des missions de musique traditionnelle, soufie et contemporaine avec la participation de Cheikh Mohamed Boudaya, Kacem Kefi, Safoua, ...

Jusqu'en 1974, il représente son pays dans divers festivals et compose pour les autres (Naïma, Oulaya, Kacem Kefi, qui étaient les valeurs montantes du chant tunisien de l'époque). 


Liens internet

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Musiques tunisiennes

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
<br /> Manifestation culturelle et musicale d’envergure, la Rencontre du jeune instrumentiste aura lieu aujourd’hui et demain à Sfax. Rencontre annuelle, cette édition revêt un caractère exceptionnel,<br /> puisque les organisateurs ont tenu à préserver sa périodicité en dépit d’une conjoncture nationale et régionale un peu particulière. La 5e édition baptisée «Session Ahmed Hamza» est un hommage<br /> posthume au grand artiste disparu il ya quelques mois.<br /> <br /> Coorganisée par la délégation de la culture de Sfax, le Conservatoire de la musique de la même ville et le centre culturel Mohamed-Jamoussi, cette manifestation permettra à plus d’une vingtaine de<br /> jeunes d’exercer leur talent d’instrumentistes sur des morceaux appartenant à des formes musicales arabes puisées dans le répertoire du disparu Ahmed Hamza.<br /> Ainsi, durant deux jours, le centre culturel Mohamed-Jamoussi sera très animé. Au programme de cette manifestation, une exposition sur l’apport de l’artiste Ahmed Hamza et un spectacle de<br /> l’Institut régional de la musique.<br /> <br /> Cette édition mobilisera, certes, toutes les ressources culturelles et artistiques de la ville de Sfax pour permettre à nos poussins de s’exprimer à travers des morceaux musicaux ayant enchanté<br /> leurs parents durant des années. Le mérite de cette manifestation, outre l’encouragement des jeunes talents, réside en sa capacité à tisser les liens entre les différentes générations. L’élégant<br /> centre culturel Mohamed-Jamoussi, connu par son grand apport à la vie culturelle de la région de Sfax, est un espace approprié où pourrait s’exprimer une pépinière de très jeunes talents de six à<br /> quatorze ans. Rappelons que le chanteur tunisien Ahmed Hamza est décédé le 15 mars à Tunis à l’âge de 80 ans. Natif de Sfax, il s’est passionné de chant et de musique depuis son jeune âge en<br /> écoutant les disques des ténors de la chanson arabe dans les cafés de sa ville natale. A Tunis, il a rejoint la troupe de la Radio où il a chanté des Mouachahatts de l’Andalousie et de l’Orient. Il<br /> a excellé dans l’interprétation des chansons ayant un cachet populaire, dont la chanson «Irjaa ya ammi yahdik», composée par Mohamed Nouri.<br /> <br /> Ahmed Hamza a composé plusieurs chansons qui ont rencontré un franc succès auprès du public dont «Chahloula», «Hob el Khandouda», «Hiya hiya moulet el khella el khamriya».<br /> Il a également contribué à la réhabilitation de certaines chansons puisées dans le patrimoine dont la fameuse chanson «jari ya hamouda».<br /> <br /> S.B.K<br /> <br /> <br />
Répondre
T
<br /> Sa fine silhouette, son élégance raffinée et sa superbe voix nous manqueront. Ahmed Hamza qui s’est éteint, mardi, à Ennasr (Tunis), à 80 ans (né le 14 décembre 1930), laisse le souvenir<br /> impérissable d’une grande figure de la chanson tunisienne contemporaine et un riche patrimoine musical. Top Star au Maghreb ainsi qu’auprès de la communauté nord-africaine en Europe, il a su<br /> conquérir son public par des paroles simples et vibrantes, un rythme puisé dans le patrimoine et une invite à la fête.