colonialisme

Publié le 9 Novembre 2015

Facilitées par les deux disciplines scientifiques émergentes que sont l’ethnologie et l’anthropologie, les « expositions ethnologiques », également appelées zoos humains, sont apparues à la fin du XIXe siècle et ont été les événements les plus importants pour propager l’impérialisme. Introduits en Europe par Carl Hagenbeck, un marchand allemand d'animaux sauvages, ils étaient un spectacle de peuples autochtones « exotiques » venus des territoires lointains d'Afrique, de l'Arctique, de l'Inde, de Ceylan et de l'Asie du Sud-Est, généralement hébergés dans le cadre construit d'un habitat indigène. village. Les expositions de Hagenbeck au Tierpark de Hambourg-Stellingen ont été choisies comme référence pour les zoos humains ultérieurs dans le cadre des expositions coloniales. Organisés pour dynamiser les échanges commerciaux, ils exposent également de nombreux documents ethnographiques accompagnés d'individus originaires des colonies. Les expositions coloniales les plus visitées et les plus remarquables furent peut-être celles organisées à Paris dans le jardin tropical du Bois de Vincennes et du Jardin d'Acclimatation. Malgré l’énorme intérêt du grand public et les millions de visiteurs visitant les expositions, il y a eu une certaine montée de la conscience sociale – ainsi, il y a eu un appel au boycott de l’Exposition Coloniale de Paris de 1931 soutenu par de célèbres artistes surréalistes et des membres du parti communiste français

Les zoos humains faisaient également partie des sections coloniales des Expositions internationales belges de la fin du 19e jusqu'au milieu du 20e siècle. L'un des événements les plus remarquables fut l'Exposition de Tervuren de 1897, qui présentait les produits et les habitants de l'État indépendant du Congo, qui fut la possession personnelle du roi Léopold II jusqu'en 1908. Un guide richement illustré dans le style de l'Art nouveau offrait une un aperçu de la grandeur de l'exposition qui s'est déroulée dans le nouveau Palais des Colonies et ses jardins, où des scènes de la vie quotidienne africaine ont attiré des milliers de visiteurs. En plus d’être une propagande majeure sur le potentiel économique de la présence belge au Congo, elle mettait également l’accent sur le travail « civilisateur » des missions belges. Les expositions coloniales ont le plus contribué à la création de l’image de l’Autre sauvage inférieur et à la légitimation du colonialisme.

1931 : Quand Paris exposait des êtres humains présentés comme des « sauvages »

Voir les commentaires

Rédigé par Last Night in Orient

Publié dans #Zoos humain, #zoo humain, #Colonialisme, #Paris, #1931, #Racisme, #Léopold II

Repost0

Publié le 22 Mars 2014

Le métissage des cultures a un aspect négatif quand il évoque :la transmission des stéréotypes fausses d'une culture à l'autre ou faire disparaître les bonnes valeurs de l'autre culture.

Un dialogue des cultures est un moyen pour développer la connaissance et accéder à une société humaine tolérante.

Le métissage culturel désigne le mélange d'influences culturelles diverses, par exemple dans le domaine musical, pictural, sculptural, vestimentaire, etc. et il est souvent associé à un métissage linguistique1,2.

Dans l'Histoire

Les peuples, gènes et cultures se mélangent depuis la préhistoire.

Selon l’anthropologue américain Alfred L. Kroeber toutes les cultures « peuvent se mélanger presque sans limite » (in Culture Patterns and Processes) mais selon N Journet (2000), en tant que théorie, la notion de métissage culturel serait un concept du xixe siècle, né d'un questionnement sur le « mélange des sangs » qui du point de vue de l'époque sur les races suscitait des débats entre ceux qui l'encourageaient (mixophiles) et d'autres qui étaient farouchement contre (mixophobes)3.

Enjeux

Le métissage culturel est souvent considéré comme une source de créativité4 et l'une des composantes de l'identité voire un processus civilisationnel, mais un processus pouvant parfois être violent et également destructeur dans le cas du métissage induit par les conquêtes militaires ou économiques ; le métissage est dans ces cas un processus de déculturation, de désapprobation et de déstructuration, bien plus que d'acculturation souligne Alain Brossat5

Classification

Le métissage culturel n'est pas nécessairement associé à un « brassage génétique » (par exemple en musique avec le Rap6, le Raï6 ou le jazz métissé ; ainsi un orchestre composés de musiciens polonais, mais intégrant des influences orientalisantes et africaines, dans un cadre musical slave, peut développer une musique métissée contribuant au métissage culturel.
On pourrait conclure que - tout comme au niveau « génétique » - toute culture est métissée, même si chaque ensemble est marqué par des dominantes culturelles. Ainsi, la langue française est constituée en grande partie de racines grecques, grecques « romanisées », latines, celtes, etc. Certains mots auraient même des racines non-indo-européennes. Le degré de métissage ou sa vitesse font aussi l'objet de débats ; certains comme Alfred L. Kroeber ou comme Gruzinski7 (qui a étudié le métissage culturel des amérindiens et colons occidentaux et ce qu'il dénomme des « pratiques d’hybridation » au Mexique pensent que les différences entre cultures peuvent toutes être surmontées, et d'autres comme Claude Lévi-Strauss estiment que « Entre deux cultures, entre deux espèces vivantes aussi voisines qu’on voudra l’imaginer, il y a toujours un écart différentiel et […] cet écart différentiel ne peut pas être comblé »8.

Certains auteurs distinguent ou opposent deux types de métissage :

  1. le métissage volontaire où chaque culture peut être respectueuse des autres et où l'entremêlement des cultures est issu de choix consciemment effectués, en fonction de goûts et d'attirances libres pour des cultures initialement « étrangères ». La plupart des ethnogenèses évoquent un métissage culturel « volontaire », mais une partie du métissage s'effectuerait inconsciemment (dès lors qu'un métissage "génétique" préexiste à la naissance de l'individu).
  2. des formes de métissage imposés par des conquérants et subis par les esclaves ou des colonisés, qui est une violence pouvant conduire à la perte de la culture dominée5.

Métissage, culture et commerce

Pour Alain Brossat avec les formes récentes de mondialisation une idéologie du métissage s'est développée « plus ou moins savante, plus ou moins commerciale »5 (dans le domaine musical par exemple), qui serait aussi, bien souvent, un « déni des liens souvent intimes qu’entretiennent métissage et spoliation, métissage et trouble d’identité, métissage et disparition sans trace »5, un nouvel « alibi culturel » s'interroge J. Audinet dans son ouvrage sur les « Paradoxes du métissage culturel »9.

Dans la littérature, la musique et le cinéma

Le métissage culturel est un sujet traité par de nombreux livres, films et bandes dessinées, de science-fiction y compris, avec des cultures extraterrestres imaginées.
Il est un mode de créativité fréquent dans le monde musical.

Notes et références

  1.  A la croisée des langues: du métissage culturel d'Est en Ouest. Arles [France]: Actes Sud;[Montréal]: Leméac, 1997.
  2.  KARA, Yasmine ABBES, and Bouzaréah ENS LSH. Métissage linguistique et culturel dans l'œuvre romanesque de l'écrivain algérien francophone MOULOUD MAMMERI [archive]. Métissage culturel, 87.
  3.  Journet, N. (2000). Le métissage: une notion piège. Sciences humaines, (11), 32-32 (114 pages) (résumé [archive]).
  4.  Depestre, R. (1984). Les aspects créateurs du métissage culturel aux Caraïbes. Notre librairie, 74, 61-65.
  5.  Revenir plus haut en :a b c et d Brossat Alain, « Métissage culturel, différend et disparition », Lignes, 2001/3 (n° 6), p. 28-52. DOI : 10.3917/lignes1.006.0028. URL : http://www.cairn.info/revue-lignes1-2001-3-page-28.htm [archive]
  6.  Revenir plus haut en :a et b Miliani, H. (1995). Banlieues entre rap et raï. Hommes & migrations, (1191), 24-30.
  7.  Serge Gruzinski, La Pensée métisse, Paris, Fayard, 1999.
  8.  Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, Paris, Plon.
  9.  Audinet, J. (2005). Paradoxes du métissage culturel. Africultures, (1), 10-16
Bibliographie
  • Audinet J (2005) Paradoxes du métissage culturel. Africultures, (1), 10-16.
  • Audinet J (1999) Le temps du métissage. Éditions de L'Atelier.
  • Aymes, J.R & Salaün S (2001) Le métissage culturel en Espagne. Presses Sorbonne Nouvelle.
  • Bénat-Tachot L & Gruzinski S (2001). Passeurs culturels: mécanismes de métissage. Maison des sciences de l'homme.
  • Bonneville M.H (1967) Du métissage culturel à une culture métisse. Réflexions autour d'une thèse. Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, 55-64.
  • Brossat A (2001) Métissage culturel, différend et disparition [archive]. Lignes, (3), 28-52.
  • Furet F & Ozouf J (1977) Trois siècles de métissage culturel [archive].Annales, 488-502.
  • Gallissot R (1992) Pluralisme culturel en Europe: identités nationales et identité européenne. De l'intellectuel métis au métissage culturel de masses. Social science information, 31(1), 117-127 (http://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/053901892031001006 [archive]résumé]).
  • Gruzinski S (1999), La Pensée métisse, Paris, Fayard.
  • Giulia Bogliolo Bruna (sous la direction de), 2006, Thule, Rivista italiana di Studi Americanistici n°16-17 Regards croisés sur l’objet ethnographique : autour des arts premiers et des métissages
  • Jouanny, R. (1986) LS Senghor et le métissage culturelNégritude/Antiquitéin Léopold Sédar Senghor. Sud, 16(63), 23-34.
  • Khatibi, A. (1990) Le Métissage culturel, Manifeste. Abdelkébir Khatibi.
  • Kim, S. M. (2008). Jeunes femmes asiatiques en France: conflit de valeurs ou métissage culturel. Éditions L'Harmattan.
  • Lequin L (1997) Paroles transgressives et métissage culturel au féminin. Journal of Canadian studies, 31(4), 47-57 DOI: https://dx.doi.org/10.3138/jcs.31.4.47 [archive] (résumé [archive]).
  • Louise R (1998) Manifeste du marronisme moderne: Philosophie de l'esthétique des artistes de la Caraïbe et d'Amérique latine: le métissage culturel, 1948-1998. Lafontaine.
  • Lüsebrink H.J (1992) Métissage culturel et société coloniale: émergence et enjeux d’un débat, de la presse coloniale aux premiers écrivains africains (1935–1947). Métissages Littérature-Histoire, 109-18.
  • Taguieff P.A (2009) Une nouvelle illusion théorique dans les sciences sociales: la globalisation comme “hybridation” ou “métissage culturel”. Observatoire du communautarisme.
  • Toumson R (1999) Mythologie du métissage (pp. 241-246). Éditions Karthala.
  • Yu-Sion L (2003) Illusion identitaire et métissage culturel chez les «Sinoi» de la Réunion [archive]. Perspectives chinoises, 78(1), 61-69.

Voir les commentaires

Repost0