<br /> <br /> Né en plein cœur de la médina de Sfax, son enfance a été marquée par les confréries de chants liturgiques, conduites par les cheikhs Mohamed Boudeya et Haj M’hammed Barkia, entre Sidi Saada et<br /> autres mausolées. Impressionné par leurs chants, il les suivait dans leurs sorties hebdomadaires, traversant les rue du Bey et de la grande mosquée, jusqu’à Beb Jebli, pour partir en banlieue,<br /> étendard déployés et encens allumés. La musique égyptienne étant en vogue, les cafés rivalisaient d’ingéniosité pour faire venir les derniers disques et les faire tourner à plein tube, créant ainsi<br /> une superbe ambiance pour retenir leurs clients. C’est dans cette ambiance qu’il a contracté la passion de la musique et du chant, dans une ville en effervescence culturelle et politique du dernier<br /> quart d’heure pour l’indépendance. Fréquentant le Café Al Jemiaa, rue du Bey, il sera rapidement adopté par les musiciens qui l’encourageaient à participer à leurs soirées lors de fêtes et<br /> mariages. Et ce fut le coup d’envoi de toute une saga.<br /> <br /> A l’indépendance, Ahmed Hamza monte à Tunis et fréquente le milieu artistique, à la recherche d’une place parmi les stars montantes de l’époque : Ali Riahi, Naama, Oulaya, Youssef Temimi, et autres<br /> voix. Mais, sa véritable révélation musicale, il la fera à partir de Sfax où Abdelaziz Achiche le fera revenir. Créant la première radio régionale, le 8 décembre 1961, il lui demandera de<br /> constituer la troupe musicale et de la diriger. Dans l’ancienne bâtisse des PTT, en face du kiosque à musique, sur l’avenue Bourguiba, transformée en siège de la station naissante, Abdelaziz<br /> Achiche avait eu l’intelligence d’aménager un café maure culturel qui est rapidement, le lieu de rencontre de tous les artistes, journalistes, hommes de lettres et amateurs d’arts. Il sera<br /> d’ailleurs le noyau du comité culturel et des différents clubs de théâtre, de cinéma, de peinture, de belles lettres et de musique qui feront émerger les Nouri Bouzid, Mohamed Dammak, Moncef<br /> Dhouib, Adel Megdiche, Moncef Mezghanni et autres stars, sans parler de la troupe théâtrale dirigée par Jamil Joudi et regroupant Ayed Souissi, Touhami Nahali, Haddad Bouallègue, etc.<br /> <br /> Ahmed Hamza était sous le charme total d’une ambiance culturelle fort inspiratrice : il lui suffisait de trouver de bonnes paroles, de les mettre en musique et d’y mettre la troupe musicale,<br /> premier orchestre professionnel disponible à plein temps. Les répétitions se faisaient dans les modestes locaux de Radio Sfax et l’enregistrement au théâtre municipal, le tout à un rythme soutenu.<br /> Pour les paroles, la perle rare a été trouvée en Ahmed Salem Belguith. Tarbouche rouge sur la tête, costumes bien coupés et une grande finesse d’esprit, cet instituteur amateur de belles lettres<br /> avait le verbe facile et la rime collée à l’esprit. A l’origine, il devait présenter des émissions enfantines e d’autres pour les zones rurales, mais le voilà embarqué pour écrire des chansons.<br /> <br /> Pour l’y inciter, Abdelaziz Achiche avait trouvé la bonne méthode : un bureau éloigné du vacarme était mis à sa disposition, avec des boissons rafraîchissantes à volonté, alors qu’Ahmed Hamza se<br /> tenait pas loin des lieux, prêt à relire avec lui ses rimes, les fredonner, lui proposer quelques chansons, avant de partir de son côté les mettre en musique. Ce qui était génial, c’est que tout se<br /> faisait très vite et en 24 heures, parfois, la chanson, enregistrée, diffusée, devient un tube sur toutes les lèvres. Chaque mois, le grand concert donné au théâtre municipal deviendra un immense<br /> succès renouvelé. Le tout-Sfax s’y prépare et en savoure les nouveautés.<br /> Toute sa carrière durant, Ahmed Hamza sera nostalgique de cette époque. Il collectionnera les succès à l’Olympia et sur d’autres prestigieuses scènes de par le monde, mais il gardera toujours<br /> vivace le souvenir d’une véritable frénésie créatrice.<br /> <br /> Le reste est connu. Ahmed Hamza re-montera à Tunis, à la rencontre d’un public plus large et plus nombreux. Les tubes se succèderont, surtout avec la reprise de vieilles chansons du patrimoine,<br /> telles que «Jary Ya Hammouda». Invité partout, particulièrement en Algérie, au Maroc, et en Europe, il portera la chanson tunisienne dans les cœurs. Jusqu’au dernier soupir, Ahmed Hamza gardera ce<br /> grand raffinement, cette élégance et un talent inégalé.<br /> <br /> Une grande voix nous quitte, son œuvre nous réconfortera.<br /> <br /> <br />
Répondre
V
je suis née a sfax merci de nous offrir cette musique
Répondre